La majorité bruxelloise s’effrite : PS et Ecolo en guerre ouverte sur le dossier de la friche Josaphat
Cela fait maintenant deux semaines que les ministres bruxellois Ecolo ont quitté brutalement une réunion du gouvernement bruxellois. En cause, un projet de construction sur le terrain de la friche Josaphat porté par le PS. Voici tout ce qui s’est passé.
Le 16 février, les ministres Ecolo/Groen Alain Maron, Barbara Trachte et Elke Van Den Brandt quittent une séance du gouvernement bruxellois prématurément. Plus exactement, ils claquent la porte.
Ils refusent d’aborder plusieurs dossiers sensibles au sein de la majorité bruxelloise. Parmi eux, le projet d’aménagement de la friche Josaphat. C’est ce dossier qui est au cœur de toutes les tensions.
En cause, une différence de point de vue entre PS et Ecolo ainsi qu’un manque de coordination entre les équipes des partis respectifs.
Concrètement, les socialistes aimeraient construire 509 logements sur les 13 hectares de la friche Josaphat. Un projet qu’Ecolo a soutenu durant un temps avant de se rétracter et de demander à le revoir, une importante mobilisation citoyenne s’étant organisée pour protéger les espaces verts de Bruxelles.
« Le PS avance seul »
« Nous avons appris que, sans attendre d’accord politique au gouvernement, le PS était passé à l’exécution de sa vision du projet en mandatant les conseils d’administration de quatre organismes impliqués (le fonds du logement, la SAU, la SLRB et Citydev) de prendre les premières décisions pour réaliser le projet. Les points ont été mis à l’ordre du jour de ces organismes, où le PS est largement représenté », a déclaré une source proches des ministres bruxellois d’Ecolo à nos confrères du journal « Le Soir ».
« Les socialistes sont passés outre la logique de compromis gouvernemental. Nous considérons cela comme un déni de démocratie, en raison des résultats de l’enquête publique qui impliquait que le projet soit rediscuté. Le PS est à nouveau dans une logique de mauvaise gouvernance et nous avons voulu marquer le coup », a-t-il ajouté.
Côté PS, on pointe du doigt un « retournement de veste » causé par l’augmentation de la mobilisation citoyenne en défaveur de ce projet. « Nous constatons d’ailleurs l’absence de proposition ; il s’agit donc d’un blocage pur et simple » avait communiqué le parti.
Chacun dans son coin
Depuis le 16 février, on ne peut pas dire que la situation se soit grandement améliorée. La semaine dernière, pas de réunion entre les ministres bruxellois, congés politiques obligent.
La situation a donc continué à s’empirer malgré de timides contacts entre Ahmed Laaouej, président de l’aile bruxelloise du PS et Rajae Maouane, coprésidente d’Ecolo. Ces échanges n’ont pas abouti.
C’est désormais par voie électronique que se tiennent les réunions du gouvernement bruxellois, les trois ministres du groupe Ecolo/Groen ayant refusé de se rendre sur place.
En parallèle, ce jeudi se tenait une action devant le siège du gouvernement bruxellois. Une trentaine d’activistes membres de Natagora, Greenpeace, « Sauvons la friche » et plusieurs autres associations et collectifs étaient présents.
« On ne parle pas de crise gouvernementale »
À l’heure actuelle, ni Ecolo, ni le Parti Socialiste ne souhaitent parler de crise gouvernementale. Ecolo se dit prêt à rejoindre la table des négociations mais attend un geste de la part des ministres socialistes et de Rudi Vervoort.
Un geste qui pourrait bien ne jamais arriver car un marché public a d’ores et déjà été ouvert. Selon le PS, « les offres ont été déposées avant la crise et l’augmentation du coût des matériaux ». Ces dernières arriveront à échéance le 9 mars prochain. Ce délai dépassé, les coûts des travaux pourraient augmenter de l’ordre de 30%, toujours selon les socialistes. Cette hausse pourrait s’accompagner de pénalités contractuelles …
Malgré la communication « ouverte » de ces partis, ce moment de crise semble loin d’être passé. D’autant plus que des discordes concernant d’autres sujets sensibles pourraient venir jeter de l’huile sur le feu dans les prochaines semaines.
Affaire à suivre.
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