Tous les tabous ne sont pas tombés (1/10) | Pourquoi MR et Engagés n’ont pas osé réduire le salaire des ministres
S’ils ont décidé de réduire le nombre de ministres et de membres dans les cabinets, le MR et Les Engagés n’envisagent aucune baisse de salaire pour les membres de l’exécutif. Les libéraux n’ont jamais milité pour. Les centristes, eux, voulaient initialement les diminuer de 15%.
«Faire tomber les tabous.» En présentant la déclaration de politique régionale (DPR) et la déclaration de politique communautaire (DPC), Georges-Louis Bouchez (MR) et Maxime Prévot (Les Engagés), les deux formateurs/présidents de parti, ont rivalisé de déclarations à l’ambition révolutionnaire. Les socialistes et les écologistes, battus, sont relégués dans l’opposition, et ne pourront pas les empêcher de mettre en œuvre l’ambitieux programme de réformes salué par tous les éditorialistes et auquel aspire une majorité de l’électorat francophone.
Dans leur programme, Les Engagés comptaient imposer un rabais de 15% sur les rémunérations ministérielles
Jamais le centre et la droite n’ont autant eu « les coudées franches » à la Région et à la Fédération Wallonie-Bruxelles. Pourtant, certains engagements (ré)novateurs, beaucoup d’ambitions innovantes et quelques promesses de campagne disruptives ne devraient pas, à la lecture de la DPR et de la DPC, se réaliser. Voici, en dix épisodes, les tabous que le MR et Les Engagés n’ont pas osé faire tomber. A commencer par celui de la baisse du salaire des ministres.
Pourquoi la baisse du salaire des ministres ne figure pas dans la DPR
Cette baisse du salaire des ministres ne figure en effet nulle part dans les déclarations de politique régionale et communautaire. Engagés et MR ont préféré couper dans les effectifs: -10% de personnel dans les cabinets ministériels, et des ministres à double casquette (communautaire et régionale). Cette dernière mesure permettant de faire passer le nombre total de ministres dans les deux gouvernements de treize à dix. Ceci ne serait que le début d’un mouvement plus large, puisque les partenaires prévoient de poursuivre «la réduction de la taille des cabinets une fois la fonction publique réformée».
Au fond, le MR n’a jamais vraiment envisagé une baisse de la rémunération des ministres. Les libéraux estiment qu’une telle mesure, symbolique plus qu’efficiente, ne permet pas de réelles économies. Pourtant, à l’automne 2022, le Premier ministre, Alexander De Croo, créait la surprise en proposant de baisser de 8% cette rémunération. Le gouvernement wallon, alors dirigé par le PS via Elio Di Rupo, y était favorable. Pas le président du MR Georges-Louis Bouchez. «Au-delà d’une réduction symbolique et sans réel impact des salaires des ministres, le MR veut surtout que l’on réduise le poids de l’Etat avec moins de mandataires et de structures», tweetait-il à l’époque. De ce point de vue, force est de constater que le Montois a tenu parole.
Les Engagés se sont-ils désengagés?
Ce qui est moins le cas de son homologue de majorité, le Namurois Maxime Prévot. Dans leur programme électoral, Les Engagés comptaient imposer un rabais de 15% sur les rémunérations ministérielles. Voulant «imposer plus de sobriété aux représentants politiques», les centristes estimaient que les responsables politiques devaient se montrer exemplaires envers «des réalités vécues au quotidien par notre population». Traduction: un salaire légèrement rabaissé, mais conforme à la charge de travail et la responsabilité qui incombe au métier. Une mesure passée aux oubliettes turquoises? « Ca n’a pas été évoqué car nous avions beaucoup de points à discuter, répond laconiquement le président des Engagés. Mais budgétairement, la suppression de trois ministres pèse autant si pas plus dans la balance. »
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