Pourquoi… Martelange est la commune wallonne qui reçoit le plus de subsides (cartes interactives)

Eglantine Nyssen
Eglantine Nyssen Journaliste au Vif, multimedia editor

Depuis 2019, 79 835 subsides facultatifs ont été distribués par les ministres des gouvernements de la Région wallonne et de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Pour un montant total de 1,3 milliard d’euros. Quelles sont les communes qui ont reçu le plus ? Quelles sont celles qui n’ont rien reçu? Qu’en est-il de la vôtre?

Quels ministres accordent quoi, combien et à qui ? Pendant plusieurs semaines, Le Vif a enquêté dans cette masse d’argent public que représentent les subsides en Région wallonne et en Fédération Wallonie-Bruxelles.

Des milliers de lignes de tableaux Excel, pour se concentrer sur les subsides dits « facultatifs » (1), soit ceux pour lesquels les élus disposent de la marge de manoeuvre la plus importante en matière d’attribution. Ces subventions ont ensuite été triées selon leur code postal, pour déterminer leur répartition géographique. Pour ne pas inutilement gonfler les « gains » des entités, certains montants ont été exclus, à savoir ceux octroyés à une bénéficiaire dont l’action n’a pas de barrière géographique (une fédération, par exemple, est forcément basée sur une commune, mais sera active sur un territoire plus large). L’analyse ci-dessous ne porte donc que sur les subsides accordés à un récipiendaire dont l’action se situe sur une commune particulière.

Alors, qui se taille la plus grosse part de ce gâteau de plus d’1,3 milliard d’euros (soit, exactement, 79 835 subsides) ?

Les « perdants » sont plus aisés à déterminer que les gagnants. En Wallonie, le top 5 des communes qui ont reçu le moins s’établit comme suit:

  • Chaumont-Gistoux: 0,97 euro/habitant
  • Neupré: 2,05 euros/habitant
  • Saint-Vith: 3,89 euros/habitant
  • Lasne: 4,76 euros/habitant
  • Waterloo: 5,45 euros/habitant

Globalement, c’est la province du Brabant wallon qui capte la plus petite manne de subsides, sur le territoire wallon (15 millions).

Retrouvez sur cette carte interactive le montant des subsides facultatifs (1) reçus par votre commune. La suite de l’article après l’infographie.

En Fédération Wallonie-Bruxelles, le top 5 des communes les moins gâtées est:

  • Herbeumont: 0,59 euro/habitant
  • Berloz: 1,45 euro/habitant
  • Donceel: 1,59 euro/habitant
  • Saint-Léger: 2,11 euros/habitant
  • Faimes: 2,60 euros/habitant

La suite de l'article après les infographies

Quid des "gagnants" ? Globalement, c'est Bruxelles et Liège qui captent les plus gros flux de cet argent public. Logique: plus peuplées, plus grandes, plus "actives", les villes. La capacité des centres urbains à attirer les subsides se fonde grandement sur leur dimension de centralité, explique-t-on au sein de plusieurs cabinets. Par ailleurs, de nombreux organismes sont historiquement installés en ville – Bruxelles, Liège et Namur constituant des pôles – mais leur champ d’activité rayonne au-delà du territoire municipal.

Mais l'analyse des montants reçus selon le nombre d'habitants révèle une autre réalité. Ainsi, les cinq communes les plus subsidiées en Wallonie sont:

  • Martelange: 521,87 euros/habitant
  • Limbourg: 345,34 euros/habitant
  • Pepinster: 265,80 euros/habitant
  • Florenville: 255,94 euros/habitant
  • Trooz: 247,65 euros/habitant

Pour Limbourg, Pepinster et Trooz, l'explication réside dans l'aide publique reçue après les inondations de 2021. Pour Martelange, deux facteurs d'explication: d'une part, le nombre d'habitants y est faible et, d'autre part, la commune a reçu une importante subvention de la part du cabinet de Christie Morreale (PS) pour une initiative locale d’intégration et de modules d’apprentissage du français (action dont le public cible se trouve en grande partie dans les onze centres pour demandeurs d’asile de la province de Luxembourg).

Découvrez ici l’ensemble de notre enquête: comment les ministres francophones octroyent-ils leurs subsides ?

(1) Par opposition aux nominatives et aux obligatoires, une subvention facultative est, juridiquement, une dépense qui n’est pas réglée par une loi (ou, ici, un décret) mais par un arrêté. Mais ces subventions ne sont pas distribuées par des ministres sans foi ni loi : elles sont encadrées par de nombreuses dispositions légales, qui limitent fortement la liberté du signataire. Il s'agit cependant incontestablement de la catégorie de subventions qui laisse le plus de marge à un mandataire politique pour orienter rapidement, et selon ses préférences, une partie des flux d’argent public sur lesquels il peut exercer un certain contrôle.

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