Médicaments presque périmés en Ukraine: «De la morphine pour aider les blessés »
Frank Vandenbroucke a fourni quelques explications sur l’envoi de médicaments presque périmés en Ukraine, début mars. Mais l’urgence ne justifie pas tout, lui répondent deux députés d’opposition.
Des médicaments envoyés par la Belgique à l’Ukraine, certes pas périmés, mais en passe de l’être. Voilà qui semble peu reluisant pour le gouvernement belge. L’affaire a en effet été dévoilée par Het Laatste Nieuws mercredi.
La Belgique a donc envoyé dès l’entame du conflit l’équivalent de 3,4 millions d’euros de médicaments et de matériel médical. Mais environ 20% des médicaments (280000) et 10% des fournitures (140000 seringues) allaient être périmées dans les trois semaines. Et des milliers d’autres produits allaient périmer dans les prochains mois. C’est tout simplement contraire aux directives de l’OMS, qui demande que la péremption ne survienne pas avant un an en pareille situation.
D’autres produits proches de la péremption devaient faire l’objet d’un second envoi, mais le gouvernement les a finalement retirés, indiquait encore Het Laatste Nieuws.
« Ne pas réagir serait une négligence coupable »
La polémique a logiquement été évoquée ce jeudi après-midi en séance plénière de la Chambre. Deux députés d’opposition, Sophie Rohonyi (DéFI) et Jean-Marie Dedecker (indépendant), y ont demandé des explications au ministre de la Santé, Frank Vandebroucke (Vooruit).
« Lorsqu’un pays est en guerre, il faut aider sa population. Ne pas réagir serait une négligence coupable », a justifié le ministre. Selon Frank Vandenbroucke, l’Ukraine a formulé une demande de médicaments dès le 24 février. « Le 25 février, le SPF Santé publique a fourni une liste avec tous les détails, y compris la date de péremption. La liste a été acceptée. »
L’équivalent de 546000 euros de médicaments et fournitures étaient proches de la date de péremption, reconnaît-il. « Tout a été fait de bonne foi, mais ce n’est pas la pratique standard », raison pour laquelle le SPF Santé publique s’est rétracté pour la seconde livraison, assure Frank Vandenbroucke.
Il s’agissait, selon lui, d’agir vite. « Nous avons fourni de la morphine et d’autres médicaments qui pouvaient être utilisés immédiatement », insiste-t-il. « La réaction immédiate a été d’envoyer de la morphine pour soigner les blessés. »
« Ne pas choisir entre urgence et négligence »
Des justifications qui n’ont guère convaincu les deux députés, pointant tous deux le fait que l’Ukraine n’avait pas le loisir d’analyser dans le détail les listes de médicaments proposées. « Il est déplacé de dire qu’on a aidé les Urkainiens et qu’ils étaient au courant », souligne Jean-Marie Dedecker.
« La réponse est un peu facile », renchérit Sophie Rohonyi. « Il ne s’agit pas de choisir entre urgence et négligence, mais une voie médiane, celle de l’anticipation. Autant l’urgence pouvait se justifier dans le chef du gouvernement ukrainien, autant vous, aujourd’hui, ne pouvez pas brandir cette urgence pour vous dédouaner de votre responsabilité de constituer des stocks stratégiques de médicaments », fustige encore la députée.
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