Pascal Smet, une personnalité déterminée jusqu’à en être clivante
Pascal Smet n’a pas toujours fait l’unanimité. Loin de là . Portrait.
Le secrétaire d’Etat bruxellois démissionnaire était à la tête, notamment, des départements de l’Urbanisme, du Commerce Extérieur et des Relations internationales depuis le début de la législature en 2019. Il avait auparavant passé cinq ans, comme ministre régional, à la tête du département de la Mobilité et des Travaux Publics, un département qu’il connaissait bien pour l’avoir eu en charge entre 2004 et 2009, année de l’éviction de son parti de la majorité à Bruxelles. Ce revers politique fut largement atténué pour le bouillonnant ministre sortant par un mandat de ministre au gouvernement flamand où il fut en charge de l’Enseignement, jusqu’en 2014.
Âgé de près de 55 ans, Pascal Smet est né à Haasdonk, dans l’entité de Beveren-Waas. Il est l’aîné d’une famille de trois garçons nés dans le milieu ouvrier. Licencié en droit à l’université d’Anvers en 1990, son éveil de conscience politique survient concrètement en 1985, à l’occasion de la manifestation contre l’installation de missiles américains en Europe, à laquelle il prend part, comme les socialistes emmenés par le président du SP Karel Van Miert.
Commissariat Général aux réfugiés
Il entame sa carrière politique à la fin des années 1980, comme conseiller communal à Beveren, et ensuite provincial de Flandre Orientale. Entre 1990 et 1992, il occupe la présidence des jeunes socialistes flamands. En 1991, il entre au Commissariat Général aux Réfugiés et aux Apatrides (CGRA) en tant que gestionnaire de dossier. Après une année 1997 passée au cabinet du ministre de l’Intérieur Johan Vande Lanotte, il revient au sein de cette institution, en tant que commissaire général adjoint. Un an plus tard, il hérite du strapontin de directeur de cabinet adjoint du ministre de l’Intérieur libéral francophone Antoine Duquesne.
Au début de l’année 2001, il fait un nouveau retour au Commissariat Général aux réfugiés, mais cette fois comme commissaire général. En mauvaise posture électorale à Bruxelles en 2003, le sp.a présidé par Steve Stevaert, le propose en remplacement du secrétaire d’Etat bruxellois Robert Delathouwer, en septembre, à près d’un an des élections.
Imprimer sa marque à Bruxelles
D’emblée, il fait volontiers étalage de ses idées pour imprimer Bruxelles de sa marque avec plus ou moins de succès en fonction des dossiers. Ses combats en faveur d’une plus grande place à la mobilité douce (piétons et cyclistes) ont produit plus de résultats au fil des ans que la palme médiatique décernée à son projet de piscine à ciel ouvert, cependant désormais proche d’une concrétisation.
Durant ses mandats à la tête du département de la Mobilité et des Travaux Publics, il a notamment donné un premier coup d’accélérateur à la politique cyclable en Région-capitale, à l’image du lancement des vélos en libre service et du projet de piste cyclable le long de la Petite Ceinture, en voie d’achèvement. Cet amoureux de la petite reine a aussi été contraint, presque malgré lui, de mettre beaucoup d’énergie dans le dossier de la rénovation des tunnels bruxellois. Leur examen minutieux, réalisé à sa demande, au cours de l’année 2015 a révélé d’inquiétants signaux de dégradation.
Il a comparé Bruxelles à une prostitué
Plutôt fonceur, Pascal Smet n’hésite pas à dire ce qu’il pense ni à proposer des projets novateurs, parfois avant de savoir s’ils ont des chances de faire consensus. Cela donne de lui l’image d’un homme persévérant auprès de ses partisans, plutôt entêté, pratiquant du « solo slim » auprès de ses détracteurs. Le 15 décembre 2017, sa comparaison de Bruxelles, « à la fois belle, excitante et déplaisante » à une prostituée, avait ainsi provoqué des réactions indignées de la classe politique, malgré ses excuses.
Projeté au-devant de la scène à la suite de révélations du lanceur d’alerte Mark Mac Gann, le nom de Pascal Smet a été évoqué l’an dernier dans le contexte des Uber Files, l’enquête menée par un consortium international de journalistes qui a révélé les méthodes y compris illégales auxquelles la multinationale a eu recours dans plusieurs pays pour s’imposer sur le marché.
Cette enquête a révélé l’existence de contacts entre Uber et le gouvernement bruxellois lors de la préparation de la réforme de l’ordonnance taxis. L’ex-ministre de la Mobilité s’est toujours défendu, depuis ces révélations, d’être sorti des clous du défendable en matière de lobbying.
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