Majorité de rechange sur l’avortement: le combat entre le CD&V et Vooruit fait rage
Le président du CD&V, Sammy Mahdi, se montre serein à propos du vote éventuel d’une proposition de loi sur l’avortement: l’accord de majorité sera respecté, a-t-il laissé entendre.
« Il n’y aura pas de vote libre » sur l’avortement, a répondu le président du CD&V Sammy Mahdi. « Je parle à suffisamment de présidents et je sais qu’il y en a suffisamment pour respecter l’accord de coalition (…) Je pense qu’il y a suffisamment de sagesse pour traiter les questions éthiques ».
L’accord de gouvernement prévoit que les partenaires de la Vivaldi ne procéderont pas à un vote sur une proposition de loi relative à l’avortement tant qu’un consensus ne se dégage pas entre les partis du gouvernement. Dans la majorité, Vooruit souhaite que d’ici la fin de la législature, le parlement puisse voter une loi qui porterait le délai dans lequel une femme peut avorter de 12 à 18 semaines, une option que rejette le CD&V: les chrétiens-démocrates se disent prêts à aller jusqu’à 14 semaines mais pas au-delà.
Une majorité de rechange à la Chambre sur l’avortement ?
Une majorité de rechange, associant le PTB et DéFI, existe à la Chambre pour aller outre la volonté du CD&V mais jusqu’à présent aucun parti de la Vivaldi ne veut risquer l’aventure. Samedi, la ministre Tinne Van der Straeten (Groen), a rappelé sur les ondes de la VRT le contenu de l’accord de gouvernement et l’importance de ne pas surenchérir sur ce dossier. A ses yeux, pousser le parlement à se prononcer rapidement sur le sujet n’est pas une solution et « ne se produira pas ». Le président de l’Open Vld, Tom Ongena, même s’il défend également l’évolution de la loi, estime que les problèmes doivent être « de préférence dans la majorité ».
Le débat entre le CD&V et Vooruit a pris un tour plus polémique. Les chrétiens-démocrates jugent qu’ils font preuve d’un esprit de consensus en proposant un allongement du délai d’avortement à 14 semaines. Le CD&V inverse les rôles, rétorquent les socialistes flamands. « Nous avons fait l’erreur de croire que le CD&V voudrait travailler à une solution. Au moment où le rapport d’experts est sorti, le CD&V l’a jeté aux orties. C’est le monde à l’envers », a déploré la présidente de Vooruit, Melissa De Praetere.
Les socialistes flamands ont lancé une campagne sur internet pour défendre l’évolution de la loi sur l’avortement, notamment en allongeant le délai dans lequel il peut être pratiqué à 18 semaines et en réduisant la période de réflexion à 48 heures. Ils s’en prennent à cet égard aux « forces conservatrices » qui voudraient limiter les droits des femmes. En guise d’illustration, ils ont posté la photo de la députée Freya Van den Bossche (Vooruit) qui soutient la réforme et celle de M. Mahdi décrit comme bloquant les droits des femmes. L’opération n’a pas plu au CD&V. Selon M. Mahdi, seuls les partis extrémistes sortiront vainqueurs de cette « campagne rance ». « Ce n’est pas un thème pour mener une campagne de cette sorte. Ne nous trompons pas d’ennemi », a dit pour sa part M. Ongena.