Le report de la Lez pourrait provoquer des embouteillages dans la formation d’un gouvernement bruxellois. © BELGA

Report de la Lez à Bruxelles: les francophones plongent la formation d’un gouvernement bruxellois dans l’incertitude

Sylvain Anciaux

En commission environnement du Parlement bruxellois, le texte retardant la prochaine étape de la Low Emission Zone (Lez) proposé par les futurs partis de la majorité francophone du gouvernement bruxellois (MR, Engagés, PS) a été reporté. Les néerlandophones fulminent.

Ils l’avaient annoncé, ils l’ont fait, et maintenant la situation se grippe un peu plus, comme prévu. Sur une initiative du MR, des Engagés et du PS, la commission environnement du parlement bruxellois a voté pour le report de deux ans de la prochaine étape de la Low Emission Zone (Lez), provoquant la colère des écologistes néerlandophones, ce qui pourrait être lourd de conséquences dans la formation d’un exécutif bruxellois. Pour rappel, ce projet mis en place par la Ministre Céline Frémault (CDH, ex-Engagés) en 2018, vise à reporter de deux ans l’interdiction, prévue à partir de janvier prochain, des voitures Diesel Euro 5, essence Euro 2 et des motos Euro 3.

La commission portait sur deux enjeux. D’abord, l’équilibre très politique entre la qualité de l’air et l’exclusion sociale des 35.000 Bruxellois qui ont besoin de leur véhicule pour travailler, selon la députée MR Anne-Charlotte d’Ursel.

Le second enjeu est moins pragmatique mais bien plus politico-politique. Pour rappel, les négociations pour former un gouvernement sont gelées côté néerlandophone. Groen, incontournable mais en peine depuis l’annonce de retrait du CD&V, avait jeté l’éponge lorsque les trois partis francophones ont indiqué passer via le parlement pour reporter de deux ans le prochain épisode de la Lez. Avec onze votes pour (les dépositaires accompagnés par Vooruit, le PTB-PVDA et Fouad Ahidar), trois contre (Groen, Ecolo et Défi) et une abstention (N-VA). «Je comprends qu’Elke Van Den Brandt soit toujours fâchée, admet Benjamin Dalle (CD&V). Mais pendant l’été, elle n’a pas été au bout des choses avec Fouad Ahidar et la N-VA.» Aux yeux du député, si la ministre bruxelloise sortante n’en a peut-être pas fait assez cet été dans ses consultations pour éviter cette situation, David Leisterh (président du MR bruxellois et formateur) a mis la charrue avant les bœufs en voulant faire passer ce dossier par le parlement… Sans consulter les députés néerlandophones au préalable.

Le report de la Lez pour un an : un compromis boudé

Ce mercredi, dans la salle de commission 201 du Palais du Parlement bruxellois, le CD&V avait pourtant présenté un texte ressemblant à un compromis à la belge en proposant un report non pas de deux, mais d’un an de la prochaine étape de la Lez. Refusé. «Un an, ce n’est pas suffisant pour s’adapter, estime le président des Engagés bruxellois, Christophe De Beukelaer qui assure défendre une écologie pragmatique. On a d’ailleurs accepté un amendement pour informer les personnes concernées par le prochain jalon de la Lez durant les deux années à venir.» Stijn Bex, le député Groen présent en commission, admet que la proposition était moins pire que celle amenée par les francophones, «mais ce n’est malheureusement pas possible de faire des compromis tant que les trois partis francophones ne veulent pas bouger».

Lundi dernier, à l’initiative du groupe Ecolo-Groen, des représentants de toutes les formations présentes au parlement bruxellois (sauf le Belang) s’étaient déjà rencontrés pour savoir ce qui pouvait être négocié. Les écologistes avaient suggéré l’idée de ne pas émettre les amendes pour les six premiers mois après le 1er janvier 2025. «Il y a en effet eu une rencontre sans conclusion, évoque Benjamin Dalle. Mais j’espérais que ce soient les trois signataires de l’ordonnance, le MR, les Engagés et le PS qui soient à l’initiative.»

C’est un petit séisme politique car, avec quatre sièges ô combien importants pour la formation d’une majorité de sept sièges sur 15, les choses vont changer. Elke Van Den Brandt (Groen), appelée à négocier mais pas encore consultée par le formateur néerlandophone Fouad Ahidar, n’est pas motivée et attend donc des garanties. Et sinon? Il faudra attendre des efforts des interlocuteurs sur d’autres dossiers, et encore. «Ce serait naïf de croire que ça ne se reproduira jamais, pose Stijn Bex.. J’ai du mal à voir comment la confiance sera rétablie».

Le vote en plénière est prévu le vendredi 4 octobre, soit dans 10 jours. Si, d’ici-là, personne n’est sorti de sa réserve, la crise autour de la formation d’un gouvernement bruxellois sera actée… si ce n’est déjà fait.

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