Limiter le chômage dans le temps? Ce qu’en pense Paul Magnette
Relativement discret depuis la défaite du PS aux dernières élections, le président socialiste Paul Magnette tente de démonter ce qui pourrait être l’un des fers de lance de la coalition Arizona au fédéral: la limitation des allocations de chômage dans le temps.
A la fin du mois de juin, la Wallonie comptait 224.154 demandeurs d’emploi inoccupés (DEI). Soit 0,3% de moins que le mois précédent, selon le Forem. Qui indique que la proportion des personnes qui perçoivent des allocations de chômage ou d’insertion (les DEDA) a encore diminué: ils constituent à présent 48,7% de la demande d’emploi. Et pourtant, ces demandeurs d’emploi pourraient bien se voir couper l’herbe sur pied, avec la mise au point programmée de la prochaine coalition Arizona au fédéral. La quasi-totalité des partenaires (excepté Vooruit) sont d’accord de limiter les allocations de chômage dans le temps.
Mais cela équivaudrait à un transfert de charge financière du fédéral vers les Régions, a mis en garde jeudi le président du PS, Paul Magnette, sur la Première (RTBF). Une telle mesure pourrait plonger la Wallonie et Bruxelles dans une situation financière intenable, craint-il. Pour le socialiste, Bart De Wever et la N-VA n’ont jamais renoncé à la perspective de l’indépendance de la Flandre. Des matières fédérales sont scindées en deux dans le but de pouvoir mener une réforme de l’État lorsque la scission de fait sera réalisée, analyse-t-il.
« Quand on dit limitation dans le temps des allocations de chômage, que ça soit efficace ou pas, ça revient de facto à dire: on transfère tout le fardeau vers les Régions »
Le président du PS, Paul Magnette
Limiter le chômage dans le temps, un transfert déguisé du fédéral vers les Régions?
Dans cette perspective, limiter les allocations de chômage équivaut à un transfert déguisé du fédéral vers les Régions. « Quand on dit limitation dans le temps des allocations de chômage, que ça soit efficace ou pas, ça revient de facto à dire: on transfère tout le fardeau vers les Régions », a estimé M. Magnette. Les personnes qui se retrouvent exclues vont relever des compétences des Régions avec des budgets régionaux, selon lui. « Pour la Flandre, ce n’est pas un problème, car ils sont en plein emploi et à l’équilibre budgétaire. Mais pour Bruxelles et la Wallonie, c’est absolument dramatique. »
Le plan d’économies proposé par les nationalistes flamands durant la campagne électorale prévoit notamment une économie de 2,6 milliards grâce à la limitation des allocations de chômage à deux ans. Le MR et les Engagés prévoient des mesures similaires. Vu le niveau de déficit dans lequel se trouvent déjà les entités francophones, ajouter une charge financière de plusieurs milliards serait « vraiment dramatique », selon Paul Magnette.