Les dessous de l’affaire Conner Rousseau: le rôle trouble de certains journalistes (enquête)

Walter Pauli Walter Pauli est journaliste au Knack.

Les trois procédures judiciaires visant Conner Rousseau se sont toutes soldées par un échec. Le rôle de certains journalistes ne peut pas être ignoré.


Mardi dernier, pour la troisième fois consécutive, une enquête sur les comportements transgressifs présumés commis par le président de Vooruit, Conner Rousseau, a été abandonnée. Après coup, son avocate, Christine Mussche, a jeté un pavé dans la marre, concernant l’implication de certains journalistes dans la rédaction et le dépôt des plaintes contre son client. « Dans les trois affaires, il a été clairement établi que les démarches judiciaires des plaignants n’ont été entreprises qu’à la suite d’insistances répétées et ont été organisées en partie par des personnes extérieures au dossier, notamment deux journalistes. Je n’ai jamais vu cela au cours de ma longue carrière d’avocate », a-t-elle déclaré. Selon elle, cela va à l’encontre des principes fondamentaux de notre État de droit.

Le personnage central de toute cette histoire est bien sûr Conner Rousseau. Le trentenaire se fait connaître du public flamand à l’approche des élections parlementaires flamandes du 26 mai 2019, lorsqu’il devient le chef de file inattendu de la liste SP.A de Flandre-Orientale. Il a alors 26 ans. Le 8 novembre, il devient le plus jeune président de ce parti, qu’il rebaptisera rapidement Vooruit.

En un rien de temps, l’opinion publique découvre un jeune politicien qui fait de son comportement atypique, très personnel et légèrement arrogant, sa marque de fabrique. Propulsant ainsi son parti et lui-même dans les sondages. Comme « Remco », « Conner » n’a besoin que d’un prénom. Dans son discours, Rousseau n’hésite pas à mêler le personnel et le politique. Son livre très autobiographique, « T. » (2020), est rempli de souvenirs personnels. Il décrit en détail ses années en tant que moniteur de jeunesse, ses échecs à l’école ou sa vie de fêtard à temps plein dans le quartier Overpoort, à Gand. Il garde le silence sur les relations amoureuses. Bien sûr, mentionne les « copains de Saint-Nicolas » – en tant que groupe.

Il ne faut donc pas longtemps avant que la politique belge ne commence à s’intéresser ouvertement à la vie privée du nouveau phénomène politique. On murmure beaucoup sur l’homosexualité de Rousseau et des spéculations circulent overtement sur pourquoi il ne fait pas son coming-out. Les adversaires politiques de gauche et de droite craignent qu’il n’utilise sa sortie du placard comme un coup électoral, peut-être en 2024.

Conner Rousseau dans l’émission flamande Het Huis (crédit: VRT)

La réalité est que Conner Rousseau lui-même n’est pas encore tout à fait sûr – même s’il a flirté avec des garçons à maintes reprises. Ce n’est qu’en 2021 – alors que Rousseau est déjà président depuis deux ans – qu’il a son premier véritable rendez-vous avec un homme. Il en informe ses collaborateurs les plus proches : un président avec la tête dans les nuages doit être gardé les pieds sur terre. Il reste discret envers le monde extérieur. Lorsque le producteur de télévision Eric Goens invite Conner Rousseau en 2021 pour le programme populaire de la VRT, « Het Huis », des accords sont conclus. « Conner Rousseau se montre complètement ouvert et ne recule devant aucune question », indique le texte publicitaire de la VRT. Ce n’est pas tout à fait vrai. En ce qui concerne la maigre vie privée qui reste à l’homme politique très occupé, Eric Goens suggère une solution : « Une petite amie ? »

Conner Rousseau : « Je suis marié à mon travail en ce moment. »

Eric Goens : « C’est douloureux, n’est-ce pas ? »

Conner Rousseau : « Je suis encore jeune, tu sais. »

Plus Conner Rousseau devient célèbre et monte dans les sondages, plus sa vie devient publique. Un homme politique qui communique comme nul autre via des plateformes telles que TikTok et Instagram risque à tout moment d’être photographié et filmé par n’importe quel inconnu. Naturellement, ces images se retrouvent sur les médias sociaux et les sites web. Cela confère à Rousseau l’image d’un fêtard qui ne respecte pas toujours les limites de ce qui est acceptable – pendant la crise du COVID-19, il est filmé en train de danser lors du mariage de son frère.

