Jan Jambon © Belga

Le gouvernement flamand dans une impasse budgétaire: le CD&V pointé du doigt par N-VA et Open Vld

Le gouvernement flamand n’est pas parvenu à dégager un accord budgétaire pour ce lundi à la mi-journée, a annoncé le vice-ministre-président N-VA Ben Weyts, en quittant la place des Martyrs vers 13h30. La « Déclaration de septembre », programme politique que le ministre-président Jan Jambon devait présenter au parlement à 14h, a dû être reportée.

Le gouvernement flamand (N-VA, CD&V, Open Vld) est donc en crise. Mais sa survie « n’est pas compromise », a affirmé M. Jambon (N-VA) à son arrivée au Parlement flamand. « Je peux vous assurer que nous continuerons de travailler dur ces prochaines heures et ces prochains jours pour trouver une solution aux dernières pierres d’achoppement. Moi, nous, y sommes obligés devant le Flamand », a-t-il affirmé face aux députés, lors d’une simple déclaration.

« Nous avons travaillé d’arrache-pied cette dernière semaine dans le but de présenter notre déclaration politique ce lundi. Malheureusement, ces discussions n’ont pas encore débouché sur un accord. Les trois partis du gouvernement souhaitent toutefois parvenir à un compromis », a-t-il ajouté. Selon Jan Jambon, un paquet élargi de mesures énergétiques est déjà prêt. « Je ne sais que trop bien que la Flandre et l’Europe sont aux prises à une crise énergétique et que la population attend des mesures décisives ».

Le CD&V pointé du doigt par N-VA et Open Vld

La défense des allocations familiales par le CD&V, face à un axe N-VA-Open Vld, était au cœur lundi d’une crise au sein du gouvernement flamand. Le ministre-président, Jan Jambon (N-VA), n’a pas pu présenter sa déclaration de rentrée devant le Parlement, ayant échoué à boucler les négociations budgétaires avant lundi 14h.

Les chrétiens-démocrates ont été très déçus lundi de la dernière proposition avancée par la N-VA et l’Open Vld sur le « Groeipakket », l’ensemble des mesures financières de soutien aux familles, qui a succédé aux allocations familiales.  L’indexation du montant de base y aurait été limitée à 2%, alors que le CD&V réclamait initialement un couplage à l’indice santé, avec la perspective de plusieurs augmentations sur l’année, à chaque dépassement de l’indice-pivot. Trop coûteux, disent la N-VA et l’Open Vld, qui préfèrent intervenir sur les suppléments sociaux. Après 24 heures de négociations intensives qui ont conduit à l’impasse en milieu de journée ce lundi, les pourparlers budgétaires ne reprendront pas avant mardi, dit-on côté N-VA.

Les nationalistes et les libéraux s’interrogent sur la stratégie des chrétiens-démocrates. Le nouveau président du CD&V, Sammy Mahdi, aurait pesé fortement sur les discussions la nuit dernière, ne laissant que peu de marge de manœuvre à ses deux ministres. Dans les travées du parlement, certains s’interrogeaient sur la volonté du CD&V de rester au gouvernement.

« Chaise de honte », « un empereur déshabillé »

La déclaration du ministre-président a été suivie de commentaires acerbes de l’opposition. Pour le deuxième parti de l’hémicycle, le Vlaams Belang (extrême droite), Jan Jambon devrait « tomber de sa chaise de honte », alors que les ménages et les entreprises attendent des mesures face à la crise.

Le chef de groupe Groen, Björn Rzoska, parle d’un « blâme incroyable » pour le gouvernement. « C’est la première fois que la Déclaration de septembre n’est pas présentée. Vous arrivez ici avec une page blanche! Vous avez raté l’échéance, vous êtes un empereur déshabillé, un ministre-président sans gouvernement! Vous devriez avoir profondément honte: pendant que la société chancèle, vous en restez à des petits jeux politiques », a-t-il vitupéré.

« Cela fait des semaines que les Flamands s’entendent dire qu’ils doivent patienter jusqu’au grand show-Jambon pour que quelque chose soit fait pour leur facture d’énergie. Ce qui se passe ici est particulièrement douloureux, ça donne l’impression que vous n’avez aucune empathie », a lancé la cheffe de groupe Vooruit, Hannelore Goeman. « C’est vraiment honteux ! On attend du politique des solutions, et vous échouez de manière flagrante ».

Pour le chef de groupe PVDA (PTB) Jos D’Haese, le plus dérangeant n’est pas tant les querelles politiciennes, que le fait d’envisager des économies alors que sévit « la plus grave crise du pouvoir d’achat de ce siècle ». « Si le gouvernement se permet de reporter sa Déclaration de septembre, il serait alors logique que les ménages puissent reporter leurs paiements », a-t-il ajouté.

Mettre de côté les « égos et la politique de parti »

« Les politiques démocratiquement élus ont le devoir de représenter le peuple flamand, dans les bons moments, comme dans les mauvais, » a réagi Gert Truyens du syndicat libéral ACLVB, alors que gouvernement flamand n’est pas parvenu à dégager un accord budgétaire pour ce lundi à la mi-journée.

Le syndicaliste a appelé les politiques à « mettre de côté leurs égos et la politique de parti, et à agir dans l’intérêt de tous les Flamands qui ont aujourd’hui besoin d’un réel leadership pour les guider à travers cette période difficile ».

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