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A Bruxelles, sous fond de narcotrafic, une guerre de gangs, mais lesquels?

Clément Boileau
Clément Boileau Journaliste

Les fusillades se succèdent dans la capitale à un rythme sans précédent. Plusieurs enquêtes judiciaires progressent. Lentement, mais sûrement.

A Bruxelles comme ailleurs, les criminels détestent être dépouillés. Que ce soit par l’Etat… ou par la concurrence. Et c’est bien là l’enjeu de la guerre des gangs qui a fondu sur Bruxelles: dépouiller l’autre de son emprise sur tel ou tel «hot spot», ces zones où le narcotrafic prospère. Une guerre de territoires qui a engendré une centaine de fusillades au cours des douze derniers mois, les balles fauchant à mort une dizaine de victimes, certaines dont le seul tort fut de se trouver au mauvais endroit, au mauvais moment.

Voilà près d’un an, le Conseil régional de sécurité avait identifié une quinzaine de ces «spots» à Bruxelles et choisi, en plus des contrôles habituels, d’aller chercher la drogue dans la poche du simple consommateur, sommé lui aussi de passer à la caisse. Cela n’a pas suffi, loin de là: la guerre s’est accentuée ces dernières semaines, notamment à Anderlecht, où les «hot spots» déjà connus (le quartier du Peterbos, les stations de métro Aumale et Clemenceau à Cureghem…) sont littéralement sous le feu des balles.

Gangs de Bruxelles: deux hommes en prison

Mais les enquêtes progressent. Depuis quelques jours, deux hommes suspectés d’avoir semé la panique le 5 février dans le métro après avoir «rafalé» –sans faire de victime– à la station de métro Clemenceau, dorment en prison. L’un avait été mis sous mandat d’arrêt dès le lendemain, l’autre a été pincé la semaine passée. Si c’est bien d’eux qu’il s’agit, balanceront-ils sur les dessous de la guerre sidérante qui agite la zone? A l’heure actuelle, les suppositions vont bon train. Nos confrères du Het Laatste Nieuws évoquent une rivalité entre deux gangs dont l’un, au Peterbos, serait soutenu par un réseau lié à une mafia d’origine marseillaise. L’autre, à Clemenceau, serait lié à un réseau marocain.

Si rien n’est confirmé à ce stade, l’été dernier, la piste d’un entrisme «marseillais» au sein du narcobusiness bruxellois avait été établie à la suite d’un coup de filet au Peterbos, menant à l’arrestation d’une douzaine d’individus et à la saisie d’armes, d’argent et de drogues. L’organisation avait ancré son quartier général au sein même du parc du même nom, désormais synonyme de violences liées au narcotrafic et de fusillades à répétition.

Deux ans plus tôt, fin 2022, une trentaine de criminels opérant dans le coin avaient déjà été condamnés à des peines allant jusqu’à huit ans de prison, et des saisies se chiffrant en centaines de milliers d’euros avaient eu lieu. Pas de quoi dissuader les narcotrafiquants de quitter ce quartier décidément très convoité. En tout cas jusqu’à présent et ce, alors même que les perquisitions et les arrestations se multiplient elles aussi: fin janvier, c’était un réseau albanophone qui était démantelé par la police de Bruxelles-Ouest, pour trafic de cannabis, après des mois d’enquête. Une nouvelle opération d’ampleur a eu lieu le 18 février, touchant à nouveau un réseau d’origine albanaise.

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