Wallonie-Bruxelles: « L’heure n’est plus aux caprices institutionnels »
L’espace francophone nécessite une réorganisation complète d’ici 2024 pour l’efficacité des politiques publiques et la soutenabilité des dépenses, mais « tout diviser par deux » entre Bruxelles et la Wallonie n’est pas la solution, a affirmé le ministre-président francophone Pierre-Yves Jeholet, à l’occasion de la fête de la Fédération Wallonie-Bruxelles.
Dans un contexte de succession de crises (covid, inondations, guerre en Ukraine, crise énergétique), avec un budget plombé qui « affaiblit les capacités d’action », « l’heure n’est plus aux caprices institutionnels », a mis en garde le dirigeant MR, lors de son allocution à l’hôtel de ville de Bruxelles. « Régionaliser, communautariser, fédéraliser, scinder, transférer, tout ce vocabulaire a vieilli au rythme des années. »
Alors que les responsables politiques de Bruxelles et de Wallonie sont appelés à définir une feuille de route commune d’ici moins de deux ans pour l’espace francophone, « les seules préoccupations qui doivent nous animer sont l’efficacité de nos politiques publiques et la soutenabilité de nos dépenses. »
« Est-ce que tout diviser par deux arrangera tous nos soucis ? », demande celui qui fut l’un des élus régionalistes les plus critiques envers l’existence même de la Fédération.
« J’ai, aujourd’hui, probablement plus qu’hier, la conviction que non. Est-ce que tout réorganiser pour remettre de l’ordre dans notre espace francophone permettra de mieux répondre à ce que l’on attend de nous ? J’ai la conviction que tel est notre unique salut« , selon Pierre-Yves Jeholet.
« S’il faut discuter certes de tout et sans tabou, ne commençons pas, ne commençons plus, par discuter des institutions avant de nous accorder sur ce pour quoi elles doivent être utilisées », exhorte le chef de la coalition arc-en-ciel (PS-MR-Ecolo). « Définissons le cap avant de faire le choix du moyen de transport. Demandons-nous ce que nous, francophones de Bruxelles et de Wallonie, voulons encore faire ensemble et comment le faire. Demandons-nous, surtout, ce qui est le plus rationnel, le plus performant, le plus efficace, le plus économique. »
Face à ce qu’il ressent comme un découragement croissant d’une partie de la population vis-à-vis du politique et des institutions, sous le coup des crises et de la « fascination des démagogies », le chef de l’exécutif francophone a mis en exergue l’apport des acteurs de la Fédération: « des chercheurs de renom, des artistes brillants, des sportifs qui excellent, des enseignants, des directeurs, du personnel de l’accueil de la petite enfance passionnés et motivés et j’en passe. »
« Mais ces succès et ces talents ne peuvent occulter ni les difficultés démocratiques et sociales, ni le caractère préoccupant face à une situation où l’État, quel que soit le niveau de pouvoir au travers duquel il agit, éprouve des difficultés grandissantes à répondre à l’ensemble des sollicitations qu’il reçoit ».
« Nous sommes tous attendus au tournant », a conclu Pierre-Yves Jeholet, jugeant qu’il était « grand temps de travailler ensemble ».
De son côté, le président du Parlement de la FWB, Rudy Demotte (PS), a évité le sujet institutionnel, relevant que les problèmes du quotidien des gens étaient « à des années-lumière de l’entre-soi politique sur la machinerie institutionnelle ».
Il s’est concentré sur le rôle de l’enseignement et de la culture comme « mamelles nourricières de la démocratie » pour le rétablissement de la confiance dans le système démocratique, appelant notamment à une « contre-offensive basée sur la culture de l’universalisme ». Pour produire un narratif inspirant fondé sur les valeurs, médias et politiques doivent s’attaquer aux racines des préjugés, a plaidé le socialiste.
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