Présidents de partis
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Les hommes gardent le leadership politique, 75 ans après l’octroi du droit de vote aux femmes

Une doctorante de l’ULB a établi un état des lieux du sexisme en politique, avec quelques enseignements sur les efforts qu’il reste à accomplir pour atteindre l’égalité des genres.

Septante-cinq ans après l’octroi du droit de vote aux femmes, la place de ces dernières s’est indéniablement renforcée au sein de la sphère politique. Néanmoins, le leadership politique reste toujours empreint d’une masculinité dite «hégémonique», à savoir une forme de masculinité qui reproduit la domination des hommes sur les femmes, d’après Clémence Deswert, doctorante en science politique à l’ULB.

Sophie Wilmès: illustration de la «falaise de verre»

Ce modèle de leadership, qui privilégie les traits et les comportements traditionnellement associés aux hommes, questionne les modalités d’accès au pouvoir, selon la chercheuse.

Preuve en est l’arrivée au sommet de l’Etat, en 2020, de Sophie Wilmès, qui devient alors la première femme à prendre la tête du pays. Sa désignation intervient dans un contexte défavorable: le gouvernement fédéral se trouve en affaires courantes, fragilisé par le départ de la N-VA fin 2018 sur fond de désaccords migratoires. Quelques mois plus tard, Sophie Wilmès doit piloter la gestion de la crise du coronavirus en Belgique.

Cette situation illustre le phénomène de la «falaise de verre», soit la tendance à nommer des femmes à la tête d’organisations en difficulté, voire en crise, lorsque le risque d’échec est plus élevé, poursuit Mme Deswert.

Des formes plus subtiles de sexisme

Bien que les femmes politiques soient de plus en plus reconnues pour leurs compétences, l’archétype du leader politique reste ancré dans un imaginaire masculin, particulièrement aux échelons supérieurs.

Néanmoins, la culture du consensus en Belgique pourrait favoriser certaines qualités stéréotypées féminines, telles que l’écoute et l’empathie, avance la doctorante. Le sexisme en politique a par ailleurs évolué vers des formes plus subtiles, se manifestant par une visibilité et un temps de parole réduits pour les femmes. Leur sous-représentation aux postes de présidence de parti, cruciaux dans le système belge, accentue ce déséquilibre, pointe Mme Deswert.

Enfin, si cette dernière ne craint pas une éviction des femmes de la sphère politique avec la montée de l’extrême droite, elle s’inquiète de son impact potentiel sur les politiques publiques liées au genre. «La vision conservatrice et stéréotypée des femmes promues par ces partis fait peser un risque de régression sur les avancées en matière d’égalité», conclut-elle.

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