Liesbeth Homans accusée de transformer le Parlement flamand en « vulgaire bistrot »
Une intervention controversée de la présidente du Parlement flamand Liesbeth Homans (N-VA) continue à susciter l’émoi au nord du pays. « Liesbeth Homans n’est plus du tout en phase avec la population », estime ainsi le professeur en relations internationales Jonathan Holslag.
L’incident s’est déroulé samedi dernier lors de la prise de parole de la députée d’extrême gauche Lise Vandecasteele, qui insistait sur la crise de l’accueil de la petite enfance et ses répercussions en particulier pour les femmes.
Liesbeth Homans est alors intervenue: « Mme Vandecasteele, je ne sais pas si vous êtes consciente qu’il y a la plupart du temps deux parents, et qu’il existe aussi quelque chose comme un père ? Mes enfants sont chez leur papa« , a-t-elle lancé, déclenchant des rires et des applaudissements sur les bancs ministériels et de la majorité.
Sur les réseaux sociaux beaucoup dénoncent le manque de sens de réalité des politiques, la majorité ayant applaudi les propos de la présidente du Parlement flamand. Pour Jeroen Lievens, expert en genre et en diversité et collaborateur de l’association Femma, « non seulement Liesbeth Homans n’accorde que peu d’attention aux ménages non conformes à l’’image traditionnelle’ du couple hétérosexuel », mais elle nie l’inégalité entre les femmes et les hommes au niveau des tâches de soins, déclare-t-il à la VRT. Il rappelle que Liesbeth Homans a occupé le poste de ministre flamande de l’Egalité des chances.
Marie-Antoinette
Pour le professeur en relations internationales Jonathan Holslag, l’intervention de Liesbeth Homans est « l’équivalent démocratique » de Marie-Antoinette dont la légende dit qu’en entendant que le peuple était affamé, elle aurait répondu « s’ils n’ont pas de pain, qu’ils mangent de la brioche ». « Il y a un autre exemple de ce type. Lorsque l’empereur chinois Jin a appris que ses citoyens avaient tellement faim qu’ils mangeaient de l’herbe, il leur a répondu qu’ils feraient mieux de manger de la viande. Dans les deux cas, ce manque de sens des réalités a été sanctionné par un soulèvement populaire« , rappelle-t-il dans une chronique parue sur Knack.
Il souligne que la présidente du Parlement flamand perçoit un revenu de 276.000 euros bruts, soit cinq fois plus que la moyenne des gens. « Si j’étais une mère célibataire ou un parent d’une famille moins aisée, je ne resterais pas calme. En outre, les salaires de ces personnages sont indexés. Dans le cas de Mme Homans, ce serait un supplément de 5 500 euros pour l’année à venir. A ce tarif-là, papa peut bien rester à la maison quelques jours », écrit Jonathan Holslag.
Sur Le Vif, le journaliste Nicolas De Decker fait le même constat. « Il n’y a qu’à, ils disent toujours, à la N-VA. C’est la réponse à tout quand on veut convaincre de n’avoir rien à faire. Mais, avec eux, ce sont toujours ceux qui n’ont rien qui n’ont qu’à », écrit-il. Il rappelle que le parti de Liesbeth Homans constitue « la formation la plus puissante du royaume, qui représente les catégories sociales les mieux dotées de la région la plus nantie du pays ».
Bart Eeckhout, éditorialiste au quotidien De Morgen, estime que Liesbeth Homans a enfreint le principe de neutralité inhérent à sa fonction de présidente du Parlement flamand. « Liesbeth Homans dégrade le Parlement flamand en vulgaire bistrot où l’on donne la parole à celui qui parle le plus fort. Si ce n’est pas un certificat d’incompétence, c’est au moins un certificat d’inaptitude », écrit-il.
« Les gens sont massivement indignés et ils ont raison. Sans accueil pour les enfants, nous savons que les femmes seront catapultées dans les années 1950. Les pères et les mères n’ont pas à s’occuper de ce que le gouvernement flamand ne fait pas. Vous devez veiller à ce que la garde des enfants soit garantie », déclare Celia Groothedde (Groen) au quotidien De Standaard.
« Beaucoup de gens sont choqués de la manière dont la présidente est intervenue, et ont trouvé cela impoli et grossier« , ont écrit le chef de groupe Jos D’Haese et la députée Vandecasteele dans un courrier au bureau élargi. Pour le PTB, cette intervention est non seulement inappropriée, mais elle constitue aussi une infraction au règlement, qui prévoit que la présidente quitte son perchoir pour prendre un siège de simple député lorsqu’elle veut intervenir sur le fond du débat.
L’incident sera débattu en bureau élargi, a reconnu Mme Homans mercredi. Le PTB exige aussi d’elle des excuses « pour tous les citoyens, parents et gardes d’enfants qui ont été scandalisés » par ses propos. (Avec Belga)
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