Trois candidats pour un poste: Charles Michel va-t-il « voler » la tête de liste européenne à Chastel et Reynders ?
Les élections 2024, c’est dans 9 mois. Et la lutte est déjà féroce au sein des partis pour distribuer les meilleures places sur les listes électorales. D’autant qu’au MR, trois candidats de poids se disputent potentiellement le même poste européen: Charles Michel, Didier Reynders et Olivier Chastel.
On ne va pas les plaindre, hein. Le métier de parlementaire est bien payé, ses horaires sont compatibles avec une vie sociale et une vie intérieure intenses. Et puis, comme il est normalement exercé avec passion, le boulot d’élu a tout du job de rêve.
Le seul problème, c’est que pour l’exercer, il faut régulièrement se faire élire, et c’est pour cela que les élections préoccupent tellement les élus qu’on les plaindrait presque. Car pour qu’un élu le devienne, et pour qu’il le reste, il doit figurer en bonne place sur les listes présentées par sa formation. C’est précisément ce qui préoccupe aujourd’hui les aspirants candidats aux élections de juin 2024. Il n’est d’ailleurs pas complètement déraisonnable d’affirmer que, pour certains sortants, notamment ceux entrés dans les parlements par la suppléance, leur vie professionnelle est en jeu. Mais on ne va pas les plaindre, hein.
C’est aussi ce sur quoi travaillent les présidents de parti, qui ont eux-mêmes à s’assurer de la bonne poursuite de leur électif destin personnel, qui passe par celui de leur parti. Celui-ci se réglera comme se règle toute chose dans toute organisation politique structurée, de haut en bas. Un parti est une pyramide inversée dont la base repose sur le sommet, et de la place des gros bras sur les listes en juin 2024 dépendra la position des plus petites mains.
En attendant, les arbitrages définitifs entre la reconduction des sortants, la promotion de nouveaux entrants et le recrutement de personnalités extérieures, attendus partout au plus tard pour le début de l’année prochaine, avec les gros bras entre eux et les petites mains à côté, ça castagne déjà pas mal à certains étages des partis francophones. Surtout que tous, sauf un, s’attendent, au mieux, à une stabilisation par rapport à leur résultat de 2019. Donc que tous, sauf un, enverront peut-être un tout petit peu plus, mais plus sûrement juste autant, ou un peu voire beaucoup moins, d’élus dans les différents parlements renouvelés le printemps prochain.
La route des trois bleus converge vers l’élection directe au parlement de Strasbourg: chacun des trois serait une tête de liste légitime à l’Europe pour le Mouvement réformateur
Au MR, on a souvent promu en Europe ses champions les plus méritants. Une tradiction si ancrée que les trois derniers présidents du MR logent aujourd’hui aux trois coins du triangle européen, Olivier Chastel au Parlement, Didier Reynders à la Commission et Charles Michel au Conseil. Les deux derniers mandats ne sont pas électifs. Ils arrivent à échéance fin 2024, et la route des trois bleus converge vers l’élection directe au parlement de Strasbourg: chacun des trois serait une tête de liste légitime à l’Europe pour le Mouvement réformateur. Mais c’est Charles Michel, qui serait le premier président du Conseil à se présenter à une élection, qui décidera: s’il estime rationnel de se faire élire à Strasbourg, il mènera le combat réformateur européen aux dépens de Didier Reynders et Olivier Chastel.
Si pas, par exemple parce qu’un autre mandat international l’appelle, Didier Reynders devra s’imposer aux dépens d’Olivier Chastel. Dans les deux cas, ses camarades devront s’y plier. Didier Reynders, 65 ans, a déjà signifié qu’il n’avait pas l’intention de prendre sa retraite. Il lui faudra alors se trouver un pli dans la mécanique des équilibres entre les femmes et les hommes et le nord et le sud à Bruxelles, terre libérale où le MR regorge tant de talents qu’il en cède, comme Alexia Bertrand, aux camarades flamands.
Olivier Chastel, 58 ans, a déjà signifié qu’il aiderait là où il peut aider. Dans son arrondissement de Charleroi, où quatre parlementaires (Denis Ducarme et Caroline Taquin au fédéral, Nicolas Tzanetatos et Rachel Sobry à la Région) et un ministre (Adrien Dolimont) sortants devront probablement se caser sur trois places directement éligibles – la troisième à la Chambre dans le Hainaut et les deux premières à la Région dans la circons- cription de Charleroi-Thuin – Olivier Chastel aide déjà en ne réclamant rien pour lui à ceux-là qu’il a, en partie, formés.
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