Première affaire

Dans ce contexte, Conner Rousseau commence à attirer l’attention de deux journalistes d’investigation à News City, la rédaction commune de VTM, Het Laatste Nieuws et HLN.be, les principales marques flamandes de DPG Media. Faroek Özgünes et Jonas Muylaert y dirigent la cellule d’investigation. Faroek Özgünes s’est fait connaître en 2021, lorsque ses informations incriminantes sur Sihame El Kaouakibi ont servi de base à l’enquête judiciaire sur la femme politique devenus entrepreneure. Özgünes et Muylaert sont tous deux membres du Conseil de déontologie journalistique. Il s’agit de « l’organe indépendant d’autorégulation » qui veille à la déontologie journalistique dans ce pays.

Pendant ce temps, les deux journalistes prennent connaissance de « faits », qui deviendront plus tard le « cas numéro 1 ». Ou, plutôt, « l’affaire numéro 1 », après que Faroek Özgünes ait fait part de ses conclusions à un procureur bienveillant. Est-ce là une stratégie où « un journaliste informe le tribunal au sujet d’un homme politique pour qu’il puisse ensuite en parler lui-même » ? Les rumeurs ne sont pas des nouvelles, mais une enquête judiciaire sur un homme politique de premier plan en est une. Toutefois, il s’agirait d’une forme très inhabituelle de collecte d’informations.

La cellule investigation de DPG Media est indirectement à l’origine de l’affaire Conner Rousseau

Dirk Voorhoof, professeur émérite de droit des médias à l’université de Gand et de Copenhague, souligne la complexité de la question : « Un journaliste ne commet pas d’erreur lorsqu’il enquête sur une éventuelle inconduite sexuelle d’un homme politique, après en avoir été informé par des sources informelles. Surtout lorsqu’il s’agit de relations sexuelles avec des mineurs qui peuvent tomber sous le coup du droit pénal ». Une telle enquête est assortie d’un certain nombre de conditions, déclare Dirk Voorhoof. « Bien entendu, un journaliste ne mène pas une telle enquête uniquement sur la base de vagues rumeurs. Même si vous recueillez des informations sur une personne publique, il est préférable de le faire sur la base de témoignages concrets et de sources fiables. Il doit également s’agir de faits sérieux ». En outre, le journaliste est libre de choisir ses sources et ses contacts. « Il n’y a rien de mal à ce que le journaliste effectue des vérifications auprès de la police, des enquêteurs ou du ministère public. Les journalistes sont autorisés à avoir de tels contacts informels. Ce n’est pas une violation de l’indépendance journalistique ».

C’est sur cette base que le président du Vooruit est accusé d’avoir touché le garçon d’une main contre sa fesse et d’une autre sur sa main, avec laquelle le garçon voulait ouvrir la porte, soi-disant parce qu’il ne se sentait pas à l’aise

Bien entendu, ces conversations ne sont jamais gratuites. Dirk Voorhoof rappelle que « tout fonctionnaire qui a connaissance d’un crime ou d’un délit dans l’exercice de ses fonctions est tenu de le signaler au procureur ». C’est ici ce qui s’est passé : le procureur apprend ce que Faroek Özgünes sait, le magistrat reçoit de lui une clé usb avec des enregistrements et une lettre interprétant les faits. Un pv est ensuite envoyé au parquet de Flandre occidentale.

L’une des dernières apparitions du président du Vooruit depuis l' »affaire Conner Rousseau »

Le tribunal de Bruges vérifie ce qui s’est réellement passé. Qu’en ressort-il ? En quittant le festival Wecandance, Conner Rousseau, dans sa voiture remplie d’amis, offre également un lift à un garçon inconnu qui ne rentre pas chez lui. Ce dernier atterrit sur les genoux de Rousseau et veut immédiatement quitter la voiture en marche, ce que Conner Rousseau l’empêche de faire. C’est sur cette base que le président du Vooruit est accusé d’avoir touché le garçon d’une main contre sa fesse et d’une autre sur sa main, avec laquelle le garçon voulait ouvrir la porte, soi-disant parce qu’il ne se sentait pas à l’aise. Le parquet de Bruges estime que l’affaire est trop légère et décide de la classer sans suite.

