Pour raviver la démocratie, il faut assurer plus d’égalité
La puissance née de l’autonomie et de la coopération est avancée par l’historienne Ludivine Bantigny comme remède au déficit démocratique. A voir.
Abstention électorale, défiance envers la classe politique, violences même contre les élus…: le bilan de santé de la démocratie occidentale n’est pas réjouissant. Un consensus se dégage pour y apporter des remèdes. De là à trouver le traitement miracle, il y a de la marge.
Historienne spécialiste des mouvements sociaux, Ludivine Bantigny dessine des pistes de solutions dans Que faire? (1). Elle les situe résolument dans une opposition au capitalisme, confortée qu’elle est par le sentiment qu’«il semble y avoir une érosion lente de l’hégémonie capitaliste sur les esprits». La crise sanitaire consécutive à l’épidémie de Covid a effectivement remis à l’avant-plan les questions de solidarité, de bien commun, d’indépendance industrielle, énergétique et a donc incité certains à renouer avec des solutions inspirées du communisme. Tout en prenant ses distances avec les résultats des «Etats qui se sont réclamés du socialisme», Ludivine Bantigny avance des propositions qui vont dans ce sens. L’autrice invoque les expériences passées (la Commune de Paris, le soulèvement zapatiste au Chiapas mexicain…) et présentes (les assemblées citoyennes, l’autogestion, la résistance des chauffeurs ubérisés…) pour démontrer qu’«à la compétition, nous pouvons opposer la puissance née de l’autonomie, de la coopération et de l’égalité». La proposition qui nous a paru la plus innovante est celle d’une «sécurité sociale de l’alimentation» dont Ludivine Bantigny a trouvé une expérimentation dans les Deux-Sèvres, au centre-ouest de la France, avec le Réseau salariat qui combine «salaire à vie, copropriété d’usage pour les outils de travail, alimentation comme service public, démocratie directe et solidarité internationaliste».
Il semble y avoir une érosion lente de l’hégémonie capitaliste sur les esprits.
Pour faire progresser ses stratégies en faveur d’une vraie démocratie, l’autrice de Que faire? ne table pas sur un grand soir révolutionnaire mais plutôt sur «une longue et lente transformation populaire». Son diagnostic sur «la passivité relative à laquelle ces mêlées [à l’Assemblée nationale en France] nous conduisent», et sa tolérance à l’égard de «la violence comme outil de résistance» font cependant craindre que la démocratie ne sorte pas nécessairement gagnante du chantier qu’elle propose pour la revitaliser. En revanche, le souhait évoqué en introduction de son livre – «Nous avons besoin de combativité devant les tentations de la dépolitisation» –, on le partage volontiers.
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici