Taxes additionnelles: voici les communes bruxelloises les plus gourmandes (carte interactive)
Pour parvenir à boucler leur budget, les communes comptent beaucoup sur leurs deux principales taxes : les additionnels à l’impôt des personnes physiques et au précompte immobilier. Voici, pour un ménage-type, ce que votre commune prélève en 2023. Tous les Bruxellois ne sont pas logés à la même enseigne…
Après la crise sanitaire, les communes bruxelloises pensaient le pire derrière elles. C’était sans compter la flambée des prix de l’énergie et l’inflation galopante, nouvelles tuiles asphyxiantes pour les budgets locaux. Malgré ces défis de taille, les communes parviennent à garder la tête hors de l’eau et à absorber l’explosion des coûts, révèle une étude de Belfius sur les finances locales en 2023.
Pour éviter de se mettre dans le rouge, les pouvoirs locaux bruxellois peuvent notamment tabler sur leurs rentrées fiscales, qui représentent plus de la moitié (53%) de leurs recettes ordinaires en 2023.
Celles-ci sont en progression de 16,4% par rapport à 2022. Une hausse fulgurante principalement imputable aux taxes additionnelles, à savoir le taux additionnel à l’impôt des personnes physiques (IPP) et les centimes additionnels au précompte immobilier (PRI). La taxe additionnelle au précompte immobilier, notamment, a largement bénéficié de l’indexation des revenus cadastraux (+9,6% par rapport à 2022).
Au sein des recettes fiscales, les centimes additionnels au PRI correspondent ainsi à 58% des recettes, et la taxe additionnelle à l’IPP, à environ 19%. Les deux ensemble pèsent 1,2 des 1,5 milliard de recettes fiscales des communes bruxelloises.
Qu’est-ce qu’une taxe additionnelle?
Concrètement, les communes peuvent décréter des taux additionnels de leur choix, tant sur l’IPP que sur le PRI. La Région bruxelloise n’imposant pas de plafond maximal, certaines communes appliquent des taux supérieurs à d’autres, leur permettant de mieux éponger leurs dépenses.
De manière générale, les communes de la région bruxelloise ont opéré ces dernières années une sorte de tax-shift, privilégiant l’imposition sur l’immobilier plutôt que sur le revenu. En d’autres termes, les centimes additionnels au PRI ont eu tendance à augmenter, là où les taux additionnels à l’IPP ont souvent été revus à la baisse.
Une observation qui se vérifie moins au sud du pays. Ainsi, sur les 20 dernières années, les communes bruxelloises ont en moyenne augmenté leurs additionnels au PRI de 35%, contre 22% pour les communes wallonnes.
Les communes bruxelloises, les plus gourmandes
Voici les taux appliqués en 2023 dans les communes bruxelloises pour ces deux taxes (% additionnels à l’IPP – centimes additionnels au PRI) :
- Anderlecht (5,5% – 3850)
- Auderghem (6% – 1990)
- Berchem-Sainte-Agathe (6,8% – 3190)
- Bruxelles (6% – 2950)
- Etterbeek (6,3% – 2966)
- Evere (6,5% – 3800)
- Forest (7% – 3990)
- Ganshoren (6,5% – 3240)
- Ixelles (7,5% – 3450)
- Jette (6,4% – 3890)
- Koekelberg (6% – 3090)
- Molenbeek (6,3% – 3890)
- Saint-Gilles (6,3% – 3450)
- Saint-Josse (6,5% – 2980)
- Schaerbeek (4,6% – 4191)
- Uccle (5,7% – 2940)
- Watermael-Boitsfort (7% – 3090)
- Woluwé-Saint-Lambert (5,4% – 3200)
- Woluwé-Saint-Pierre (6% – 2200).
Contrairement aux communes wallonnes, plus frileuses à l’idée d’indexer leurs taxes, de nombreuses communes bruxelloises ont rehaussé leurs centimes additionnels au PRI en 2023. Parmi les 13 communes qui ont procédé à cette augmentation en Belgique, huit se trouvent en Région bruxelloise.
La hausse la plus significative s’observe à Forest, passant de 3120 centimes additionnels en 2022 à 3990 en 2023 (+27%). Viennent ensuite les communes d’Anderlecht (+18%), d’Ixelles (+17%), de Molenbeek (+16%) et de Saint-Gilles (+11%). Watermael-Boitsfort (+10%), Schaerbeek (+10%) et Ganshoren (+8%) ont également eu recours à cette augmentation.
