
Le PS se cherche un nouveau sénateur coopté: le match entre Paul-Olivier Delannois et Fatima Ahallouch
Le PS doit remplacer son sénateur coopté, le verviétois Malik Ben Achour, qui a démissionné du Sénat. L’ancien bourgmestre de Tournai Paul-Olivier Delannois part favori, mais la mouscronnoise Fatima Ahallouch a ses chances.
Dans un parti qui a perdu les élections, le siège de sénateur coopté (il y en a quatre dévolus aux francophones, et six aux Flamands) est souvent offert au candidat défait le plus valeureux, celui dont on estime qu’il aurait le plus mérité de rester au parlement. Bref, au meilleur perdant. C’est un poste de parlementaire qui autorise une certaine visibilité, valorisable politiquement, et qui accorde la moitié de l’indemnité des députés, valorisante socialement. C’est donc un poste fort convoité, surtout en période de vaches maigres.
Et voilà que le 14 avril prochain, le Bureau du Parti socialiste va devoir choisir un nouveau sénateur coopté pour la suite de la législature.
En juillet, le Bureau avait désigné le député sortant Malik Ben Achour, premier suppléant de Frédéric Daerden aux législatives dans la circonscription de Liège. Il avait été coopté parce que le PS ayant perdu les élections, il était relégué dans l’opposition partout, et Frédéric Daerden ne sera donc pas ministre, ce qui empêchera son suppléant de siéger. Au Bureau, qui vote à bulletin secret, Malik Ben Achour avait reçu quatre voix de plus que la mouscronnoise Fatima Ahallouch, députée régionale sortante et première suppléante de Paul Magnette aux législatives dans la circonscription du Hainaut. Malik Ben Achour a également participé aux élections communales, il est devenu échevin de sa commune de Verviers. Après quelques hésitations dues à des messages contradictoires venus du Boulevard de l’Empereur, il a dû renoncer à cumuler, et a choisi de quitter le Sénat et de rester au collège communal de Verviers.
Il faut donc le remplacer, et c’est difficile parce que le poste est très convoité puisque le PS traverse une période de vaches maigres. Heureusement, si on peut dire, le PS dispose d’un gros vivier de perdants dans lequel puiser, après les deux mauvais scrutins de 2024, les législatives de juin et les communales d’octobre. Cela suscite beaucoup de vocations pour la cooptation, et on ne dirait pas, parce qu’on ne s’affronte pas à coups d’interviews et de meetings quand on candidate à un vote en Bureau à scrutin secret, mais c’est déjà la bagarre.
Derby de Picardie
Les candidatures sont à remettre avant le 9 avril. Ne sont éligibles que les membres du PS en règle de cotisation, et beaucoup de noms circulent déjà. On a même entendu celui de Jean-Charles Luperto, l’ancien député-bourgmestre de Sambreville, c’est pour dire. Les hypothèses de celle d’Hervé Rigot, député fédéral sortant et actuel président du CPAS de Waremme, de la députée fédérale sortante Chanelle Bonaventure, de l’ancienne députée régionale Latifa Gahouchi ou de Gwenaëlle Grovonius, actuelle conseillère communale à Namur après une belle expérience parlementaire, circulent également, plus ou moins crédiblement. Mais deux candidats sont déclarés officiellement et mènent une campagne active pour convaincre les 47 membres avec voix délibérative qui siègent au Bureau.
Il s’agit de la conseillère communale de Mouscron Fatima Ahallouch, et du conseiller communal de Tournai, Pierre-Olivier Delannois. La première a raté la cooptation de peu en juillet, et mise sur un sursaut féministe du Bureau, puisque les quatre derniers cooptés (Ahmed Laaouej en 2010, Christophe Lacroix en 2014, Jules Eerdekens en 2019 et Malik Ben Achour en 2024) étaient des hommes. Le second, ancien député fédéral et surtout bourgmestre de Tournai jusqu’à octobre dernier, souhaite briser la tradition de la récompense au meilleur perdant, puisqu’il n’a pas vraiment perdu l’élection communale dans la cité des cinq clochers: il ne doit pas sa relégation dans l’opposition à une contre-performance électorale mais à un renversement d’alliance d’Ecolo, qui a préféré s’associer au MR de Marie-Christine Marghem et aux Engagés. Paul-Olivier Delannois, surnommé le shérif par ses camarades et ses concitoyens, n’est pas tout à fait un gauchiste. Compagnon de Ludivine Dedonder, il s’est fait désigner secrétaire de la fédération d’arrondissement de Wallonie-Picarde à sa sortie forcée de charge mayorale. Il souhaite continuer, via le Sénat, à exercer un mandat d’envergure nationale. A moins de trois semaines de la séance du 14 avril, il semble aujourd’hui le mieux placé pour obtenir les faveurs de ses 47 camarades. Et pas seulement parce que ce lundi-là sera le jour de la sainte-Ludivine.
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