Tram Liège
Soixante ans après, le tram est de retour à Liège. © Belga

Le projet d’extension du tram de Liège vers Herstal et Seraing ne verra finalement pas le jour, le PS et Ecolo fulminent

Le nouveau gouvernement wallon annule l’annonce du précédent: le projet d’extension du tram de Liège, jugé trop coûteux, ne verra pas le jour. Deux lignes de bus prioritaires sont prévues à la place. Dans l’opposition, Ecolo et le PS fulminent.

Jugées trop coûteuses, les extensions du tram de Liège vers Herstal et Seraing, annoncées lors de la législature précédente, ne verront finalement pas le jour. Le nouveau gouvernement wallon a en effet décidé, ce jeudi, d’y renoncer et de les remplacer par deux lignes de bus prioritaires.

Ces bus électriques circuleront en site propre et/ou prioritaire sur 15,5 kilomètres – contre 5,8 km pour les extensions. Le projet remodelé représente désormais un investissement de quelque 264 millions d’euros alors que les extensions du tram avaient été chiffrées à plus de 350 millions d’euros.

« Nous l’avons dit dans notre Déclaration de politique régionale: nous devons maximiser l’utilisation de l’argent public. Nous respectons donc notre engagement en maximisant le ratio bénéfice-coût au service de la collectivité », a justifié, au cours d’une conférence de presse, le ministre-président régional, Adrien Dolimont (MR).

« C’est un choix gagnant, plus utile, plus efficace, avec un meilleur rapport coût/bénéfice et moins de risque« , a enchaîné le ministre de la Mobilité, François Desquesnes (Les Engagés).

Selon ce dernier, les bus prioritaires desserviront en effet 2,5 fois plus d’habitants vivant à moins de 500 mètres des lignes (14.243 personnes pour le tram; 37.575 pour les bus, d’après les chiffres de l’Autorité organisatrice des transports collectifs et partagés – AOT). Un réaménagement urbain des voiries communales et régionales à Seraing, Herstal et Saint-Nicolas est également annoncé. Une concertation avec les communes concernées est d’ailleurs prévue dans les prochaines semaines.

Lancement début 2025

« Demain, on aura un beau réseau comprenant un tram et neuf lignes structurantes qui permettront d’améliorer significativement la desserte de Liège », a de son côté assuré Jean-Michel Soors, l’administrateur général du TEC. Le tout pour un coût de 7.026 euros par habitant sur 25 ans, à comparer aux 44.085 euros par habitant sur 25 ans si les extensions avaient été réalisées, d’après les chiffres de l’Opérateur de Transport de Wallonie (OTW).

Quant aux travaux déjà engagés pour ces extensions, « le scénario choisi par le gouvernement tient compte de cette réalité. Les lignes de bus feront en sorte que ce qui a été entamé servira au projet retenu« , a encore précisé François Desquesnes.

Si le nouveau réseau liégeois sera progressivement opérationnel dès 2025, les deux lignes prioritaires mettront, elles, davantage de temps à circuler, a précisé la société de transport régionale.

Le tram a fait son grand retour la semaine dernière au centre-ville de Liège pour un premier test. La mise en service officielle est prévue en janvier 2025. Willy Demeyer (PS), bourgmestre de Liège, disait lors de ce test espérer voir se concrétiser les extensions. Il n’en sera finalement rien.

« Un coup dur pour le déploiement de la métropole liégeoise », regrette le PS

L’abandon des extensions du tram constitue « un coup dur pour le déploiement de la métropole liégeoise », regrette le PS dans un communiqué.

Pour les socialistes wallons, cette décision, « prise sans aucune concertation avec les forces vives locales, aura de lourdes conséquences économiques et sociales pour tout l’arrondissement liégeois ». 

« Le tram n’est pas seulement un moyen de transport. C’est une infrastructure essentielle pour redessiner et redéployer une métropole. L’abandon des extensions, c’est tourner le dos à une opportunité de repenser toute la mobilité et l’espace urbain en formant une métropole. C’est un projet majeur du plan urbain de mobilité longuement concerté avec l’ensemble des acteurs de terrain qui est jeté aux oubliettes », dénonce le parti, désormais dans l’opposition.

« Les marchés avaient été passés avec les entreprises, les travailleurs avaient été engagés, les travaux avaient commencé, des millions d’euros ont déjà été dépensés. Aujourd’hui, tout cela risque de se transformer en un nouvel épisode des travaux inutiles« , poursuit-il.

« Comment faire confiance à un gouvernement qui, brutalement et sans concertation, annule des projets structurants aussi importants pour des centaines de milliers de citoyens? », s’interrogent encore les socialistes. « Aujourd’hui, cette décision concerne la région liégeoise, demain, ce sera ailleurs. Le PS avait averti que l’équation budgétaire présentée par ce nouveau gouvernement ne tenait pas la route. Et que, même s’ils le cachaient, le MR-Les Engagés allaient couper dans le vif. Ceci en est la première malheureuse démonstration. Il y en aura d’autres », conclut le PS.

Une politique de désinvestissement public et de sabordage écologique, dénonce Ecolo

En abandonnant le projet des extensions du tram de Liège vers Herstal et Seraing, le nouveau gouvernement wallon MR-Engagés « entame sa politique de désinvestissement public et de sabordage écologique », a dénoncé jeudi soir, dans une publication Facebook, le chef de groupe Ecolo au parlement wallon, Stéphane Hazée.

« Le tram est un projet majeur pour le développement d’une mobilité durable, rapide et efficace. Cette décision du gouvernement est un cran d’arrêt funeste pour le redéploiement de l’agglomération liégeoise, pour ses habitants et ses entreprises. C’est aussi un choix destructeur pour la transition écologique en Wallonie. C’est un choix du passé incompréhensible de la part de la coalition bleu pétrole », a-t-il souligné.

Pour le chef de file des Verts à Namur, « c’est une décision d’autant plus incompréhensible que les travaux de l’extension vers Herstal avaient démarré depuis un an et que des dédommagements devront être payés à pure perte pour cet abandon ».

« Elle est par ailleurs le contraire des positions prises avant les élections par les Engagés et s’ajoute à une liste déjà longue de capitulations de leur part », regrette-t-il enfin.

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