Tous ces bastions «chipés» par le MR et Les Engagés: inquiétude au PS avant les communales?
Doit-on s’inquiéter, au PS, du nombre de villes et communes historiquement socialistes qui, dans le cadre des récentes fédérales, sont tombées dans l’escarcelle du MR et des Engagés? Une bonne vingtaine de «bastions» ont d’ailleurs viré leur cuti.
Le constat a maintes fois été dressé depuis les élections du 9 juin: le MR et Les Engagés ont marqué les esprits, en progressant sensiblement, mais aussi en mettant en difficulté le PS, y compris dans certaines zones traditionnellement acquises à la cause socialiste.
Dans les rangs rouges, nombreux sont ceux qui songent déjà au tour suivant: les élections communales et provinciales du 13 octobre.
La tendance générale est bien perceptible, mais comparer différents types de scrutins comporte bien entendu ses limites. Les enjeux sont différents et les candidats communaux sont souvent moins associés à un parti qu’à d’autres niveaux. Puis, c’est un comportement électoral bien connu, on a davantage tendance à voter «la personne» aux élections communales. On choisit son bourgmestre, dans une optique de proximité, pas forcément le parti auquel il est lié ou apparenté.
Ainsi, en Région bruxelloise, les partis arrivés en première position lors des deux derniers scrutin fédéraux ne correspondaient pas au parti du bourgmestre élu en 2018 et ce, dans huit communes sur 19.
C’est un peu moins vrai en Région wallonne, où seules 59 des 262 communes ont un bourgmestre dont la couleur ne correspond pas au parti le plus plébiscité aux fédérales de 2019 ou 2024. Evidemment, le bourgmestre n’est pas toujours issu de la liste communale arrivée en tête, mais cela reste l’exception.
En Wallonie, dans la majorité des cas, on peut même dire que la couleur du bourgmestre n’est pas éloignée de la couleur du parti pour lequel on vote aux fédérales, ce qui ne signifie pas que le nom de la liste qui s’est présentée aux communales correspond à l’appellation du parti dont ce bourgmestre est membre ou apparenté.
Il existe même de nombreux «bastions», dans lesquels une couleur est vraiment dominante. En Wallonie et à Bruxelles, il existe 42 villes et communes dans lesquelles on a majoritairement voté PS aux communales de 2018, puis aux fédérales de 2019 et 2024. C’est le cas dans 17 communes pour le CDH puis Les Engagés. Mais c’est le MR qui détient le plus grand nombre de bastions, tous situés en Wallonie: on en dénombre en effet 77.
Pour bien d’autres villes et communes, la réalité électorale a changé le 9 juin dernier, souvent au profit des Engagés et du MR. Quelques bastions du PS apparaissent d’ailleurs sous une autre couleur, sur la carte électorale, mais ce n’est pas le seul parti perdant.
Voici, dans l’ordre croissant, le nombre de communes qu’un parti a «piquées» à un autre entre les élections fédérales de 2019 et celles de 2024, en Wallonie et à Bruxelles. Ce sont autant de progressions et de reculs dans les ancrages locaux des différents formations.
Le PTB a piqué une commune à Ecolo
Il s’agit de Saint-Gilles, en Région bruxelloise, où on votait majoritairement pour le PS en 2014, puis pour Ecolo en 2019 et désormais le PTB.
Le MR a piqué une commune à DéFI
Et quelle commune… puisqu’il s’agit de Woluwe-Saint-Lambert, commune dirigée par l’ancien président de DéFI, Olivier Maingain, et longtemps acquise à son parti.
Le PS a piqué deux communes à Ecolo
Il s’agit de deux communes de la Région bruxelloise, à savoir Forest et Uccle, cette dernière étant passée du MR à Ecolo lors des élections fédérales de 2019.
Le PTB a piqué deux communes au PS
Une fois encore, ce sont les deux communes bruxelloises, à savoir d’Anderlecht et Molenbeek.
Le MR a piqué quatre communes aux Engagés
Cela fait plutôt exception, mais les libéraux sont arrivés en tête dans plusieurs communes qui penchaient précédemment pour le CDH, devenu entretemps Les Engagés: Beaumont et, en province de Liège, Hamoir, Malmedy et Lierneux.
Le MR a piqué cinq communes à Ecolo
Il s’agit de la commune frontalière de Martelange, en province de Luxembourg, et de quatre communes de la Région bruxelloise, à savoir Etterbeek, Ixelles, Auderghem et Watermael-Boitsfort.
Les Engagés ont piqué neuf communes à Ecolo
Il s’agit de trois communes germanophones (Amblève, Eupen et Raeren), de deux communes namuroises (Gembloux et Floreffe), de trois communes luxembourgeoises (Fauvillers, Arlon et Virton), sans oublier Ottignies-Louvain-la-Neuve.
Les Engagés ont piqué neuf communes au PS
Ces communes sont Andenne, d’habitude un bastion socialiste, et Ohey en province de Namur. En province de Luxembourg, il s’agit de Musson, Aubange, Marche-en-Famenne et Nassogne. Il s’agit enfin de deux entités de Wallonie picarde: Rumes et Ellezelles.
Les Engagés ont piqué 18 communes au MR
Ce mouvement s’est opéré essentiellement dans deux sous-régions. Cinq communes germanophones ont placé, où le MR était dominant en 2019, ont cette fois placé Les Engagés en tête. Surtout, neuf communes de la province de Namur sont concernées, ce qui n’est pas sans lien avec la présence de Maxime Prévot sur la liste et le succès du parti dans cette zone. Parmi ces communes figurent Ciney, Yvoir, Assesse ou encore Eghezée.
Le MR a piqué 53 communes au PS
Ce n’est pas pour rien qu’au sein de l’une ou l’autre fédération du PS, d’aucuns se sont vivement inquiétés des résultats des élections de ce 9 juin, notamment dans la perspectives des communales. De nombreuses communes ont été conquises par le concurrent libéral, que l’on savait en phase ascendante, mais qu’on n’imaginait pas forcément prendre la tête des préférences, à l’intérieur de certaines communes. Ce sont parfois des bastions, au cœur de régions dans lesquelles le PS est historiquement dominant, qui ont placé le MR en première position.
C’est ainsi qu’en province de Liège, une série d’entités au nord et à l’est de la Cité ardente ont changé de couleur, comme Awans, Blegny, Trooz ou Oupeye. A l’est de la province, les Verviétois ont placé le MR en tête, de même que leurs voisins de Limbourg.
La percée bleue est plus spectaculaire encore en province de Hainaut, notamment dans l’Entre-Sambre-et-Meuse, avec des communes comme Thuin, Walcourt, Chimay, Froidchapelle, Fosses-la-Ville. Dans le Pays de Charleroi, Courcelles et Pont-à-Celles ont majoritairement voté MR. C’est également le cas de Soignies, Ecaussines et Estinnes dans la région du Centre.
Enfin, de nombreuses communes de Wallonie picarde sont également passées du rouge au bleu, comme Péruwelez, Comines-Warneton, Ath, Lessines, Flobecq, Leuze-en-Hainaut, Bruegelette, Chièvres et Beloeil.
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