Son domicile à Mons est-il fictif? Julie Taton dit habiter dans un 50 m² appartenant à Georges-Louis Bouchez…
Julie Taton devait, au 1er août, avoir installé sa résidence principale à Mons pour pouvoir se présenter aux élections communales d’octobre. Plusieurs critères légaux ne semblent pourtant pas avoir été remplis…
Après son élection comme députée fédérale, Julie Taton (MR) a été invitée à figurer à la deuxième place sur la liste de son président de parti, Georges-Louis Bouchez, à Mons, pour les élections communales du 13 octobre prochain.
Or, pour pouvoir se présenter aux élections communales, il faut être inscrit au registre national dans la commune, et y avoir sa résidence principale, au plus tard le 1er août, date à laquelle est arrêtée la liste des électeurs.
C’est un peu ce qu’a expliqué Julie Taton à nos confrères de Sudinfo, à qui elle avait réservé l’exclusivité de son annonce, le 20 juillet dernier. «Je me suis inscrite à la commune. J’ai pris temporairement un appartement à 15 minutes à pied du centre-ville. Je vais m’y installer tranquillement cet été. Ma priorité est de ne pas chambouler ma vie privée, c’est-à-dire la vie de mon mari et de mes enfants…», avait-elle déclaré.
La jeune députée habitait jusqu’à présent le Brabant wallon, avec son entrepreneur de mari et leurs deux enfants, dont un, a-t-elle souvent dit, est la raison de son engagement en politique, puisqu’il est un enfant à besoins spécifiques. Elle s’installerait donc seule, sans eux, temporairement, dans la future commune où ils devront habiter plus tard. «Je vais prendre le temps de faire joliment les choses», disait-elle encore, «mais mon plus grand stress est quand même de trouver la bonne école pour mes fils (…). Dès que tout cela se mettra en place, on cherchera une maison… ».
«Un petit café»
Cet appartement temporaire, «à quinze minutes à pied du centre-ville», est en fait un des biens immobiliers appartenant à son président de parti et tête de liste, Georges-Louis Bouchez, dont les initiales apparaissaient encore très visiblement, ce vendredi 2 août, sur la boite aux lettres. «G-L», lit-on en effet sous la fine étiquette, de collage très récent, où ont été tracés, d’une rapide écriture manuscrite, le nom et le prénom de l’animatrice. Julie Taton est donc désormais la locataire de son président de parti. «Oui, c’est un petit peu ça, nous répond-elle en riant. Les démarches ont été faites il y a quelques semaines, mes affaires sont là. Là, je suis en vacances à la mer avec ma famille, mais je reviens mi-août, vous pourrez venir boire un café dans mon petit appartement», promet Julie Taton.
Georges-Louis Bouchez a très souvent évoqué ce logement d’une cinquantaine de mètres carrés, dans diverses interviews témoignant de la modestie de son train de vie. «J’ai un petit appartement qui ressemble à un kot étudiant parce que je n’y suis que la nuit et que j’adore sortir», disait-il ainsi à La DH, en février 2022, et on comprend à la lecture de la description faite par le bailleur de Julie Taton que ce kot étudiant soit peu crédible en résidence principale d’une famille de quatre personnes.
Pour que la séparation temporaire de Julie Taton d’avec les siens ne ressemble pas à une fraude au domicile, il faut, selon la loi, que la police locale ait constaté que la personne y habite bien.
«Je suis montoise»
Il est manifeste, et cela ressort même de ce que disait Julie Taton dans son interview à Sudinfo, que la nouvelle Montoise ne remplissait pas ces conditions légales avant le 1er août. Pourtant, elle affirme avoir bouclé dans les délais impartis sa procédure de changement de résidence principale.«Si, si, je suis montoise. On a reçu les confirmations», nous disait-elle, vendredi 2 août.
Mais Le Vif, lui, n’a pu recevoir aucune validation officielle du succès de cette douteuse entreprise domiciliaire.
A la zone de police locale Quévy-Mons, on se contente de confirmer que la procédure a été menée comme pour tout autre citoyen, et on laisse à la Ville le soins de faire d’éventuels commentaires. Mais l’administration communale n’est pas plus loquace. «La Ville ne fait jamais aucun commentaire sur des cas particuliers. Le Collège communal n’est de toute façon pas habilité à obtenir de telles informations, qui relèvent de la vie privée. C’est l’administration qui gère les dossiers de domiciliation, indépendamment du Collège, sur base d’un rapport fourni par la police. Quant à la liste des électeurs, elle ne sera accessible officiellement qu’à partir du 20 août environ», nous a envoyé la porte-parole de la Ville de Mons. Ce n’est que ce jour-là, alors, qu’on saura si la locataire la plus célèbre de Wallonie est légalement montoise. Ou si la procédure a été validée contre toute logique administrative.
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