
Plus de 10.000 personnes ont manifesté à Bruxelles pour les droits des femmes: « Les récentes décisions gouvernementales nous alertent sur des régressions inquiétantes »
Le 8 mars était la journée internationale de lutte pour les droits des femmes, 10.000 personnes ont défilé dans les rues de Bruxelles, selon la police.
Plusieurs milliers de personnes ont défilé samedi après-midi dans les rues bruxelloises pour alerter sur des « régressions inquiétantes » concernant les droits des femmes et sur « le virage à droite de la société et de la politique », à l’occasion du 8 mars. Selon la police bruxelloise, quelque 10.000 personnes étaient présentes.
« Les récentes décisions gouvernementales en matière de droits sociaux nous alertent sur des régressions inquiétantes », a déclaré la Marche mondiale des femmes, organisatrice de la manifestation. Le mouvement féministe et anticapitaliste regrette notamment la flexibilisation des temps de travail, qui affectera principalement les emplois occupés par les femmes. Il plaide en outre pour une dépénalisation totale de l’interruption volontaire de grossesse (IVG), la reconnaissance des droits des femmes migrantes ou encore la lutte contre toute forme de violences de genre.
Le MR hué
Plusieurs mouvements de défense des droits des femmes, syndicats et partis politiques ont participé à la manifestation. Mais tous les partis n’étaient pas les bienvenus. Une délégation du MR a notamment été huée avec le slogan « MR, raciste, hors de la manif » et arrosée d’eau, ce qui a contraint les membres du parti libéral francophone à quitter l’événement. « Pourquoi sommes-nous en colère contre le MR? Parce qu’il joue avec les droits fondamentaux des femmes« , a lancé Sophie Rohonyi, présidente de DéFI et du Conseil des femmes francophones de Belgique (CFFB). « Nous en avons assez que les droits des femmes soient invariablement la première victime des contraintes budgétaires et des marchandages politiques », a-t-elle ajouté.
Le ministre de la Sécurité et de l’Intérieur Bernard Quintin (MR), présent à la manifestation, a réagi sur X à la suite de l’incident. « Une certaine gauche semble vouloir confisquer le combat pour l’égalité à coup d’agressions verbales et physiques. C’est purement inacceptable, et dangereux pour notre société et l’ordre public. L’ensemble des démocrates doivent dénoncer ces dérives et ces violences », a-t-il écrit.
Le président du MR, Georges-Louis Bouchez, a lui aussi exprimé sa colère dans un post sur X. « Une certaine gauche militante tente d’accaparer des causes qui sont normalement universelles. En agissant de la sorte, elle fait énormément de mal à ces combats et aux personnes qui doivent en bénéficier. Cette gauche militante radicalisée et souvent violente est une menace pour notre démocratie. Elle est alimentée par certaines associations qui touchent de l’argent public à des fins partisanes. Les démocrates doivent se lever pour condamner ces violences. Ceux qui se tairont seront complices de régressions démocratiques par petit bout », a-t-il affirmé.
Selon la police bruxelloise, hormis les accrocs avec la délégation du MR, la manifestation s’est déroulée sans incidents majeurs.
À l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, un village féministe a par ailleurs été érigé sur la place de l’Albertine, près de la gare de Bruxelles-Central. Une « flash mob » a aussi été organisée à 13h30 pour dénoncer les violences faites aux femmes et mettre en avant leur force et leur résilience.
2.000 personnes à Gand
Quelque 2.300 personnes ont participé samedi à une manifestation à Gand pour les droits des femmes, organisée par le Collecti.e.f 8 maars, selon l’organisation. La police a estimé le nombre de manifestants et manifestantes à 1.700, une fréquentation record tout de même.
Les participants et participantes ont notamment protesté contre la politique du gouvernement Arizona qui, selon eux, creuse l’écart entre les pensions et détériore les conditions de travail. Les personnes présentes ont également critiqué les autorités gantoises, en particulier leur manque d’attention à la sécurité des femmes dans la ville.
Outre la manifestation, un mini-festival gratuit a été organisé avec des spectacles et des ateliers. L’organisation, enchantée du succès de l’événement, a souligné que la lutte pour les droits des femmes se poursuit. Elle appelle à des changements structurels et vise à terme une grève des femmes à grande échelle, comme en Islande.