Pierre Havaux

Vent du Nord de Pierre Havaux: quand Jan Jambon (N-VA) décroche un sommet européen des Régions à Anvers

Pierre Havaux Journaliste au Vif

Le ministre-président flamand a déjà la tête dans les 27 étoiles de l’Union européenne qui, à partir de janvier, seront placées sous la présidence belge pour six mois. Il a décroché pour la Flandre le sommet européen qui lui tient tant à coeur, celui d’une douzaine de chefs de gouvernements régionaux sélectionnés pour la puissance et la vitalité des régions qu’ils dirigent. Une belle occasion pour Jan Jambon (N-VA) de voler un peu la vedette à la Belgique sur la scène européenne.

Encore trois bons mois à piaffer et puis, en selle pour six mois de présidence de l’Union européenne à l’heure belgo-flamande. Belgo-flamande? C’est que Jan Jambon (N-VA), le numero uno de Flandre, entend bien jouer aussi au maître de l’horloge. Du moins, il fait savoir qu’il invite, recevra et se régale déjà du sommet européen programmé le 18 avril prochain, à Anvers, sur les terres de son président de parti Bart De Wever. Une vraie réunion au top, non point des chefs d’Etat, mais, tout de même, de chefs de gouvernement de Régions.

Que vouloir de mieux pour marquer un territoire et empêcher les projecteurs de se braquer sur le seul niveau fédéral et son Premier ministre, Alexander De Croo (Open VLD)? Trôner comme ministre-président et nationaliste flamand au milieu d’une photo de famille de dirigeants, bannières régionales en arrière-fond: à un jet d’un scrutin fédéral et régional prévu en juin, il faudrait être politiquement stupide, ce que Jan Jambon n’est pas, pour ne pas s’offrir pareille visibilité.

Mais il ne s’agit pas seulement d’épater la galerie. Jan Jambon entend bien profiter de la présidence belge pour faire passer à l’Union européenne un message bien flamand teinté de ressentiment: prière de cesser de compter les Régions pour des prunes. «Force est de constater qu’au quotidien, les relations avec l’Europe régressent. Je veux saisir le momentum de la présidence européenne pour envoyer à nouveau à l’Union européenne le signal fort que les leviers les plus importants pour affronter les défis mondiaux sont entre les mains des Régions», faisait-il savoir il y a peu au parlement flamand. Ce que traduit assez le thème du sommet «Fit for the Future: Global Challenges, Regional Solutions».

Tant qu’à poursuivre sur sa lancée, le chef de la diplomatie flamande entend bien réserver une dose de son humeur batailleuse à son partenaire belge. Il lui tarde de grignoter sa position traditionnellement avantageuse à la table des discussions européennes et d’y décrocher pour la Flandre une surface à la mesure de ses compétences réelles.

Inutile, pour administrer cette piqûre de rappel, de sonner la mobilisation générale en ameutant les trois cents membres du Comité européen des Régions. L’effet de masse nuirait à l’efficacité de la démarche. Les cartons d’invitation s’adresseront donc à la petite douzaine de Régions choisies pour «leur force et leur capacité innovatrice» et leur aspiration commune à ne plus faire de la figuration.

Le casting reste à boucler mais l’affiche devrait comprendre la Rhénanie du Nord-Westphalie, la Saxe, le Bade-Wurtemberg, la Catalogne, le Pays basque, la Lombardie, sans doute un Land autrichien, pourquoi pas l’Auvergne-Rhône-Alpes. Bref, la crème du paysage régional européen dans laquelle la Flandre, bien sûr, ne s’oublie pas. Pas plus qu’elle n’omet d’admettre dans ce groupe select le voisin wallon, pas forcément attendu dans cette cour des grands. Difficile sans doute de faire moins, au risque de friser l’incident diplomatique belgo-belge et de passer pour un parfait goujat. Ce qui pourrait être le cas envers cette autre Région contiguë, la bruxelloise, qui n’est pas encore conviée au grand raout.

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