Affaire Conner Rousseau : quand les journalistes jouent aux garçons de course

Cinq mois plus tard, le parquet d’Anvers reçoit un rapport sur une relation potentiellement problématique entre Conner Rousseau et le fils d’un couple connu en Flandre. La mère informe le tribunal car elle s’inquiète des messages que son fils mineur a échangés avec, effectivement, Conner Rousseau. Elle a entrepris cette démarche après avoir contacté la cellule d’enquête de News City. Les enquêteurs anversois constatent que Rousseau n’a pas abordé son fils, mais que ce dernier l’a contacté en se faisant passer pour un adulte. Rousseau ne connaît pas le garçon et ne l’a jamais vu. Cette enquête est également classée sans suite.

À ce stade, beaucoup d’eau a déjà coulé sous les ponts. La direction de Vooruit a reçu des informations sur la cellule d’enquête de News City, qui mène une enquête très proactive sur Conner Rousseau. Des amis proches et des connaissances lointaines, des amis d’enfance, des amours – parfois très brèves – mais aussi un manager d’un dancing : tous sont approchés pour poser des questions sur la « mauvaise » vie privée du président du Vooruit. On leur demande également si News City peut voir les images des caméras de surveillance de la discothèque. Au Vooruit, on est furieux d’apprendre que les interviews auraient été menées de manière très suggestive. Rousseau et consorts pensent qu’il s’agit d’une forme d’hameçonnage journalistique : ouvrir grand le filet et essayer d’attraper ce qui s’y trouve. Et si une affaire judiciaire en découle, News City aura un autre grand scoop.

On a fait ce que tout journaliste devrait faire : mener une enquête

Une source de News City, qui souhaite rester anonyme, dément avec véhémence ce perfide scénario. « On a fait ce que tout journaliste devrait faire : mener une enquête. On a aprlé à des personnes qui se sont senties victimes, d’une manière ou d’une autre. Non pas parce qu’il y a eu une infraction pénale, mais parce qu’elles se sentaient l’objet d’un comportement inapproprié ». Le « comportement inapproprié » n’est-il pas l’un des sujets d’actualité ? Matthijs van Nieuwkerk, le présentateur de télévision le plus connu des Pays-Bas, a été incendié après avoir suscité l’indignation des médias, non pas parce qu’il avait enfreint la loi, mais parce que son comportement n’était plus socialement accepté.

Dirk Voorhoof est d’accord : « Les journalistes ont le droit de dénoncer ou de mettre en lumière des faits, même s’ils ne sont pas légalement punissables mais socialement ou éthiquement discutables. S’appuyant sur des dénonciateurs, l’enquête LuxLeaks a mis au jour une réalité jusqu’alors inconnue, celle des optimisations fiscales pour les grandes entreprises. Il ne s’agissait pas d’infractions pénales, car la législation luxembourgeoise autorisait de telles pratiques. Mais lorsqu’elles ont été révélées au grand jour, une large opinion publique a estimé qu’il s’agissait de pratiques répréhensibles. En fait, à l’époque, l’UE a veillé à ce que ces structures fiscales avantageuses soient progressivement éliminées ».

Le journaliste n’est certainement pas censé servir d’indicateur à la justice

Dirk Voorhoof

Néanmoins, Dirk Voorhoof recommande de ne pas franchir la ligne rouge. En effet, dans le cas de Conner Rousseau, la justice a toujours été saisie à la suite de contacts directs ou indirects avec des journalistes : « La fonction du journaliste et celle de la justice doivent être clairement séparées. Le journaliste a pour mission de mettre en évidence les faits intéressants ou répréhensibles dans ses reportages. Il appartient ensuite à la justice d’apprécier s’il s’agit d’éventuelles infractions pénales. Mais le journaliste n’est certainement pas censé servir d’indicateur à la justice. Un journaliste ne doit pas servir de garçon de courses pour le pouvoir judiciaire. On ne saurait trop insister sur le fait que le journalisme et le pouvoir judiciaire ont des fonctions tout à fait différentes. Ce n’est pas pour rien qu’on les appelle respectivement « troisième » et « quatrième pouvoir ». Le public ne doit pas avoir l’impression qu’il existe une osmose entre le journalisme et le pouvoir judiciaire. Ils ont chacun leur rôle et ne devraient pas commencer à travailler ensemble. Les journalistes ne doivent certainement pas renoncer volontairement à la perception de leur indépendance ».

