Magnette, Bouchez, De Wever, Wilmès? Voici ceux qui ont le plus de chances de devenir Premier ministre
Qui deviendra Premier ministre, dans la foulée des élections du 9 juin? Plusieurs personnalités se profilent. Mais l’histoire récente démontre qu’en politique, les devins peuvent se tromper.
La question du «quand» se posera avec acuité. Quand la Belgique disposera-t-elle d’un gouvernement fédéral de plein exercice? Il n’est pas inconcevable que sa formation s’éternise, une fois de plus.
S’ensuit naturellement la question du «qui». En particulier, quelle personnalité s’installera demain au 16, rue de la Loi? Quelques candidats se sont déclarés, de manière plus ou moins explicite. Mais il ne suffit pas de le vouloir pour le pouvoir. Les partis politiques répondront tous que l’électeur doit d’abord s’exprimer et qu’ils en tireront les enseignements.
Il n’y a pas de règle prédéfinie, uniquement des usages. De prime abord, le principe n’est guère compliqué à saisir: le roi nomme un ou plusieurs informateurs, puis un formateur. La famille politique la mieux représentée à la Chambre, ou le parti qui a, de l’avis général, remporté le scrutin, devrait avoir la main et compter la Première ou le Premier ministre dans ses rangs. Dans les faits, les choses seront vraisemblablement plus corsées.
Si les sondages préélectoraux visent juste, tout d’abord, le Vlaams Belang, qu’il n’est pas concevable de voir intégrer le gouvernement fédéral, sera ce parti victorieux. Derrière lui, la composition de l’hémicycle sera éclatée, imposant une coalition aux multiples composantes. La concomitance avec les élections régionales, puis communales dans un second temps, risque aussi d’influencer la dynamique générale et les sous-dynamiques. Sans oublier le paramètre des inimitiés et incompatibilités entre les uns et les autres.
Bart De Wever, dès janvier, a déclaré briguer le poste.
Les derniers Premiers ministres, au demeurant, ont accédé au poste alors qu’il n’y étaient pas pressentis. Cela rend le jeu des pronostics d’autant plus hasardeux. Charles Michel (MR) en a hérité à la faveur de subtils équilibres politiques, dans une coalition dite suédoise où les francophones étaient minoritaires. Sophie Wilmès (MR) lui a succédé dans des conditions très particulières, à savoir son départ sous les cieux européens. Puis Alexander De Croo (Open VLD) s’est installé au 16, après que de nombreuses autres formules avaient été éprouvées, en n’étant membre ni de la première famille politique, ni du parti le plus important de la coalition.
Ceux qui le disent
Dans ce jeu qui ne comporte pas vraiment de règles, certains participants se dévoilent un peu plus que d’autres. C’est ainsi que le président de la N-VA, Bart De Wever, dès janvier, a déclaré briguer le poste. Ce sera à ses conditions, c’est-à-dire à la tête d’un cabinet d’affaires réduit à sa plus simple expression, plutôt que d’un exécutif aux grandes ambitions. Paradoxalement, le succès annoncé du Vlaams Belang au nord du pays est plutôt de nature à renforcer les chances du bourgmestre d’Anvers, en le rendant plus incontournable que jamais.
Les derniers sondages peuvent le conforter dans cet objectif: en Flandre, il est celui que les électeurs désignent le plus souvent, lorsqu’ils sont invités à verbaliser une préférence. Il est aussi celui, dans les trois Régions, le plus souvent cité parmi les candidats que les gens ne veulent pas voir devenir Premier ministre. C’est le signe d’un certain clivage autour de sa personne, que la logique peut à la fois servir (il est à la tête du premier parti, derrière le Vlaams Belang) et desservir (un nationaliste flamand à la tête du fédéral peut sembler incongru).
Le président du PS, Paul Magnette, s’est maintes fois dit «disponible» si les résultats électoraux l’y conduisent. Au tour précédent, il avait cédé sa place, principalement pour que la tâche soit confiée à un néerlandophone, dans un gouvernement minoritaire en Flandre. Il en a envie, mais fait lui aussi l’objet d’une certaine détestation auprès d’une part de l’électorat néerlandophone.
Paul Magnette s’est dit maintes fois «disponible».
Surtout, son sort dépendra probablement du poids de la famille socialiste dans son ensemble, donc de Vooruit également. Là, le retrait, puis le retour dans un rôle moins prépondérant de Conner Rousseau pourrait éventuellement coûter cher à Paul Magnette. Naturellement, son accession ou non à la fonction de Premier ministre dépendra de la composition de la future majorité. L’axe PS/N-VA se matérialisera-t-il? Une coalition de centre-gauche, qu’il appelle de ses vœux, sera-t-elle mathématiquement envisageable?
Alexander De Croo, quant à lui, ne s’en cache pas: il se verrait bien rempiler. Si les résultats le permettent, une fois encore. C’est là qu’est l’os, puisque s’il bénéficie à titre personnel d’une cote de popularité respectable partout sur le territoire, son parti, l’Open VLD, est aux abois dans les intentions de vote.
Alexander De Croo se verrait bien rempiler.
Ceux qui ne le disent pas
Si la famille libérale devait avoir la main, il n’est pas impossible qu’un francophone s’empare du 16, rue de la Loi. Le président du MR, Georges-Louis Bouchez, ne l’exprime pas ouvertement, mais il se dit souvent de lui qu’il en a l’ambition, un jour. Son manque d’aisance en néerlandais et, accessoirement, ses prises de position habituellement tranchées, pourraient lui nuire.
Il se dit souvent que Georges-Louis Bouchez en a l’ambition.
Sophie Wilmès, elle, jouit d’une popularité très stable en Wallonie et à Bruxelles. En revanche, c’est bien aux élections européennes qu’elle se présente. Cela n’empêche aucunement l’accession à la fonction, en théorie, mais l’usage veut néanmoins que le Premier ministre se soit présenté aux élections fédérales (ou législatives). Le raisonnement inverse pourrait être tenu: se présenter devant l’ensemble de l’électorat francophone pourrait lui faire bénéficier d’un important capital de voix de préférence, en augmentant ses chances.
Côté socialiste, Conner Rousseau a probablement hypothéqué ses chances. D’autres personnalités, comme Frank Vandenbroucke, pourraient émerger. A moins que le futur Premier ministre ne soit issu d’un parti centriste/chrétien, voire écologiste, ce qui reste hautement improbable. Ces pronostics, enfin, n’évoquent que peu de femmes. Il n’est pas impensable qu’une future coalition souhaite, par principe, désigner une personnalité féminine.
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