Sondage Le Vif : les bonnes et les mauvaises notes des électeurs au gouvernement De Croo
Plus d’un Belge sur quatre est satisfait de la politique menée par le gouvernement De Croo, mais presque quatre Belges sur dix se disent insatisfaits, révèle le sondage du Vif. Voici les sujet qui satisfont et insatisfont le plus les électeurs.
Dans quelle mesure les électeurs belges, à une bonne centaine de jours des élections du 9 juin, sont-ils satisfaits de la politique du gouvernement fédéral, dirigé par le Premier ministre, Alexander De Croo (Open VLD) ? La question leur a été posée dans le cadre du grand sondage mené par l’institut Kantar pour Le Vif.
Dans leur ensemble, les Belges sont plus nombreux à se dire insatisfaits que satisfaits. Mais, précisons-le d’emblée, pratiquement un sondé sur trois (32,9%) ne se dit ni satisfait, ni insatisfait. Cette proportion de répondants qui ne formulent pas explicitement d’avis sur la question est importante, donc.
Peu de sondés répondent qu’ils sont très satisfaits (4,7%), mais davantage sont plutôt satisfaits (22,1%) ou plutôt insatisfaits (20,9%) par l’exécutif fédéral. Enfin, 17% se disent très insatisfaits.
Des différences apparaissent lorsque les résultats sont ramenés à l’échelle des trois régions. Ce sont globalement les Bruxellois qui sont les plus satisfaits – 8,8% se disent même très satisfaits – et les moins insatisfaits. A l’inverse, les Flamands sont les moins satisfaits et les plus insatisfaits – 18,2% se déclarent très insatisfaits.
La tranche d’âge la plus insatisfaite est celle des 45-54 ans (43,9%), la moins insatisfaite étant celle des 18-24 ans (27,7%). Notons encore que les femmes (41,2%) se disent un peu plus insatisfaites en moyenne que les hommes (34,6%).
Enfin, les inclinations politiques des électeurs, assez logiquement, ont une influence sur leur niveau de satisfaction. Le sondage du Vif a questionné les intentions de vote des Belges, si un scrutin fédéral se tenait dès à présent. Sans surprise, ce sont les sondés ayant opté pour un parti actuellement dans l’opposition au fédéral qui manifestent le plus d’insatisfaction à l’endroit du gouvernement De Croo : ceux ayant choisi le Vlaams Belang (65,9%), le PTB-PVDA (51,7%), la N-VA (51%) et, dans une moindre mesure, DéFI (33%) et Les Engagés (28,1%).
En corollaire, les sondés qui ont une préférence pour un des partis de la Vivaldi sont plus nombreux à se dire plutôt ou très satisfaits. Dans l’ordre : les personnes ayant une préférence pour l’Open VLD (59,4%), le CD&V (52,6%), le MR (47%), Groen (45,8%), le PS (35,9%), Vooruit (35,8%) et Ecolo (34,8%). Les électeurs potentiels des verts francophones, donc, sont ceux qui expriment le moins souvent leur satisfaction à propos de la politique menée par le gouvernement De Croo. Ils sont à peine plus nombreux que les sondés ayant opté pour Les Engagés, pourtant dans l’opposition…
La meilleure note: la gestion de la crise sanitaire
Dans le cadre du sondage, les répondants ont également été invités à exprimer leur niveau de satisfaction quant à la politique menée par le gouvernement De Croo sur une série de dix-neuf compétences.
Lorsqu’ils se disent satisfaits, les sondés sont beaucoup plus souvent « plutôt satisfaits » que « très satisfaits ». Cela étant, certaines compétences gouvernementales, bien plus que d’autres, recueillent un pourcentage de satisfaction supérieur.
C’est la thématique de la gestion de la crise sanitaire qui arrive en tête, avec 8,2% de très satisfaits et 34,8% de plutôt satisfaits. Voilà qui renforce cette idée, répandue, selon laquelle la Vivaldi a éprouvé de nombreuses difficultés à mettre des réformes en place, mais s’est révélée plus efficace dans sa réaction face aux crises: guerre en Ukraine, crise de l’énergie, et, en l’occurrence, crise sanitaire.
On l’oublie un peu, mais lors de sa formation en octobre 2020, le gouvernement d’Alexander De Croo se fondait notamment sur l’impérieuse nécessité de s’unir politiquement face à la pandémie de Covid-19. «Nous n’oublierons jamais l’année 2020. Le coronavirus a bouleversé nos vies et provoqué une série de désastres» sont d’ailleurs les tout premiers mots de l’accord de gouvernement conclu par les sept partis de la majorité, il y a plus de trois ans, traversé par cette préoccupation du moment.
Sur cette question, les Flamands (45,7%) sont plus satisfaits que les Bruxellois (42,9%) et les Wallons (38,1%). Les hommes (46,6%) le sont un peu plus que les femmes (39,6%). Et les plus de 55 ans (50%) davantage que les 35-54 ans (40%) et les 18-34 ans (36,1%).
Lorsqu’on se fie à leurs intentions de vote, telles qu’exprimées dans le sondage, les électeurs de tous les partis sont plus nombreux à se dire satisfaits qu’insatisfaits, à l’exception des gens ayant manifesté leur préférence pour le PTB. La question de la réaction politique face à la pandémie restera donc, du moins pour 43% des sondés, à mettre à l’actif du gouvernement De Croo.
Notons néanmoins qu’un Belge sur quatre (24,6%) ne se dit ni satisfait ni insatisfait par la politique du gouvernement sur cette thématique. Mais lorsque la question est formulée différemment dans le sondage, l’évaluation est plus favorable encore au gouvernement. En effet, plus d’un Belge sur deux (53,6%) est tout à fait d’accord ou plutôt d’accord avec la phrase «le gouvernement a bien géré la crise du coronavirus».
Les thématiques qui recueillent le plus de satisfaction sont, après la gestion du Covid-19, la santé publique (38,1%), l’égalité des genres (35,3%), l’approvisionnement énergétique (31%), la sécurité sociale (31%), l’économie et l’emploi (27,1%) ou encore la défense (25,7%). Ce sont les pourcentages les plus élevés, mais ils restent bien entendu sous la barre des 50%).
La mauvaise note: les impôts
A l’inverse, certaines thématiques suscitent plus d’insatisfaction que d’autres. Il s’agit en premier lieu des impôts, pour lesquels 28,5% des sondés sont très insatisfaits et 31,5%, plutôt insatisfaits.
Sur cette question, les Flamands (61,7%) sont plus insatisfaits que les Wallons (59,1%) et les Bruxellois (53,1%). Les hommes (3,2%) le sont un peu plus que les femmes (56,9%). %). Et les plus de 55 ans (63,2%) davantage que les 35-54 ans (60%)) et les 18-34 ans (55,1%).
Hormis les sondés ayant une préférence pour l’Open VLD, tous sont plus nombreux à se dire insatisfaits que satisfaits, en particulier ceux du Vlaams Belang (78,2%) et du PTB (69,2%).
Qu’une insatisfaction généralisée autour de la fiscalité, sujet de mécontentement par excellence, transparaisse en premier lieu n’est guère surprenant. Le fait que la politique d’asile et de migration arrive en deuxième position (56,8% d’insatisfaits et 14,1% de satisfaits) est le signe, manifestement, que le sujet s’est invité à l’agenda politique. Mais pas partout ni pour tout le monde de la même façon.
La proportion d’insatisfaits est un peu plus importante en Flandre (60,1%) qu’en Wallonie (52,9%) et à Bruxelles (49,6%). Des sensibilités générationnelles apparaissent aussi: 63,8% chez les 55 ans et plus, mais 44% auprès des 18-34 ans. C’est tout de même une différence d’une vingtaine de pour cent.
Surtout, en fonction de leurs préférences politiques, les sondés n’ont pas nécessairement la même opinion sur la politique d’asile et de migration. On ne s’étonnera guère que les électeurs de l’Open VLD (34,2%), parti du Premier ministre, et ceux du CD&V (36,9%), qui gère cette compétence au sein de la Vivaldi, soit moins mécontents que les autres. On ne sera pas non plus surpris que ceux qui ont l’intention de voter pour un parti qui capitalise sur cette thématique se disent particulièrement insatisfaits: ils sont 82,5% parmi les électeurs du Vlaams Belang et 70,5% parmi ceux de la N-VA.
Mais on observera également que les sondés manifestant leur préférence pour un parti d’opposition sont systématiquement plus insatisfaits que tous les autres sur l’asile et la migration: 56% pour le PTB-PVDA, 56,2% chez DéFI et 60,5% chez Les Engagés. Le niveau d’insatisfaction varie grosso modo de 35% à 55% auprès des électeurs des partis de la Vivaldi. Cela indique que, quelle que soit la matière, on est plus enclin à être satisfait ou insatisfait de la politique menée selon que le parti de son choix se trouve dans la majorité ou dans l’opposition.
Cela peut aussi signifier – ce n’est pas anodin – que l’on peut être insatisfait par la politique d’asile et de migration sans nécessairement considérer qu’elle doit être plus musclée, mais privilégier davantage d’ouverture sur le sujet.
Ce sondage a été commandé à l’institut Kantar par Le Vif, Knack, Trends, Trends-Tendances, De Zondag, De Krant van West-Vlaanderen et Canal Z. Il a été réalisé en ligne auprès de 2 681 Belges âgés de 18 ans et plus. Il concerne 1 077 Flamands, 1 004 Wallons et 600 Bruxellois. La marge d’erreur maximale est de 3,1 % en Flandre, 3,1 % en Wallonie et 4 % à Bruxelles.
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