Sondage Le Vif: trois quarts des Belges soutiennent l’indexation automatique des salaires
Indexation automatique des salaires, nucléaire, réforme de l’Etat, impôt sur la fortune… : voici ce que les Belges soutiennent, et comment les partis politiques peuvent en tirer profit.
La question du sondage de Kantar pour Le Vif sur la thématique qui préoccupera la plus les électeurs au moment de voter (l’immigration pour les Flamands, le pouvoir d’achat pour les francophones) aidera les partis à savoir sur quoi insister pendant la campagne. Il leur reste encore à trouver comment le faire, et comment en parler. Une autre entrée de l’enquête électorale du Vif pourra leur être utile, celle qui soumettait une série d’affirmations aux sondés.
Elles permettent de voir ce qui, globalement, peut favoriser la constitution d’un bloc majoritaire autour d’une idée, tout d’abord.
Ainsi, la plupart des Belges soutiennent l’indexation automatique des salaires (74% sont opposés à sa suppression), trouvent qu’il faudrait introduire un impôt sur la fortune pour pouvoir baisser la taxation du travail (à 70%), sont favorables à la construction de nouvelles centrales nucléaires (52% sont d’accord ou plutôt d’accord avec l’affirmation), estiment que les chômeurs devraient perdre leur allocation après deux ans d’inactivité (51%), et semblent témoigner d’une lassitude vis-à-vis du fédéralisme belge (aucune autre affirmation que l’impôt sur la fortune ne met autant les Belges d’accord que «il faudrait ramener des compétences régionales au niveau belge», qui en récolte 62%).
Ces degrés d’adhésion varient toujours entre sondés flamands et répondants francophones, parce que les uns penchent plus à gauche que les autres.
Mais l’affirmation qui expose la plus forte différence de fond entre les deux opinions publiques, Bart De Wever dirait «les deux démocraties», porte sur le statut du Vlaams Belang. En effet, 54% des Flamands sont tout à fait ou plutôt d’accord avec l’idée que «le Vlaams Belang devrait avoir une chance de monter dans un gouvernement», tandis qu’il n’y a que 24% de francophones pour défendre cette hypothèse, et que 60% de ces derniers s’y opposent.
La normalisation de l’extrême droite dans l’espace politique flamand, à laquelle s’est attelé Tom Van Grieken depuis son élection comme président en 2014, porte donc incontestablement ses fruits. Après l’électorat du Belang lui-même, qui y est favorable à près de 90%, c’est parmi les électeurs de la N-VA que l’enthousiasme est le plus répandu.
Deux tiers d’entre eux y sont plutôt ou tout à fait favorables, l’hypothèse récoltant une majorité relative parmi les soutiens de l’Open VLD (43% sont plutôt ou tout à fait d’accord de lui donner une chance) et du CD&V (44% de favorables).
Même à gauche, le chômage à vie plaît peu
Ces positions ponctuelles, qui prolongent celles affichées sur la thématique principale des électeurs, aideront à moduler un message de campagne. Côté francophone, ainsi, le Mouvement réformateur gagnera incontestablement à réaffirmer sa volonté de limiter les allocations de chômage à deux ans, pas seulement parce que tous les Belges y sont majoritairement favorables, mais surtout parce que, dans son électorat potentiel, 56% des sondés partagent ce point de vue, et que c’est davantage que dans n’importe quel potentiel net wallon et bruxellois.
A l’inverse, et même si ces marges électorales possibles se préoccupent beaucoup de pouvoir d’achat, le MR sera beaucoup plus heureux de ne pas porter trop haut ses revendications sur la compétitivité des salaires et sur une éventuelle réflexion sur l’indexation automatique des salaires. En effet, ses électeurs ne sont que 13% à souhaiter la suppression de l’indexation automatique des salaires, comme 23% de son électorat potentiel net.
De l’autre côté du clivage gauche-droite, Ecolo, PS et PTB éviteront de faire campagne sur le maintien du chômage illimité dans le temps, puisque respectivement 45, 33 et 40% de leurs électeurs actuels y sont opposés, tout comme respectivement 40, 42 et 40% de leur électorat potentiel net.
C’est la loi du campagne réussie: il vaut encore mieux savoir comment le dire que de quoi parler.
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