Le gibier chassé

Au printemps, « l’affaire Rousseau » ne peut plus être gardée à secrète. La tour Van Thillo, située sur la Mediaplein à Anvers, abrite non seulement la rédaction de News City, mais aussi Humo, De Morgen, Dag Allemaal, etc. L’enquête sur Conner Rousseau y est à la fois un secret de fabrication et un secret de polichinelle. Il ne faut pas longtemps pour qu’on en parle dans toutes les rédactions flamandes et au siège de tous les partis. Tout le monde commence à poser des questions et à fouiller dans la vie privée du président de Vooruit. Inévitablement, « l’info » se répand, notamment sur les sites ‘t Scheldt et PNWS.

Conner Rousseau décide de faire son coming-out par le biais d’un témoignage sur YouTube. Lui et son équipe espèrent que cette vidéo aura un effet apaisant. Le 15 juin, Niels Pattyn, porte-parole de Vooruit, informe les rédacteurs en chef des différentes rédactions que M. Rousseau témoignera de lui-même lors d’une interview filmée avec Eric Goens dans le courant de la journée. Les médias qui souhaitent utiliser les images devront payer une petite somme. Par ailleurs, son père, Jo Rousseau n’entend pas parler des aspects de la sexualité de son fils avant la diffusion de cette vidéo. Il n’en a jamais été question auparavant.

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Dans une sorte de confession, Eric Goens parle du « secret public que tout le monde semble connaître et avec lequel vous luttez encore » et Conner Rousseau parle de la « lutte pour son orientation ». Il s’avère qu’il est bisexuel : « Je craque pour au moins les deux ». Il y a aussi un passage qui ne concerne peut-être pas son orientation stricto sensu : le président de Vooruit dit s’être senti « chassé » ces derniers mois, en partie parce qu' »un ragot était arrivé à la rédaction ». Il s’agit donc de News City. Rousseau se sent victime d’une chasse aux sorcières.

Entre ensuite en scène… la VRT, et plus précisément le journaliste Ivan De Vadder. Il met lance définitivement « l’affaire Rousseau ». Le 15 juin, Ivan De Vadder s’installe à 18 heures dans le studio de Radio 1. Il devance tous les autres médias et établit un lien entre la sortie de Rousseau et les articles des sites ‘t Scheldt et PNWS – ces derniers étant basés sur les rumeurs résultant de l’enquête de News City. News City n’a toutefois PAS franchi cette ligne rouge absolue : « En fin de compte, il a été décidé qu’aucun des témoignages retenus contre Conner Rousseau ne pesait suffisamment lourd. Nous n’en avons donc jamais parlé. Le tribunal est parvenu à la même conclusion que nous en rejetant les trois affaires liées à Conner Rousseau ».

« Foutaises en paquets »

Ce ne sont donc pas Faroek Özgünes et Jonas Muylaert, mais Ivan De Vadder qui informe le public flamand du possible comportement sexuel criminel de Conner Rousseau. Après son intervention, presque tous les médias rapportent la « nouvelle ». PNWS est euphorique : « Ce que ‘t Scheldt et nous avons écrit précédemment est enfin confirmé par un journaliste des médias classiques. D’ailleurs, ce que nous avons fait est une illustration de la mise en place d’un agenda inversé. En écrivant sur un phénomène, nous avons mis la pression sur les médias classiques pour qu’ils en parlent aussi ».

Lorsque les réseaux sociaux font état d’un scandale présumé impliquant un homme politique, les médias traditionnels peuvent-ils l’ignorer purement et simplement ? Alors qu’ils savent que le grand public sera de toute façon « informé » par ces canaux ?

