Pourquoi MR et Engagés n’ont pas osé en finir avec la gratuité des transports en commun
Série | Tous les tabous wallons ne sont pas tombés (10/10). Malgré les «coudées franches» du MR et des Engagés, les nouveaux accords de gouvernements n’abolissent pas la gratuité (partielle) des transports en commun au sud du pays. Mais «chaque euro investi doit être utile aux Wallons et Wallonnes», avertit le nouveau ministre de la Mobilité François Desquesnes. Qui fustige au passage la gestion du dossier par le précédent gouvernement.
Le contexte
«Faire tomber les tabous.» En présentant la Déclaration de politique régionale (DPR) et la Déclaration de politique communautaire (DPC), les deux formateurs/présidents de parti Georges-Louis Bouchez (MR) et Maxime Prévot (Les Engagés) ont rivalisé de déclarations ambitieuses. Les socialistes et les écologistes, battus, sont relégués dans l’opposition, et ne pourront pas les empêcher de mettre en œuvre un programme de réformes salué par tous les éditorialistes et auquel aspire une majorité de l’électorat francophone. Jamais le centre et la droite n’ont eu autant «les coudées franches» à la Région et à la Fédération Wallonie-Bruxelles. Pourtant, certains engagements (ré-)novateurs, beaucoup d’ambitions innovantes et quelques promesses de campagne disruptives ne devraient pas, à la lecture de la DPR et de la DPC, se réaliser. Voici les tabous que le MR et Les Engagés n’ont pas osé faire tomber.
En Wallonie, les jeunes de 18 à 24 ans et les 65+ peuvent voyager à bord des bus de la compagnie TEC pour douze euros par an. Une avancée obtenue lors de la mandature précédente par les partis de gauche, pour qui la gratuité des transports en commun est l’un des chevaux de bataille électoraux. Une gratuité à laquelle la coalition de centre-droit formée par le MR et Les Engagés compte s’attaquer? «Pour l’instant rien n’a changé en la matière, car aucun des deux partis ne se positionne en faveur d’un élargissement», explique le président centriste Maxime Prévot.
Dans leur programme, Les Engagés souhaitent «harmoniser les tarifs jeunes des différents opérateurs en Wallonie». Aussi, ils veulent permettre aux étudiants ayant dépassé la limite d’âge de continuer à bénéficier de tarifs réduits. Tout en appliquant un tarif réduit pour les familles monoparentales et familles nombreuses.
«Le gouvernement précédent a saigné les dépenses avec la gratuité des TEC»
François Desquesnes, ministre de la Mobilité
Le MR ne voit pas la gratuité généralisée des transports en commun – qualifiée de «solution simpliste» – d’un bon œil, et prône «une approche plus ciblée». A savoir: «lier les avantages à des critères spécifiques, tels que le statut d’emploi ou la scolarisation», soutenir ceux qui sont «activement engagés dans des formations ou des stages dans le cadre de la recherche d’emploi». Les libéraux estiment que l’âge n’est pas le critère adéquat pour moduler les réductions de prix des transports en commun. Et soutiennent «la flexibilité des tarifs en prévoyant des prix réduits durant les heures creuses, les vacances et les week-ends».
Vers la fin de la gratuité des transports en commun
La Déclaration de politique régionale (DPR) ne mentionne aucune réforme de la gratuité des transports en commun, dans un sens comme dans l’autre. Qu’en attendre? Les propos du nouveau ministre de la Mobilité François Desquesnes (Les Engagés) sonnent déjà comme des avertissements. «L’état des finances wallonnes n’est pas bon, notamment parce que le gouvernement précédent a saigné les dépenses avec la gratuité des TEC. Ils ont été chercher l’argent via le Plan de relance européen. Au lieu d’une mesure structurelle, c’est donc un one shot».
«L’argent ne tombe pas du ciel: c’est le nouveau mantra de cette majorité»
François Desquesnes, ministre de la Mobilité
Si rien n’est mentionné à ce sujet dans la DPR, assure François Desquesnes, c’est parce que l’équipée azuréenne voudrait commencer par évaluer les résultats de cette gratuité partielle des transports en commun en Wallonie. «Ces mesures ont-elles atteint l’objectif d’allègement des coûts pour la population? Et y-a-t-il eu un engouement réel de la part des citoyens pour l’offre de transport?», se demande celui qui est aussi vice-président du gouvernement wallon. «Les caisses sont vides car on a dépensé sans compter par le passé. Chaque euro investi doit être utile aux Wallons et Wallonnes, conclut l’Engagé. L’argent ne tombe pas du ciel: c’est le nouveau mantra de cette majorité.»
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