Le programme des Engagés prévoit une forte hausse du budget des soins de santé, et des mesures plutôt libérales sur le socioéconomique.

Les vieilles idées et les nouveautés du programme des Engagés

Nicolas De Decker Journaliste au Vif
Benjamin Hermann Journaliste au Vif

Le 20 janvier 2024, plus tôt que la plupart de leurs concurrents, Les Engagés validaient les 702 pages de leur programme électoral.

Le 20 janvier 2024, plus tôt que la plupart de leurs concurrents, Les Engagés validaient les 702 pages de leur programme électoral. Celui-ci se plaçait dans la foulée du Manifeste pour une société régénérée et de la Charte des Engagés du printemps 2022, textes fondateurs du parti successeur du CDH. Entre un CDH en déclin présidé par Maxime Prévot et des Engagés en ascension dirigés par le même, tout n’a pas été jeté mais tout n’a pas été conservé.

Ce qui est apparu: la fin de la «taxe sur la mort»

Sur les thématiques économiques, l’inflexion engagée est très manifestement de droite. Les formules de Maxime Prévot, contre la «taxe sur la mort» et «l’assistanat» («chômeur n’est pas un métier», dit-il souvent), n’ont rien à envier aux saillies les plus sarkozyennes de Georges-Louis Bouchez. Les nouveautés programmatiques amenées par la refondation ont, sur le plan économique, ceci de commun qu’elles sont non seulement portées par la droite, mais aussi très populaires. Ainsi de la suppression des droits de succession, les impôts les plus impopulaires du monde, que le programme des Engagés qualifie de «discriminatoires», «injustes» et «confiscatoires». Ainsi aussi de la limitation des allocations de chômage à deux ans, mesure à l’efficacité contestée, mais «le fait que la Belgique soit l’un des très rares pays dans le monde à accorder des allocations de chômage de manière illimitée dans le temps est de moins en moins perçu comme légitime par les travailleurs», constatent habilement les auteurs du catalogue turquoise du 9 juin 2024.

Ce qui a disparu: la sortie du nucléaire

En 2019, comme du reste l’ensemble des partis francophones, le CDH réclamait de la Belgique qu’elle se tienne à son calendrier de sortie, prévue en 2025, de l’énergie nucléaire, «devenue une source d’électricité très aléatoire». En 2022 dans leur Manifeste et en 2024 dans leur programme, comme du reste l’ensemble des partis francophones à l’exception d’Ecolo et, encore plus discrètement, du PTB, Les Engagés réclament de la Belgique qu’elle revienne sur son calendrier de sortie, prévue en partie en 2025, du nucléaire, devenu «une énergie essentielle» selon le programme turquoise, qui prône un «quatre quarts» (25% nucléaire, 25% renouvelable, 25% de combustibles renouvelables et 25% d’économies d’énergie) comme résolution de notre équation énergétique. D’aléatoire à essentielle, ce processus de transformation de l’énergie nucléaire ne s’est pas vraiment trouvé influencé par une découverte scientifique basculante. Il a surtout été motivé par une inversion de popularité: une majorité de Belges y était hostile en 2019, une autre majorité de Belges y est favorable en 2024.

Sur les thématiques économiques, l’inflexion engagée est très manifestement de droite.

Ce qui sera crié: la santé

Tout en promettant de réduire «les dépenses courantes» de l’Etat, Les Engagés exigent la norme de croissance du budget des soins de santé la plus généreuse de tout l’échiquier francophone, à savoir 3,5% annuels, inflation non comprise. Seul le PTB, avec qui Maxime Prévot a déjà annoncé ne pas vouloir gouverner, égale cette revendication: le PS en promet 3%, Ecolo 2,5% et le MR veut aligner la croissance de ce budget sur celle du PIB, ce qui la limitera à environ 1,5%. La santé est la priorité des nouveaux Engagés comme elle l’était de l’ancien CDH, et cette thématique est délibérément placée au premier chapitre de leur programme 2024. Le recrutement de personnalités telles qu’Elisabeth Degryse, ancienne patronne de la Mutualité chrétienne, et tête de liste bruxelloise au fédéral, ou le professeur Yves Coppieters, tête de liste fédérale dans le Brabant wallon, complète cette offensive politique sur la santé pensée depuis de longues années, et déployée ce semestre.

Ce qui sera murmuré: la migration

La question migratoire étant la seule sur laquelle Les Engagés avancent un discours minoritaire dans l’opinion publique, c’est plutôt à reculons qu’ils l’avanceront durant la campagne. Maxime Prévot souhaite en effet diffuser un récit plus positif sur l’immigration. Et un chapitre de son programme promet «d’être au côté des réfugiés et des personnes migrantes pour les aider à s’intégrer socialement et professionnellement» tandis que Les Engagés s’engagent, dans le cadre d’une «politique de retour proactive» et d’une politique d’immigration choisie, à n’enfermer aucune famille avec enfants et, par exemple, à «proposer un soutien financier et institutionnel en faveur des initiatives d’accueil citoyennes» qui hébergent et aident les sans-papiers et les demandeurs d’asile. Mais comme Maxime Prévot souhaite également ne pas perdre les élections, il n’affichera pas ces propositions courageuses, car peu populaires, sur de coruscants calicots.

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