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« On a gagné les élections, ce n’est pas à nous de faire des concessions »: pourquoi le MR a envoyé balader De Wever

Nathan Scheirlinckx
Nathan Scheirlinckx Journaliste au Vif

La dernière version de la supernote de Bart De Wever a reçu un accueil glacial au sein du MR. Trop de taxes, disent les libéraux, pour qui la barque des négociations penche trop à gauche. Voici pourquoi Bouchez et consorts ont décidé de geler le processus de formation du gouvernement fédéral.

Coup de froid sur l’Arizona: les négociations pour former un gouvernement fédéral sont gelées, après que le Roi ait acté de la démission de Bart De Wever de sa mission de formateur. En filigranes de ce premier échec, il y a l’opposition entre Vooruit et le MR sur la taxation des plus-values financières, mesure ô combien symbolique pour les deux partis. Il y a aussi les marques laissées par la Vivaldi sur la relation entre leurs présidents respectifs, Conner Rousseau et Georges-Louis Bouchez.

“La taxe sur les plus-values est la goutte d’eau qui a fait déborder le vase”

David Clarinval (MR)

Si les socialistes flamands étaient au départ pointés du doigt comme l’élément bloquant de ces négociations, c’est maintenant vers les libéraux francophones que les accusations se portent. De fait, le MR a marqué son désaccord avec la dernière version de la supernote de Bart De Wever. Et donc mis fin à cette première salve de négociations. «La taxe sur les plus-values est la goutte d’eau qui a fait déborder le vase, affirme David Clarinval, qui accompagne Georges-Louis Bouchez dans ces négociations pour le MR. Nous sommes d’accord de taxer les actions cotées en bourse, mais pas celles des PME. Et ça, Vooruit n’est pas prêt à l’accepter.» «Nous sommes les grands gagnants de ces élections, rappelle un poids lourd du MR. Nous n’avons donc pas à faire trop de concessions, nous ne sommes pas le Petit Poucet de cette coalition. On n’est pas rentré dans une coalition de centre-droit pour faire de la politique de gauche

La taxe sur les plus-values, épouvantail des négociations fédérales

« On refuse que ces nouvelles taxes retombent sur le dos des gens », prévient David Clarinval. © BELGA

«L’acharnement du MR sur cette mesure est surtout symbolique, cadre le politologue Dave Sinardet (VUB). D’autant que la portée de la taxe sur les plus-values financières a été réduite lors des différentes révisions de la supernote de Bart De Wever.» Mais, selon l’expert, cela fait partie des lignes rouges que les bleus francophones ne veulent pas voir franchies. «C’est peu dire que ces discussions manquent de confiance, aucun partenaire ne veut être le perdant de ce qui deviendra l’accord de gouvernement.»

“L’acharnement du MR est surtout symbolique”

Dave Sinardet (VUB

D’autres points du volet fiscal de ce texte posent problème aux libéraux: une hausse de 6 à 9% de la taxe sur les travaux de rénovation, des accises supplémentaire sur le carburant et une taxe de 3% sur les produits de première nécessité (viande, lait, œufs). «On refuse que ces nouvelles taxes retombent sur le dos des gens, continue David Clarinval. Deux milliards d’impôts supplémentaires, c’est inacceptable pour nous. Le plan fiscal qui nous a été proposé n’est qu’une adaptation de la réforme avancée par Vincent Van Peteghem (NDLR: ministre des Finances sous la Vivaldi). Pour le moment, tout le monde ne fait que céder aux caprices de Vooruit et à l’ambition démesurée du cd&v.»

Ce qui bloque: le MR, Bouchez, ou les deux?

Dans leurs narratifs, les partis à la table des négociations jugent – plus ou moins explicitement – Georges-Louis Bouchez responsable de l’avortement de cette coalition Arizona. © BELGA

Dans leurs narratifs, les partis à la table des négociations jugent – plus ou moins explicitement – Georges-Louis Bouchez responsable du premier échec de ces négociations en vue de former l’Arizona. Jusqu’à le qualifier de «Monsieur Non» – rappelant l’opiniâtreté de la cdh Joëlle Milquet à l’époque, qui lui avait valu d’être surnommée «Madame Non» en Flandre.

«À l’époque de la Vivaldi, Georges-Louis Bouchez a bloqué plusieurs dossiers (NDLR: notamment la réforme fiscale). Lui et son parti n’étaient pas très loyaux au sein du gouvernement, décrypte le politologue Dave Sinardet (VUB). C’était sa stratégie pour un exécutif qui tirait à gauche. On pouvait s’attendre à ce que son comportement évolue au sein d’une coalition plus à droite, mais visiblement pas.»

Pour la N-VA et Vooruit, les mauvaises habitudes de Georges-Louis Bouchez refont surface lors de ces négociations fédérales. Bart De Wever n’a jamais été très fan du Montois, mais n’a pas eu à chercher des compromis avec lui comme l’a fait Conner Rousseau durant le règne de la Vivaldi. La relation entre le socialiste et le libéral n’est pas bonne, et leurs partis s’opposent lors de ces négociations sur le clivage gauche-droite. Un conflit idéologique que le nouveau ‘médiateur’ nommé par le Roi, Maxime Prévot, devra résoudre dans les jours qui viennent, pour donner un nouvel élan à l’Arizona.

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