Loi « anti-casseurs »: le refus du PS entraînera la remise en question d’autres accords, avertit le MR
Le refus du PS d’approuver au parlement la loi « anti-casseurs » entraînera la remise en cause d’autres accords, a averti le président du MR, Georges-Louis Bouchez.
Le PS n’enterre rien du tout car il ne dirige pas seul le gouvernement fédéral. Ce texte a fait l’objet d’un accord. Ne pas respecter cet accord entraînerait la remise en cause d’autres accords. La loyauté ne peut être limitée à certains. Sur le fond, voir le PS défendre ainsi les casseurs est totalement inapproprié pour un parti démocratique », a déclaré M. Bouchez sur X. Dans les rangs du gouvernement, le Premier ministre, Alexander De Croo, n’a pas souhaité réagir à l’annonce du PS tandis que le cabinet du ministre de la Justice, Paul Van Tigchelt, qui porte le projet de loi, se contentait pour l’instant d’indiquer qu’il « regardera » la façon dont la situation « va évoluer au sein du gouvernement ».
Le dispositif qui permet à un juge de frapper d’interdiction de manifester un « casseur » est contenu dans un projet de loi fourre-tout qui englobe d’autres matières. Il fait l’objet d’une très vive opposition des syndicats et de certaines organisations de la société civile, notamment de défense de l’environnement, qui redoutent d’en être les victimes au regard de l’évolution de la jurisprudence en matière de droit de grève. Le dispositif anti-casseurs a fait l’objet d’un amendement fruit d’une longue négociation au sein du gouvernement au mois de juin. Plusieurs balises ont été ajoutées pour éviter qu’il ne frappe les syndicats et les organisations de la société civile. Il n’a pour autant pas calmé la colère de ces derniers qui ont organisé récemment une manifestation contre le texte. Le projet de loi a été adopté en commission mais n’a pas encore passé le cap de la séance plénière.
Interrogé dans l’Echo, le président du PS, Paul Magnette, a fait savoir que son parti, pourtant dans la majorité, ne voterait pas le texte. Il invoque notamment les décisions judiciaires prises dans le cadre du conflit social autour de Delhaize. « Les ordonnances délivrées dans le cadre de ce conflit social ont joué un rôle majeur. On constate une judiciarisation accrue des conflits sociaux. Certains magistrats ont clairement pris le parti du patron au nom de la liberté du commerce« , a souligné M. Magnette. À ses yeux, plutôt que de voter une « loi mal faite », il faut retirer les articles relatifs à l’interdiction de manifester du projet de loi. Dans l’opposition, le PTB s’est félicité de cette évolution. « Grâce à une forte pression syndicale, associative et politique, la loi anti-manifestation est aujourd’hui enterrée », a souligné le président, Raoul Hedebouw, sur X.
La FGTB a évoqué une « victoire » et attend de voir l’attitude des autres partis de la majorité. « Victoire du collectif ‘Manifestant.es pas criminel.les!’ Le PS déclare qu’il ne votera pas la loi Van Quickenborne. La FGTB appelle les autres progressistes à faire de même et attend que l’interdiction de manifester soit retirée de tout projet de réforme de la Justice », a dit le syndicat socialiste.
Au même titre qu’au PS, le projet de loi avait aussi suscité les réticences des écologistes et, à l’instar du vice-Premier ministre PS Pierre-Yves Dermagne, le vice-Premier Ecolo, Georges Gilkinet, avait réclamé en « kern » des aménagements à la première mouture de loi. Les Verts renvoyaient samedi les socialistes francophones à leurs responsabilités. Parmi les défenseurs de sanctions visant les casseurs, figurait en effet le bourgmestre de Bruxelles, Philippe Close. « Ecolo trouve intéressant que le PS se rende enfin compte de son erreur d’avoir demandé, par l’intermédiaire de Philippe Close, d’insérer de tels articles dans le projet de loi. Pour ce qui nous concerne, nous avons déjà fait savoir au parlement, auprès des associations et au gouvernement tout le mal que nous pensions de ce dispositif », a déclaré le parti.