Bertin Mampaka
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L’immunité de Bertin Mampaka (MR), cité dans l’affaire Milquet, ne sera pas levée: «Que cherche le Parquet? A nous ridiculiser?» (info Le Vif)

Mélanie Geelkens
Mélanie Geelkens Journaliste, responsable éditoriale du Vif.be

Ce jeudi, le Parlement bruxellois a décidé de rejeter la demande de levée d’immunité du député MR (ex-CDH) Bertin Mampaka, cité dans l’affaire Milquet. Des politiques qui se protègent entre eux ou une décision logique basée sur des aspects techniques et procéduraux?

En mars dernier, le Parlement bruxellois convoquait sa commission des poursuites. Mission: se prononcer sur la levée d’immunité de Bertin Mampaka. Cet ancien député CDH, passé en 2020 au MR et 4ème sur la liste régionale libérale bruxelloise le 9 juin prochain, est inculpé dans l’affaire Milquet. En 2014, Le Vif révélait que l’ancienne ministre fédérale était soupçonnée d’avoir engagé au sein de son cabinet des collaborateurs dont l’unique mission semblait être de préparer sa campagne électorale. Un an plus tard, celle qui fut présidente du parti centriste était inculpée pour prise illégale d’intérêts.

L’affaire est toujours en cours, et a connu un rebond médiatique, en mars dernier, lorsque Bertin Mampaka (qui avait déjà été auditionné en 2016) a donc été visé par une demande de levée d’immunité parlementaire. La commission des poursuites du Parlement bruxellois s’est réunie le 24 avril dernier. Et a décidé de rejeter cette demande. Selon nos informations (les délibérations sont normalement confidentielles), DéFI, PS et MR ont voté contre, Ecolo a voté pour. Problème: la Cocof (Commission communautaire commune, qui devait également rendre un avis) avait, elle, voté… en faveur de la levée d’immunité. «Du jamais-vu», paraît-il. «Personne ne comprend très bien ce qu’il s’est passé.»

Ce jeudi, dès 9 heures, le Parlement bruxellois s’est réuni en plénière pour rendre sa décision finale. L’immunité de Bertin Mampaka ne sera finalement pas levée, le Parlement ayant suivi l’avis de sa commission. Avec 39 voix contre, 22 pour et 7 votes blancs. Côté Cocof, c’est finalement un rejet aussi, avec 34 voix contre, 18 pour et 6 votes blancs.

«Si le Parlement refuse de lever l’immunité de Bertin Mampaka, ce serait vraiment incompréhensible, glissait un observateur mercredi, la veille du vote. Alors qu’on reproche régulièrement au monde politique d’être déconnecté du réel.»

Incompréhensible ? Pas aux yeux de ce député, qui a voté contre, faute d’avoir pu se forger un avis éclairé. «Trouvez-vous normal de se prononcer sur un résumé de faits sans aucune pièce probante?,» réagit-il. Ses multiples demandes pour avoir accès au dossier sont apparemment restées lettre morte. «Pourquoi le Parquet n’a-t-il RIEN transmis? Que cherche-t-il? Se mettre en valeur? Nous ridiculiser? Interférer dans la campagne électorale?»

«Les députés n’ont pas voté ‘bêtement’»

«Les députés n’ont pas à se prononcer sur le fond d’un dossier dans le cadre de poursuites», nuance toutefois un observateur, selon qui les élus ne doivent pas empêcher la justice de mener ses investigations. Mais d’autres commissions des poursuites, amenées à se prononcer dans d’autres affaires, avaient pourtant pu avoir accès au dossier, selon l’avocat de Bertin Mampaka, maître Antoine Leroy.

Qui se déclare «satisfait que les députés n’aient pas voté ‘bêtement’ selon des considérations politiques», réagit-il. Selon lui, plusieurs «aspects techniques et procéduraux posaient de gros problèmes». Des devoirs d’enquête sont en effet toujours possibles dans ce dossier, «donc le Parquet pourrait encore changer d’avis. Il n’était pas possible de décider sur base d’un avis incomplet». Et l’avocat d’ajouter: «A cinq semaines des élections, dans un dossier ouvert depuis dix ans, cette demande de levée d’immunité n’avait pas de sens».

Affaire Milquet: relire notre enquête publiée en 2014 | Les étranges collaborateurs de Joëlle Milquet

Rien n’empêche, par ailleurs, le Parquet d’à nouveau demander une levée d’immunité de Bertin Mampaka. Qui est cité dans ce dossier, apparemment, pour une question d’un SMS envoyé à Joëlle Milquet, suggérant d’engager un lointain neveu. Il lui est donc reproché d’avoir participé à l’organisation de la campagne de Joëlle Milquet depuis son cabinet.

En mars dernier, dans La Libre, Bertin Mampaka s’étonnait de cette demande de levée d’immunité «plus qu’étonnante, à trois mois des élections». Il avait raconté avoir, en 2016, renoncé lui-même à son immunité parlementaire. «Un propos maladroit, car on ne peut pas renoncer à son immunité, assure son avocat. Ce qu’il voulait dire, c’est qu’il restait à la disposition de la justice.»

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