sénateur coopté
Paul-Olivier Delannois (PS), ancien bourgmestre de Tournai, fait partie des candidats au poste de sénateur coopté, suite à la démission annoncée de Malik Ben Achour. Il assure être parfaitement en règle avec les statuts de son parti. © BELGA

Le PS doit se choisir un sénateur coopté: le favori est-il déjà hors jeu?

Benjamin Hermann
Benjamin Hermann Journaliste au Vif

Le bureau du PS doit désigner le nouveau sénateur coopté du parti, ce lundi 14 avril, après la démission de Malik Ben Achour. On annonce un derby picard entre Paul-Olivier Delannois et Fatima Ahallouch. Mais quelques voix grincent au PS: la candidature du premier serait irrecevable. Un point de vue qui étonne fortement le principal intéressé.

La désignation du poste de sénateur coopté peut sembler presque anecdotique, en termes d’enjeux pour une formation politique d’envergure. Au PS, le tumulte qui règne autour de ce poste depuis quelques mois finit par placer ce mandat au cœur d’une intrigue tout à fait captivante. Ce lundi 14 avril, le bureau du parti doit élire la nouvelle personne vouée à intégrer le Sénat.

Le Verviétois Malik Ben Achour, titulaire au poste depuis le lendemain des élections fédérales de juin 2024, a démissionné, contraint et forcé, pour se consacrer à son échevinat à la Ville de Verviers. Les statuts du PS, en effet, interdisent le cumul des mandats de parlementaire et de membre d’un exécutif communal, si l’entité compte plus de 50.000 habitants – ce qui est le cas de la cité lainière.

Le poste de sénateur coopté étant vacant, il suscite bien des convoitises, désormais, à travers différentes candidatures venues de fédérations diverses: depuis Verviers (Chanelle Bonaventure), Namur (Gwenaëlle Grovonius), Charleroi (Latifa Gahouchi) ou le Brabant wallon (Robert Verteneuil). Mais en Wallonie picarde, en particulier, le derby se joue entre la Mouscronnoise Fatima Ahallouch et le Tournaisien Paul-Olivier Delannois.

L’ancien bourgmestre de Tournai, éjecté par une coalition portant Marie-Christine Marghem (MR) sur le siège maïoral, a été désigné secrétaire fédéral du PS de Wallonie picarde en octobre. Une sorte de lot de consolation qui pourrait lui coûter le poste de sénateur coopté aujourd’hui. C’est du moins que relèvent certaines voix socialistes, à l’intérieur même de la Wallonie picarde, où quelques tensions ont déjà pu apparaitre. On songe au coup de gueule de l’ancien ministre-président Rudy Demotte, en novembre, suite à la non-désignation de Laetitia Liénard en tant que députée provinciale du Hainaut.

Qu’est-ce qui coince? L’absence de respect des statuts du parti, selon ces voix discordantes et quelques soutiens de la candidature de Fatima Ahallouch. En effet, les statuts du PS prévoient que «la/le secrétaire fédéral(e) ne peut pas poser sa candidature à un mandat politique exécutif (local ou provincial) ou parlementaire, sans approbation préalable du Comité fédéral».

«Cette règle a été mise en place afin de permettre une totale impartialité dans les décisions. Après vérification auprès de membres du comité fédéral, représentants des socialistes wallons picards, cette condition préalable au dépôt de candidature n’a pas été respectée. Or, cette condition aurait dû être remplie formellement avant le mercredi 9/04 midi (date limite du dépôt de candidature)», indique-t-on.

Cette règle a été mise en place afin de permettre une totale impartialité dans les décisions.

Lorsque Le Vif interroge Paul-Olivier Delannois sur cette éventuelle irrégularité (ce 13 avril en début d’après-midi), celui-ci se dit étonné de l’entendre. «Vous me l’apprenez», répond-il d’ailleurs, assurant que candidature a bien été actée par le PS et que personne ne lui a indiqué une quelconque entorse vis-à-vis des statuts. «De toute façon, j’ai déjà dit que si j’étais sénateur coopté, je démissionnerais du poste de secrétaire fédéral», précise-t-il. Ses concurrents répondront qu’il n’était pas habilité à postuler. Mais une nuance pourrait éventuellement être favorable à Paul-Olivier Delannois, à savoir «que je ne suis pas secrétaire fédéral, mais secrétaire fédéral faisant fonction» du PS de Wallonie picarde.

Ce lundi, au moment de désigner son sénateur coopté ou sa sénatrice cooptée, le bureau du PS tiendra-t-il compte de l’argument de l’irrégularité? Il existe plus d’une voix à l’intérieur du parti, en tout cas, pour appeler au respect strict des statuts, à l’heure où les socialistes lancent leur grande refondation et cherchent à redorer leur blason auprès de l’électorat.

Précisément, c’est une application à la lettre des statuts du parti qui a poussé Malik Ben Achour à choisir sa ville au détriment du Sénat. En Wallonie picarde, comme dans d’autres fédérations d’ailleurs, plusieurs socialistes redoutent l’effet produit par l’irrégularité potentielle de la candidature de Paul-Olivier Delannois, le cas échéant, en termes de recours potentiels, de principes et in fine d’image renvoyée à l’extérieur du parti.

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