Dans certaines communes, cette hausse des centimes additionnels au PRI a été partiellement compensée par une baisse du taux additionnel à l’IPP. Ganshoren a notamment diminué son taux de 6,8 à 6,5%, Schaerbeek de 4,9 à 4,6% et Watermael-Boitsfort de 7,5 à 7%. Cette opération n’est pour autant pas nulle: ce glissement fiscal permet aux communes précitées de tout de même engranger des revenus supplémentaires. Seule la commune d’Etterbeek a procédé à une baisse de son taux additionnel à l’IPP (de 6,7 à 6,3%) sans toucher aux centimes additionnels au PRI.
Des finances communales dans le rouge
La hausse manifeste des taux d’imposition observée en 2023 s’explique surtout par des finances communales mises à mal par les crises successives dans la capitale. A Forest, notamment, le budget 2022 n’avait pas été approuvé par la tutelle régionale. D’où la nécessité de renflouer les caisses.
Quelques mises en garde s’imposent néanmoins lorsqu’on établit des classements des communes en fonction de leurs taxes. Un commune aux taux élevés n’est pas forcément une mauvaise gestionnaire, mais peut être une commune devant porter une dette historique particulièrement lourde. Ou qui ne peut compter sur certaines rentrées substantielles, qui bénéficient pourtant à d’autres.
Surtout, le rendement de la fiscalité diffère fortement d’une commune à l’autre. A taux égal, la taxe additionnelle à l’IPP rapportera beaucoup plus à une commune dont les revenus des habitants sont plus élevés qu’à une entité où le revenu moyen est faible. Le rendement du précompte immobilier dépend, lui, du revenu cadastral, donc du profil de l’habitation.
Ce que paierait notre ménage-type
Pour comparer le niveau de fiscalité des communes, Le Vif s’est donc basé sur les prélèvements que réaliserait une commune en 2023, à partir de ces deux taxes (IPP-PRI), sur un ménage-type.
Quel est ce ménage-type ? Pour le calcul de la taxe additionnelle à l’IPP, les projections se basent sur un couple marié et sans enfant, dont l’impôt dû à l’état s’élève à 20.000 euros par an, avant déduction du précompte professionnel. Pour le calcul des centimes additionnels au PRI, les calculs se réfèrent à une habitation au revenu cadastral de 1.500 euros (avant indexation), sans enfant à charge*.
Quelles sont les communes qui taxent le plus ?
Il apparaît, après projection sur un ménage-type, qu’une forte disparité existe entre communes. A Auderghem (commune qui taxe le moins), notre couple-type paierait 1.980€ de taxes additionnelles en 2023, contre 2.965€ à Forest (commune qui taxe le plus), soit un différentiel de près de 1.000€.
Derrière Auderghem, les communes qui prélèveraient le moins en 2023 sur ce ménage-type sont Woluwe-Saint-Pierre (2.063€), suivie de Uccle (2.293€) et Woluwe-Saint-Lambert (2.335€).
A l’autre bout du classement, derrière Forest, c’est à Ixelles que le ménage-type devrait s’acquitter du montant le plus important : 2.853€. Elle est précédée de Jette (2.805€), Evere (2.790€) et Molenbeek-Saint-Jean (2.785€).
La taxe d'agglomération, cerise sur le gâteau
Si ce classement reflète fidèlement les taux d'imposition de chaque commune, le montant estimé par ménage-type n'est pas 100% exact. Il faudra encore y ajouter une taxe additionnelle fixée au niveau de l'agglomération bruxelloise. Alors qu'ailleurs en Belgique, chaque province peut déterminer ses propres centimes additionnels au PRI (compris entre 1150 dans le Brabant wallon et 1980 dans le Luxembourg), à Bruxelles, ces additionnels sont fixes et s'élèvent à 989 en 2023.
En comprenant cette taxe d'agglomération, notre ménage-type devra s'acquitter d'un montant total de 2368€ à Auderghem et 3353€ à Forest.
* Note importante sur la méthodologie utilisée
Pour des raisons de lisibilité, et s'agissant d'un exemple théorique, les montants de référence sont similaires à ceux employés lors du classement des communes réalisé en 2022. Au vu de l'inflation importante (9,6% en 2022), ces montants pourraient être indexés d'environ 10% afin d'être plus en phase avec la réalité.
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