Philippe Lamberts (ECOLO) a rompu tout lien hiérarchique avec son parti fin 2021. Depuis, il n’a plus rien rétrocédé de son indemnité parlementaire.

Quand Ecolo réclame en vain plus de 100.000 euros de rétrocessions à Philippe Lamberts: «Une dette restera pendante» (info Le Vif)

Nicolas De Decker
Nicolas De Decker Journaliste au Vif

L’ancien (2009-2024) eurodéputé Philippe Lamberts a rompu sans le dire publiquement avec son parti fin 2021. Depuis, la séparation est officielle, et Ecolo lui a réclamé en vain «une dette de près de 102 000 euros».

Un testament parle toujours d’argent. Philippe Lamberts a envoyé, quelques jours après les élections du 9 juin, une espèce de testament politique, sous la forme d’un «mémorandum à tous les membres d’Ecolo». En soixante pages (lire le document ci-dessous), cette lettre aux militants revenait sur la défaite de son parti et, surtout, sur les raisons qui avaient poussé l’eurodéputé sortant à rompre avec la direction écologiste. Il s’en est largement expliqué dans les médias, au fil de plusieurs interviews particulièrement critiques envers sa formation, et spécialement envers une hiérarchie qu’il considère comme, depuis trop longtemps, aux mains d’un petit groupe de dirigeants. Qui y feraient la pluie et le beau temps.

Philippe Lamberts les accuse également, non sans éléments matériels d’ailleurs, de l’avoir méticuleusement ignoré, défavorisé et minorisé ces dernières années. «Car si Ecolo m’a permis de vivre ces quinze années de mandat européen, ce même parti m’a aussi infligé les blessures les plus profondes de ma vie politique», explique notamment l’Anderlechtois. Il revient aussi sur le différend financier, qui a coûté plus de 100 000 euros à Ecolo, qui l’oppose à ses anciens camarades.

L’attitude d’Ecolo dans la crise de l’Autorité de protection des données (APD), au fédéral, aura été, à lire le testament politique de Philippe Lamberts, «le point de bascule» de sa rupture avec le parti, fin 2021. La trop molle défense des lanceuses d’alerte de l’APD par les écologistes, pour ménager les partenaires fédéraux de la coalition Vivaldi est, dit-il, «la goutte qui aura fait déborder un vase rempli depuis alors douze ans».

«Cet épisode m’en fait arriver au point de saturation. Pourquoi pas plus tôt ? Je n’en sais rien mais je décide, dans la foulée du Bureau politique du 13 décembre 2021 de suspendre mes relations avec la hiérarchie et les instances d’Ecolo. On pourra à juste titre souligner qu’il n’en restait pas grand-chose : très concrètement, seules demeuraient les rétrocessions financières que, depuis le début de mon mandat et en dépit du traitement subi de la part d’Ecolo, j’avais continué de verser», lit-on à la page 38 de son mémorandum-testament.

Si vous ne parvenez pas à lire le document, cliquez ici.

Des échanges de courrier avec l’administrateur-délégué responsable de la gestion financière et administrative du parti, Julien Hordies, il apparaît que la direction d’Ecolo a voulu éviter cette rupture, et qu’elle a, surtout plusieurs fois signifié vouloir récupérer cet argent: tous les mandataires rétrocèdent une partie des indemnités perçues, et chez les verts, ces rétrocessions peuvent s’élever à 20% de l’ensemble des émoluments des élus.

Mais le parti a peu de prises sur ces rétrocessions, qui ne sont appuyées que sur un commun accord, et qui ne s’appliquent pas lorsque cet accord est rompu, ce qui est ici le cas. Et pas non plus lorsque le mandat est échu.

La seule, en fait, est d’empêcher le mandataire d’être élu sur une liste écologiste ou d’être mandaté à un poste quelconque par le parti. Ce à quoi, on l’aura compris, n’aspire pas Philippe Lamberts, qui précise que «dans son dernier courrier, J. Hordies me signifie qu’en l’absence de régularisation de ma situation, je n’aurai plus le droit d’exercer le moindre mandat à Ecolo ou en son nom. C’est tout à fait logique et cela n’aurait en effet aucun sens en l’état».

Le rapport d’activités 2023 du Comité des mandats d’Ecolo, l’organe chargé de s’assurer que ces rétrocessions soient effectives, pointe «une rupture dans le chef de Philippe Lamberts dont le dernier paiement remonte à novembre 2021. Une dette de près de 102.000 euros restera pendante». Elle le restera longtemps, et sans doute même pour toujours.

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