Le PS presse De Croo de réunir son gouvernement
Le PS presse le Premier ministre, Alexander De Croo, de réunir son gouvernement afin de prendre des décisions dans une série de dossiers, dont ceux des prix de l’énergie et de la réforme des pensions.
À la mi-mai, les socialistes francophones avaient présenté 13 propositions en vue de protéger le pouvoir d’achat de la classe moyenne face à la poussée de l’inflation. Un mois plus tard, ils remettent le couvert alors que la fin de l’année politique se profile et qu’un « accord de l’été » se fait attendre « Comme Premier ministre, il y a la nécessité d’être à l’écoute des gens qui sont en souffrance sociale, il faut être dans le concret, et c’est le rôle du Premier ministre de rassembler son équipe et de trouver des solutions. On lui demande d’assumer la fonction qui est la sienne », a souligné lundi le chef de groupe PS à la Chambre, Ahmed Laaouej, sur les ondes de Bel-RTL. Dimanche, le président du parti, Paul Magnette, tenait le même discours sur le plateau de RTL-TVi. « Énergie nucléaire, pension, prix de l’énergie, salaires: ces questions sont sur la table, il est plus que temps de trancher », a-t-il dit.
Plusieurs dossiers sont en attente d’une avancée d’ici le 21 juillet, voire plus tôt, alors que l’ambiance se tend dans la Vivaldi: le deal pour l’emploi, une partie de la réforme des pensions, la prolongation des mesures qui diminuent la facture énergétique, etc., sans compter la volonté exprimée par M. De Croo de porter à 2% du PIB l’investissement dans la Défense d’ici 2035. Le PS s’est défendu de mettre le gouvernement fédéral en danger et de s’engager déjà dans une campagne électorale. « Nous ne sommes pas en campagne électorale, nous sommes face aux urgences sociales. Et c’est ça que nous disons: il faut prendre la mesure de la situation. Et on ne peut pas se permettre simplement de faire de grandes déclarations sans lendemain, il faut venir avec des choses concrètes », a expliqué M. Laaouej.
Les socialistes s’opposent à tout ce qui pourrait apparaître comme une politique d’austérité pour assainir des finances publiques mises à mal par la crise sanitaire et la crise énergétique qui a suivi. L’enjeu est de taille. La semaine passée, en commission de la Chambre, la secrétaire d’État au Budget, Eva De Bleeker (Open Vld), a mis en garde contre des promesses qui ne pourraient être tenues et dit soutenir des mesures qui seraient ciblées et temporaires, notamment en raison de la situation financière de l’État, alors que tant du côté socialiste qu’écologiste mais aussi au CD&V l’on souhaite pérenniser tantôt les baisses de TVA sur l’énergie, tantôt l’élargissement du tarif social, tantôt les deux.
Ce week-end, Egbert Lachaert, président de l’Open Vld, parti du Premier ministre, a haussé le ton. « Pour la gauche francophone, distribuer de l’argent est devenu le sport à la mode« , a-t-il déclaré dans « La Libre ». Il a entre autres visé le PS, premier parti de la coalition. Les libéraux flamands insistent depuis plusieurs semaines pour que le « deal pour l’emploi » conclu en octobre au sein du gouvernement et approuvé en première lecture en février, puisse passer en deuxième lecture pour être envoyé au parlement et voté avant les vacances. Les partenaires sociaux n’ont pu s’entendre sur ce paquet de mesures, dont certaines sont fermement dénoncées par les syndicats. Le ministre de l’Emploi, Pierre-Yves Dermagne (PS), s’inscrit dans le timing évoqué mais entend « adapter » le projet au regard des remarques des partenaires sociaux. M. Lachaert s’impatiente. « On est en train de rediscuter de cet accord pour la troisième fois! Par le passé, malgré les divergences idéologiques, le PS respectait les accords. Aujourd’hui, je n’en suis plus sûr. Il faut tout le temps tout renégocier et, ensuite, pour l’exécution, ça traîne », a-t-il déclaré. De manière plus générale, le président des libéraux flamands affirme qu’il ne trouve plus « de socialistes ayant le courage d’expliquer à leurs membres, aux syndicats, aux mutuelles, l’intérêt des accords obtenus dans le gouvernement ». Et d’en appeler aux partis francophones de la Vivaldi: si l’équipe actuelle ne parvient pas à mener ses réformes, ils auront face à eux un bloc N-VA/Vlaams Belang la prochaine fois.
Ces déclarations sont faites alors que le gouvernement va consacrer plusieurs réunions en comité restreint cette semaine à avancer dans plusieurs dossiers, en particulier le deal pour l’emploi, certains volets de la réforme des pensions ainsi que l’investissement dans la Défense pour lequel une réponse devra être trouvée d’ici le sommet de l’OTAN à Madrid à la fin du mois. Au cabinet du Premier ministre, on évoquait une « semaine chargée ». Il n’était pas question pour autant de parler d’un « accord de l’été » reposant sur un « gros paquet de mesures ».
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