Dirk Voorhoof

Dirk Voorhoof identifie le problème : « Bien sûr, le travail des médias et des journalistes professionnels n’est pas devenu plus facile depuis l’essor des médias sociaux, où il n’y a pas de code déontologique tel que celui du Conseil de déontologie. Lorsque les réseaux sociaux font état d’un scandale présumé impliquant un homme politique, les médias traditionnels peuvent-ils l’ignorer purement et simplement ? Alors qu’ils savent que le grand public sera de toute façon « informé » par ces canaux ? »

Pourtant, Dirk Voorhoof appelle au respect du code de déontologie journalistique, qui a fait ses preuves : « Ce qu’il ne faut surtout pas faire, c’est reprendre sans discussion les soi-disant informations des réseaux sociaux et des « sites d’information » de l’ombre, et même leur donner un certain cachet de vérité. Si, surtout en période pré-électorale, on ne peut attaquer les hommes politiques que sur la base de rumeurs ou de plaintes concernant leur vie privée, on ne rend pas service à la démocratie. Nous nous retrouverons alors avec des hommes politiques à la peau de crocodile. La question est de savoir si ce type de personnes a la bonne boussole morale pour guider la société de demain vers un avenir avec tous ses choix difficiles en matière d’éthique et de durabilité ».

(HATIM KAGHAT/BELGA MAG/AFP via Getty Images)

Mais la barrière est dressée. Le 21 juin, Rousseau lui-même répond pour la première fois aux dénonciations dont il fait l’objet : « Foutaises en paquets ». À peine un jour plus tard, les avocats anversois Jorgen Van Laer et Manon Cop annoncent qu’ils ont déposé une « plainte » auprès du parquet d’Anvers pour de nouveaux « faits de moeurs très graves » qui se seraient produits. Le dossier est transféré en Flandre orientale où le procureur décide de le classer sans suite.

Une fois de plus, c’est la fin d’une procédure qui n’aurait jamais été entamée sans la diligence d’un journaliste de News City. Dans De Morgen, l’avocate Manon Cop admet littéralement : « Il y a de fortes chances que notre client n’aurait pas porté plainte s’il n’avait pas reçu un coup de téléphone du journaliste concerné ». Dans le même temps, elle souligne que ce journaliste « a travaillé avec une grande intégrité ».

Si dans trois affaires presque identiques contre la même personne, il y a trois fois un classement sans suite, alors les « nouvelles » présentées par les médias semblent beaucoup ressembler à de la manipulation. Il y a alors des preuves d’un échec collectif.

Dirk Voorhoof fait une comparaison frappante : « Regardez comment les rédacteurs en chef ont traité la publication des noms dans l’affaire du Reuzegom/Sanda Dia et regardez la couverture de l’affaire Conner Rousseau. La différence est frappante. Dans l’affaire Sanda Dia, ils ont réussi collectivement à protéger la vie privée d’individus qui devaient comparaître devant le tribunal alors qu’ils étaient accusés de délits graves. Même après leur condamnation, leurs noms n’ont été mentionnés nulle part. Les rédacteurs en chef des différents médias ont ensuite expliqué pourquoi ils avaient choisi cette retenue. Mais dans le cas de Conner Rousseau, ces mêmes rédacteurs en chef ont à un moment donné repris des rumeurs qui avaient déjà fait surface sur les médias sociaux ».

Vraiment ? Ivan De Vadder n’a agi qu’après que Conner Rousseau se soit qualifié de « gibier chassé » sur YouTube. Un journaliste de la VRT n’a-t-il pas alors le devoir d’expliquer cette déclaration ? Dirk Voorhoof : « Si un politicien sort lui-même du confessionnal, un journaliste doit en effet fournir une interprétation. Mais ici, il y a aussi la question de l’interprétation de la déclaration de Rousseau. Son véritable message n’était-il pas : ‘Laissez-moi tranquille. Laissez-moi ma vie privée’. Aujourd’hui, on utilise ses mots pour faire exactement le contraire ».

Dirk Voorhoof résume : « Conner Rousseau est un personnage connu, mais ce n’est pas un argument absolu pour citer son nom. Même les hommes politiques ont droit au respect de leur vie privée. Il faut avant tout respecter ce principe ».

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