Eléonore Simonet, nouvelle ministre MR des Classes moyennes, une surprise qui n’en est pas vraiment une
A 27 ans, la libérale Eléonore Simonet est propulsée au ministère des Classes moyennes, des Indépendants et des PME.
«Ecoutez, c’est la première fois qu’un journaliste m’appelle, je ne sais pas vraiment ce que je peux vous dire ou non. C’est mon premier mandat.» Voilà les mots d’Eléonore Simonet au téléphone, le 22 janvier, quand Le Vif l’appelait pour discuter du budget du Siamu bruxellois suite à une question de la libérale en commission des Affaires Intérieures du Parlement bruxellois.
Moins de deux semaines plus tard, ce 3 février, Eléonore Simonet est nommée ministre des Classes moyennes des Indépendants et des PME. C’est ce qu’on appelle une ascension fulgurante.
La première mention de la Bruxelloise en politique remonte au 30 janvier 2024, quand elle est annoncée sur la liste communale de Woluwe-Saint-Lambert. «Mais c’est vraiment dans la campagne régionale qu’elle s’est révélée, se souvient Yassine Rafik, collaborateur de la tête de file des libéraux le 9 juin, David Leisterh. Elle a fait 4.522 voix, donc elle a vraiment explosé le score. C’est une femme qui présente bien, qui parle bien, c’est une bosseuse, elle est intelligente.» Très vite, elle fut apparemment remarquée par beaucoup de monde au sein du parti, et la manie de son président Georges-Louis Bouchez à dégoter des poulains qu’il transforme en poids lourds s’est réveillée.
S’appeler Eléonore Simonet confère un avantage, mais à confirmer
Une fulgurance, c’est certain. Une surprise, aussi, mais peut-être un peu moins. Parce qu’Eléonore Simonet coche plusieurs cases que le MR devait biffer: femme, bruxelloise, jeune.
Et puis, la nouvelle ministre est une «fille de». Son père, Jacques Simonet, est le dernier Ministre-Président libéral en Région bruxelloise, il fut bourgmestre d’Anderlecht de 2001 jusqu’à sa mort en 2007, quand Eléonore avait 9 ans . «Evidemment que le nom de famille a aidé. Pour nous, Jacques Simonet c’est un peu Maradona», confie Yassine Rafik. Mais Eléonore Simonet est aussi… une «petite-fille de». Son grand-père, Henri Simonet, était un socialiste reconvertit PRL cinq ans après avoir été Ministre des Affaires étrangères, souhaitant aborder une ligne plus dure sur l’immigration.
Selon le professeur en science politique à l’ULB, Jean-Benoît Pilet, avoir un nom connu est un bonus à n’importe quel échelon politique. «S’appeler Simonet confère un avantage sur la ligne de départ mais ça ne veut pas dire qu’elle sera encore là dans cinq ou dix ans si elle ne confirme pas en termes de résultats électoraux au prochain scrutin ou en termes d’avancées engrangées au travers son travail.»
Voilà pour le profil. Mais pourquoi le ministère des Classes moyennes, des Indépendants et des PME ? «Ce sont des compétences traditionnelles pour le MR, on les connaît bien, et c’est important pour Bruxelles, explique Yassine Rafik. Les indépendants et les classes moyennes, c’est le cœur de notre sursaut.» Avocate en droit des entreprises au barreau de Bruxelles, Eléonore Simonet est d’ailleurs elle-même une indépendante. «Il fallait quelqu’un qui incarnait ces compétences. C’est quasiment une mesure de salubrité publique d’avoir de nouveaux visages», s’enthousiasme Yassine Rafik.
Porter un drapeau devant Francken et les autres
Il n’empêche que l’Anderlechtoise, qui habite à côté du Parc Astrid, est la seule représentante bruxelloise à la table du gouvernement, avec Bernard Quintin. Et elle fait partie des quatre seules femmes de l’Arizona. Bref, il faut presque voir en elle un porte-drapeau alors qu’elle n’a jamais siégé dans un exécutif et qu’elle aura, chaque semaine, affaire à des Theo Francken, Jan Jambon, ou Frank Vandenbroucke qui ont déjà quelques heures de vol et la main ferme. Interrogés sur son charisme politique, ses camarades de la commission des Affaires Intérieures au parlement bruxellois ne s’avancent pas trop au vu du peu de séances programmées depuis l’installation du nouveau parlement. «C’est une personne calme et posée, elle donne l’impression d’être sérieuse dans son travail, ose le socialiste Jamal Ikazban, pas vraiment surpris par cette désignation. Puis elle a l’air aimable et ça compte en politique. Elle devra travailler dans un gouvernement qui ne sera pas simple pour Bruxelles et l’Arizona ne fera pas de cadeau. J’espère qu’elle aura la force de répondre.»
Pour s’en assurer, le MR compte bien mettre à sa disposition un cabinet expérimenté. Le nom de son chef de cabinet devrait être annoncé ce lundi dans la journée. Celui-ci devrait d’abord s’atteler aux questions qui touchent à la jeunesse, comme le relèvement du plafond des heures prestées en tant qu’étudiant à 650 heures, la réforme du statut d’étudiant-entrepreneur et l’exonération des cotisations sociales pour les femmes entrepreneuses en congé maternité qui devrait être relevée à deux mois.
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