Dette wallonne: la Cour des comptes soulève un risque d’effet boule de neige
La Cour des comptes met en garde contre un potentiel effet boule de neige en raison du ralentissement de l’inflation, combiné à d’autres facteurs.
Selon la Cour des comptes, le ralentissement de l’inflation, combiné à la hausse probable du taux d’intérêt implicite et au maintien d’un déficit élevé, pourrait créer les conditions propices à l’activation de l’effet boule de neige des intérêts de la dette wallonne.
Actuellement, en raison des taux d’intérêt historiquement bas qui ont prévalu jusqu’au début de 2022, le taux d’intérêt implicite de la dette directe régionale (soit 1,34 % en mars 2023) reste encore largement inférieur au taux d’inflation (9,6 % en 2022 et 4,1% en 2023), constate la Cour dans son cahier d’observations annuel au Parlement wallon. Dès lors, malgré l’existence d’un déficit important et le ralentissement de la croissance économique, cette situation permet d’éviter les conséquences néfastes découlant de l’activation de l’effet boule de neige des intérêts de la dette.
« Cependant, le ralentissement de l’inflation, qui retomberait sous les 2 % dès 2025, combiné à la hausse probable du taux d’intérêt implicite en raison de l’augmentation des taux de référence sur les marchés financiers en 2022 et 2023 et au maintien prévu d’un déficit élevé, pourraient créer les conditions propices à l’activation de cet effet boule de neige », prévient l’institution d’audit. La dette directe de la Région wallonne s’établissait à 23,1 milliards d’euros fin 2022 (contre 9,8 milliards d’euros fin 2017), en raison des déficits budgétaires récurrents, sur lesquels pèsent lourdement les conséquences de la crise sanitaire, des inondations de juillet 2021 et de la guerre en Ukraine.
En plus de la dette directe, la Région wallonne doit également supporter une dette indirecte de 11,4 milliards d’euros (institutions reprises dans le périmètre de consolidation de la Région et emprunts divers). Fin 2022, la dette brute consolidée (directe + indirecte) atteint donc 34,5 milliards d’euros. Cela signifie que le remboursement de la totalité de la dette de l’entité régionale nécessiterait d’y consacrer deux fois l’ensemble des recettes annuelles.
La situation de la Fédération Wallonie-Bruxelles
Quant à la Fédération Wallonie-Bruxelles, elle supportait fin 2022 une dette consolidée de 11,6 milliards d’euros, soit près de l’équivalent de ses recettes annuelles. La charge de cette dette (les intérêts payés chaque année, Ndlr) s’élevait à 191,8 millions d’euros en 2022, soit 1,3 % des dépenses de l’entité.
Pour la Cour des comptes, la situation financière de la FWB n’est pas désespérée, mais il serait prudent de réduire les déficits récurrents.
« La soutenabilité de la dette de la Communauté française dépend principalement de sa capacité à maîtriser ses soldes budgétaires futurs, et donc à limiter le recours à de nouveaux emprunts. À politique inchangée, la trajectoire observée depuis plusieurs années devrait cependant perdurer et les soldes budgétaires rester déficitaires« , conclut-elle.