«Il faut faire revenir les ménages au centre-ville de Namur»
Architecte urbaniste au bureau XMU, Xavier Mariage porte un regard sur les évolutions urbaines du territoire namurois.
Ces dernières années, c’est la Corbeille, le centre-ville namurois et ses plus proches quartiers de la première couronne qui, en matière de nouvelles dynamiques urbaines, ont évolué de la façon la plus spectaculaire. Notamment pour y faire revenir les ménages. Eclairage, avec Xavier Mariage.
Où situez-vous les dynamiques urbaines à l’œuvre aujourd’hui sur le territoire namurois?
Le centre, au cours des dernières années, a concentré une série de projets. Il y a eu la construction du Grand manège et du Delta, pour le côté culturel. En matière de mobilité, on citera la nouvelle passerelle, qui enjambe la Meuse, et l’extension du piétonnier, en cours. D’un point de vue touristique, on pointera le téléphérique et la rénovation de la Halle al’Chair en lieu d’information. Et pour les espaces publics, la création de l’esplanade de la Confluence et la rénovation de la place Maurice Servais, par exemple. A tout cela, on doit ajouter plusieurs projets d’envergure en cours de concrétisation: celui baptisé Novia, sur le site des anciennes casernes et celui de la rue des Carmes. Donc, indiscutablement, le centre-ville namurois répond aux dynamiques urbaines d’aujourd’hui.
Ce centre-ville, dont vous parlez, n’est-il pas de plus en plus étendu hors de son espace «historique» de la Corbeille pour inclure plusieurs quartiers urbains limitrophes?
Tout à fait. C’est d’ailleurs la vision portée par la Ville de Namur dans son schéma de développement communal, adopté en 2012. Mon bureau a eu l’occasion de faire l’évaluation de cet outil d’aide à la décision près de douze ans plus tard. Ce qu’on a fait en analysant plus de 2 900 permis d’urbanisme accordés entre 2017 et 2020. Au bout de l’exercice, on a pu constater que près de la moitié de ceux-ci, 48% exactement, concernaient le périmètre d’agglomération, ce centre-ville élargi aux quartiers urbains limitrophes (Jambes, Salzinnes, une partie de Saint-Servais et de Bouge). Autrement dit, les particuliers, les promoteurs, les développeurs ont très bien compris le souhait des autorités communales d’intensifier la ville dans ce périmètre et, à l’inverse, celui de ralentir son extension hors de celui-ci.
Quels enjeux voyez-vous pour le centre-ville dans les années à venir?
J’en vois deux. Le premier est de parvenir à faire revenir des ménages dans le centre-ville grâce à l’activation des étages inoccupés des commerces. Cela doit certainement passer par une mutualisation de ces espaces, une réflexion sur des accès communs et de nouvelles typologies de logements. Par exemple, j’ai toujours été étonné qu’il n’y ait pas davantage de transformation des espaces sous toiture en penthouses. Le second enjeu est de parvenir à conserver des quartiers populaires dans le centre-ville. Actuellement, le quartier Saint-Nicolas fait face, par exemple, à un risque de gentrification dans le sillage de la mutation du quartier des Casernes. Dans un marché libre, quiconque peut, a priori, racheter un immeuble et le rénover en vue d’une location. Des mécanismes ponctuels pour préserver un juste équilibre sont à inventer et à structurer aux échelons communal et régional.
La Corbeille répond aux dynamiques urbaines d’aujourd’hui. Xavier Mariage (XMU).
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