Maxime Prévot, Jean-Luc Crucke et Catherine Fonck.

Tensions, départs, renouvellement: que se passe-t-il chez les Engagés ?

Noé Spies
Noé Spies Journaliste au Vif

Le départ annoncé de Catherine Fonck (re)braque les projecteurs sur la nouvelle doctrine des Engagés. Leur président Maxime Prévot compte opérer un renouvellement conséquent. En toile de fond, la marginalisation de certains parlementaires lors du processus de transformation du parti a fait naître plusieurs tensions. Analyse en six points avec Thomas Legein (CEVIPOL).

1. Les Engagés : un grand processus de renouvellement ?

Maxime Prévot opèrerait un renouvellement sans précédent de ses cadres. Selon La Libre, le président des Engagés rencontre individuellement tous les parlementaires. En vue d’une grande lessive estivale ? « Maxime Prévot était face à un choix lorsqu’il a lancé l’opération de transformation de son parti, ex-CDH. Soit continuer avec les mêmes visages, soit en changer une grande partie. Le départ de Catherine Fonck confirme qu’il se tourne plutôt vers la seconde option », pose Thomas Legein, membre du Centre d’Etude de la Vie Politique (CEVIPOL).

« Céline Frémault a, elle aussi, déjà annoncé vouloir arrêter la politique en 2024. La position de Vanessa Matz est incertaine. Ces exemples montrent que dans le chef de Prévot, un choix clair a été posé. Il essaie de faire monter des nouveaux visages, comme Ismaël Nuino, président de la « Génération Engagée ». Il y a là un vrai pari de sa part. »

2. Quel risque en vue des élections ?

Le départ d’une personne comme Catherine Fonck peut-il coûter cher aux Engagés ? Pour Thomas Legein, la réponse est oui. « C’était une personnalité politique très appréciée. Et qui semblait sortir des logiques politiciennes tant décriées. Georges Dallemagne – que l’on dit aussi hésitant sur son futur – n’a pas le même capital sympathie, mais à Bruxelles, c’est un des derniers poids lourds du parti. Donc, oui, ce renouvellement va coûter des voix aux Engagés », estime le membre du CEVIPOL.

« Dans une logique au long terme, ces départs ne sont pas des risques inconsidérés, poursuit-il. Vu la situation dans laquelle les Engagés se trouvent, il faut qu’ils réagissent fortement. Ça passe par un renouvellement, surtout dans un climat où les électeurs belges expriment de manière cyclique un certain ras-le-bol de voir toujours les mêmes personnalités en place. Si la mayonnaise prend, ça peut leur être bénéfique sur le long terme. »

3. Pourquoi les Engagés veulent faire table rase du passé ?

Un constat assez clair a été posé par les cadres du parti, notamment Maxime Prévot et Laurent de Briey (vice-président) : le CDH n’avait la propriété sur aucun enjeu de l’agenda politique. « Les écologistes ont la question environnementale, et on a un duel PS-MR pour les questions socio-économiques. Le CDH s’était positionné sur l’enseignement, mais ce n’était pas flagrant et ils s’en sont rendus compte », analyse Thomas Legein.

« En renouvelant leur doctrine, en coupant leur héritage avec le CDH, peu de risques sont pris car peu de personnes pouvaient dire ‘le parti me plaisait sur telle thématique’.  Le seul risque, prolonge Thomas Legein, c’est qu’en coupant le parti de son héritage, on risque de perdre son identité historique. Le défi pour Maxime Prévot et ses cadres sera à la fois de garder les électeurs historiques du CDH, tout en attirant une nouvelle tranche de l’électorat. »

4. Que disent les sondages ?

« Les Engagés se trouvent sur une dynamique légèrement plus positive par rapport à leurs derniers résultats électoraux », rappelle Thomas Legein. Pour le spécialiste, il est normal de voir cette légère remontée dans les scores pour un parti qui vient de se réformer en profondeur. « Le pari est là : on sait que sur le court terme, le processus de renouvellement va leur permettre de garder la tête en dehors de l’eau, et dans le même temps, ils préparent le personnel politique pour les élections suivantes. »

5. Quelle est la cible électorale des Engagés ?

« Le premier objectif est d’aller chercher les jeunes », pointe le spécialiste. « Quand on veut séduire les primo-votants, ou même les électeurs de 2 ou 3e génération, on ne les attire pas avec des personnes en politique depuis 20 ans. D’un point de vue programmatique, les Engagés vont donc aller chercher des personnalités prêtes à incarner ces nouveaux enjeux. »

6. D’où viennent les tensions ?

« Les parlementaires ont été complètement marginalisés lors du processus de transformation du parti, Catherine Fonck en tête alors qu’elle était cheffe de groupe », explique Thomas Legein. « Des tensions sont apparues à plusieurs reprises. C’était annonciateur. »

Les Engagés
Maxime Prévot et Catherine Fonck.

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