Sondage Le Vif: pourquoi une reconduction de la Vivaldi est difficilement concevable
Les résultats du sondage dévoilés par Le Vif le confirment: le Vlaams Belang devrait être le premier parti à la Chambre. Quelles coalitions seraient possibles au lendemain des élections du 9 juin? Voici nos projections.
Une certaine stablité en Wallonie, avec un PS qui se maintient en tête devant le MR. Un petit séisme en Région bruxelloise, où le PTB-PVDA arrive en tête, le MR se maintient et le PS s’écrase. Une constante en Flandre, où le Vlaams Belang est donné gagnant, devant la N-VA. Tels sont les principaux enseignements du sondage réalisé par l’institut Kantar pour Le Vif, à un peu plus de 100 jours des élections.
Les intentions de vote sont une chose, leur traduction en répartition de sièges à la Chambre en est une autre. C’est en effet la composition future du parlement fédéral qui permettra d’envisager des coalitions gouvernementales à ce niveau de pouvoir.
Deux prédictions semblent s’imposer. Premièrement, le Vlaams Belang deviendra probablement le parti comptant le plus grand nombre de députés. Le parti d’extrême droite obtiendrait même un siège dans la circonscription bruxelloise. Deuxièmement, la Vivaldi, coalition au pouvoir au fédéral, comprenant les familles socialistes, libérale, écologiste et le CD&V, pourrait être reconduite d’un point de vue arithmétique. Mais de justesse et de façon très minoritaire en Flandre, si bien qu’une reconduction en tant que telle serait très peu envisageable, politiquement parlant.
Les résultats diffèrent quelque peu en fonction du mode de calcul. Une application de la clé D’Hondt – système qui prévaut lors des élections – aux résultats du sondage du Vif, donne, sur un total de 150 sièges, 26 députés au Vlaams Belang et 75 à l’ensemble des formations de la Vivaldi. Ce sont les résultats d’une projection réalisée par Herman Matthijs (VUB/UGent).
Une autre projection, effectuée par le politologue Pascal Delwit (ULB), établit à 25 le nombre de sièges attribués au Vlaams Belang et à 21 pour le PTB-PVDA. Ce modèle, usuellement appliqué dans le cadre de sondages, présente l’avantage de ne pas tirer abusivement de conclusions d’intentions de vote obtenues dans des circonscriptions où l’échantillon est relativement faible en nombre. La méthode consiste à pondérer les tendances générales du sondage en les appliquant aux scores des précédentes élections dans chaque circonscription. « Ce système-là présente l’inconvénient de ne pas tenir compte des variations de tendance qui surviennent d’une circonscription à l’autre », prévient cependant Pascal Delwit.
En s’en tenant à sa projection, on notera donc que les résultats du sondage rendent très peu probable la reconduction de la même coalition, qui comptait 88 sièges initialement, si on tient compte des résultats de 2019. Les formules envisageables ne sont guère nombreuses, en partant du principe que ni le Vlaams Belang, ni le PTB-PVDA ne sont susceptibles de prendre part à une majorité. Et encore, il ne s’agit ici que d’arithmétique, pas encore de politique…
Une Vivaldi augmentée des Engagés résoudrait la question arithmétique, précisément, mais déforcerait encore davantage la représentation néerlandophone dans la coalition. Elle compterait en effet 84 députés, dont 36 néerlandophones seulement (sur un total de 88 députés dans le groupe linguistique francophone).
Une autre coalition possible associerait la N-VA aux trois familles politiques traditionnelles (PS, Vooruit, MR, Open VLD, CD&V et Les Engagés), dont la socialiste est de loin la plus importante en termes de sièges. Celle formule-là, selon notre projection, disposerait de 86 sièges, donc d’une majorité qui pourrait être qualifiée de relativement confortable, d’autant plus qu’elle serait majoritaire dans chacun des groupes linguistiques. Mais sa faisabilité politique reste à prouver.
En théorie, mais en théorie seulement, il serait également possible d’assembler l’ensemble des partis, à l’exception du Vlaams Belang et du PTB-PVDA. Cette majorité disposerait de 104 sièges à la Chambre, ce qui permet encore de l’imaginer amputée de l’une ou l’autre formation qui ne souhaiterait pas s’y associer. Ce patchwork constituerait évidemment une coalition très hétéroclite et abandonnerait l’opposition à deux groupes parlementaires particulièrement farouches.
Ce sondage a été commandé à l’institut Kantar par Le Vif, Knack, Trends, Trends-Tendances, De Zondag, De Krant van West-Vlaanderen et Canal Z. Il a été réalisé en ligne auprès de 2 681 Belges âgés de 18 ans et plus. Il concerne 1 077 Flamands, 1 004 Wallons et 600 Bruxellois. La marge d’erreur maximale est de 3,1 % en Flandre, 3,1 % en Wallonie et 4 % à Bruxelles.
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