«Avec Good Move, on se fait chier dans les bottes»: Groen défend le bilan du controversé plan de mobilité
Le plan de mobilité Good Move revient à l’avant-plan d’un agenda politique bruxellois qu’il n’a jamais vraiment quitté. Si les résultats de ces grands travaux sont positifs, la famille Groen-Ecolo continue d’essuyer les critiques des autres partis, qui veulent porter le coupe de massue.
À Bruxelles, la campagne électorale se cristallise sur quelques dossiers tendus qui ont marqué la législature, comme celui de Good Move. Le grand plan de mobilité, porté par la ministre Elke Van den Brandt (Groen), est utilisé par (quasi) tous les partis présents dans la capitale pour attaquer le bilan des écologistes flamands et de leurs camarades d’Ecolo.
Sur Facebook, les publicités politiques sponsorisées tentant de convaincre les futurs électeurs que le plan Good Move est en réalité un bad move sont légion. Le MR évoque «la mise en œuvre chaotique» d’un «plan #BadMove de la gauche marqué par des changements de direction constants […], qui ont mené à des aménagements hideux». Toujours dans l’opposition, Les Engagés veulent «déboucher Bruxelles en repensant Good Move», qu’il faut selon les centristes revoir de A à Z. Plus surprenant: les partenaires des écologistes au gouvernement (PS, Vooruit, DéFi, Open Vld) critiquent eux aussi le plan de mobilité. Le bourgmestre de Koekelberg Ahmed Laaouej (PS) se montre particulièrement virulent sur ce dossier. La tête de liste socialiste à Bruxelles fait un peu cavalier seul sur le sujet au sein de son parti, le bourgmestre de Bruxelles-ville Phillipe Close et le ministre-président actuel Rudi Vervoort y étant favorables.
«Le MR et le PS emploient un double discours en fonction du quartier dans lequel ils évoquent Good Move»
Cabinet d’Elke Van den Brandt
Good Move: les écologistes seuls face à tous
Esseulés, Groen, et dans une moindre mesure Ecolo, sont pointés du doigt comme les uniques responsables des embouteillages et de l’augmentation du prix des places de parking dans la capitale. Pourtant, les Verts n’y étaient pas, au gouvernement qui a préparé le plan Good Move. Au contraire du PS et des Engagés, qui ont en quelque sorte retourné leur veste. «Le MR et le PS emploient un double discours en fonction du quartier dans lequel ils évoquent Good Move, dénonce-t-on du côté du cabinet Van den Brandt. Cet électoralisme est hallucinant: on se fait chier dans les bottes, alors qu’on propose quelque chose de constructif, derrière lequel tous les partis devraient se ranger.»
«Avec du recul, je ne sais pas si baptiser cette réforme Good Move était une bonne idée»
Caroline Sägesser (Crisp)
Selon la politologue du Crisp Caroline Sägesser, les arguments des opposants à Good Move sont principalement électoralistes. «Faire endosser la maternité de ce plan de mobilité régional à Elke Van den Brandt n’est pas correct, le PS et DéFi se défaussent de leurs responsabilités. Globalement, les résultats sont positifs, mais c’est plutôt au niveau de la communication que ça a pêché. Avec du recul, je ne sais pas si baptiser cette réforme Good Move était une bonne idée. Et puis, certains ont délibérément choisi de la réduire au volet qui concerne les voitures.»
Un grand plan de mobilité sur dix ans
Approuvé en 2020 par le gouvernement bruxellois, il définit la stratégie de mobilité sur dix ans. Objectif: «améliorer le cadre de vie des Bruxellois, tout en accompagnant le développement démographique et économique de la Région de Bruxelles-Capitale». Le plan régional se décline en plusieurs axes: augmentation de l’offre de transports en commun, zones 30 en ville, pistes cyclables et… nouveau plan de circulation.
C’est la dernière mesure qui a le plus fait parler d’elle. Les autorités ont identifié 63 «mailles» – de grands quartiers dans lesquels la volonté est de réduire le trafic, pour faire de la place aux autres usagers – où le sens de circulation par exemple a été modifié. Lors de son entrée en vigueur à l’été 2022, ce volet du plan de mobilité régional en particulier avait provoqué un tollé (ou du moins certains partis en ont donné l’impression) de la part des automobilistes, qui ont vu leur parcours habituel chamboulé. L’objectif à l’époque était de rediriger les voitures vers les axes bruxellois extérieurs, pour désengorger l’intérieur de la capitale.
«Certaines communes n’ont pas joué le jeu»
Caroline Sägesser (Crisp)
Mais, la mobilité étant une compétence à cheval entre la Région et les communes, il revenait aux 19 communes bruxelloises d’appliquer le plan Good Move à leur échelle. Certaines – comme Koekelberg, entité dirigée par Ahmed Laaouej – continuent de s’y opposer. «L’implémentation des différentes mesures pose problème au vu de la répartition des compétences. Certaines communes n’ont pas joué le jeu», assure Caroline Sägesser.
Le bilan positif de Good Move à Bruxelles-ville
Au niveau régional, le cabinet Van den Brandt affiche les évolutions positives liées à Good Move sous cette législature: réduction de la vitesse moyenne en ville, augmentation de 15% de l’offre STIB, 70 km de pistes cyclables supplémentaires, accessibilité aux usagers faibles, et végétalisation des espaces publics alors que 20.000 arbres et arbustes ont été plantés.
Fin mai, la Ville de Bruxelles a aussi communiqué de nouveaux résultats, concernant le schéma de circulation à l’intérieur du Pentagone, la «petite ceinture» qui circonscrit le centre de la capitale. Résultat: «Un impact positif sur la qualité de vie et l’attractivité du centre‐ville et sur la santé des habitants et des habitantes». Alors que les accidents ont baissé de 10,6% au niveau régional par rapport à 2019, le curseur grimpe à 21% pour le Pentagone. Gommette verte aussi pour la qualité de l’air: la concentration en dioxyde d’azote (NO2) – gaz nocif pour la santé surtout émis par les véhicules essence et diesel – a baissé de 35% sur la même période.
Les opposants à Good Move estiment aussi que l’offre de transports publics n’a pas compensé les mesures relatives à l’usage de la voiture. «À mon sens, c’est l’argument le plus valable: l’offre de transports en commun est le talon d’Achille du plan de mobilité», estime Caroline Sägesser. Pour la politologue du Crisp, la Région de Bruxelles-Capitale manque de financement de ce point de vue-là de la part du fédéral, le chantier du métro 3 bruxellois en incarnant un bon exemple.
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