Ahmed Laaouej, président du PS Bruxellois. © Belga via Getty Images.

Le PS Bruxellois se retire des négociations pour la formation d’un nouveau gouvernement: «Un manque de courage», dénoncent Les Engagés

La formation d’un gouvernement bruxellois patine toujours. Le PS met un veto contre le contenu d’une note de travail de la formatrice Elke van den Brandt (Groen). Les Engagés, le MR et la N-VA ont fustigé la position du PS.

Les conditions d’une participation du PS aux négociations pour la formation d’un nouveau gouvernement bruxellois ne sont plus réunies, a indiqué lundi midi la Fédération bruxelloise du Parti Socialiste. Ce n’est pas la participation de la N-VA à la formation qui pose problème, mais la note de travail de la formatrice Elke van den Brandt.

Motif invoqué par le Bureau de la Fédération à l’issue de sa réunion de lundi: les conditions de l’accord entre Groen, la NV-A, l’Open VLD et Vooruit, présentées par la formatrice néerlandophone Elke Van den Brandt (Groen). « Lues à la lumière des termes de la super-note de celle-ci », ces conditions « remettent en cause les équilibres institutionnels de la Région bruxelloise et les intérêts des francophones, autant que les intentions de ce document menacent les politiques de proximité des communes en matière de prévention, de sécurité ou de cohésion sociale », selon le PS.

Dans un communiqué, les socialistes bruxellois précisent que les deux conditions qui posent problème sont: « la création unilatérale d’un poste de Commissaire de gouvernement néerlandophone, adjoint au Ministre-Président et siégeant à la table du Gouvernement » et « la préemption de la compétence du Budget attribuée – avant même une négociation sur le fond – à ce Commissaire par le Ministre-Président ».

Le PS bruxellois a notamment tenu à rappeler qu’il était à l’origine de la création de la Région il y a 35 ans. « Tout au long de ces années, il a toujours eu à cœur de respecter les équilibres institutionnels et de ne pas importer les débats communautaires »… dans les négociations pour la formation d’un gouvernement régional.
Le fait régional bruxellois est, selon lui, aujourd’hui une réalité qui s’est appuyé ces dernières années sur une autonomie renforcée des partis bruxellois à l’égard de leurs présidences nationales.

Le PS bruxellois dit devoir constater un retour en arrière de 25 ans avec l’immixtion dans les négociations de considérations qui, en méconnaissant les réalités bruxelloises, répondent plus de dynamiques nationales que régionales.

Le PS a également tenu à rappeler qu’il s’était toujours opposé à la mise sous tutelle de Bruxelles par les deux Communautés, et qu’il continuera à le faire.
Bruxelles mérite une majorité régionale qui ne se résume pas à l’addition de deux majorités communautaires. Une majorité associant les trois familles politiques libérale, socialiste et social-chrétienne, associées au premier parti néerlandophone, répond à cet impératif », a-t-il insisté.

Par ailleurs, le PS Bruxellois a « regretté l’absence de méthode des formateurs pour maintenir les conditions de la confiance entre partenaires. Malgré nos réserves connues de longue date et les annonces de nouvelles consultations, aucun contact n’a été pris par les formateurs avec le PS pour entendre et respecter ses objections de fond depuis l’annonce le 13 novembre du schéma VLD/N-VA. Cette stratégie du fait accompli a ses limites », a-t-il conclu.

Les Engagés dénoncent la « capitulation » du PS

Les Engagés ont dénoncé lundi la décision du PS bruxellois de quitter les négociations en vue de la formation d’un gouvernement bruxellois, « après 6 mois de discussion au cours desquelles il n’a jamais exprimé aucun veto contre la N-VA », a déclaré lundi le chef de file de la régionale bruxelloise de la formation centriste, Christophe De Beukelaer.

Aux yeux de celui-ci, « la capitulation du PS bruxellois ressemble plus à un manque de courage face à l’ampleur des réformes à mener à Bruxelles. Nous avons besoin d’un gouvernement solide avec des partenaires capables de dépasser leurs intérêts particratiques au profit de l’intérêt général. Les Engagés seront de ceux-là », a-t-il assuré dans un communiqué.

Pour Christophe De Beukelaer, personne ne peut être étonné du volet institutionnel de la note d’Elke Van Den Brandt. « Il ne reflète que les points programmatiques communs entre les partis flamands autour de la table, dont, et il est piquant de le constater, Vooruit en tête avec son projet ‘One.Brussels’. Nous ne partageons pas non plus ce projet institutionnel des néerlandophones, mais nous sommes conscients qu’il faut simplifier et réformer en profondeur Bruxelles et nous sommes prêts à défendre notre vision dans le cadre d’une négociation gouvernementale », a ajouté le président des Engagés Bruxelles.

« Manque du sens des responsabilités »

Le formateur bruxellois David Leisterh (MR) en a appelé lundi au sens des responsabilités de chacun. « L’enjeu est trop grand. Les Bruxellois ne pourraient comprendre que des chamailleries politiciennes empêchent le redéploiement bruxellois », a-t-il commenté. 

« Alors que les écologistes et les libéraux ont dépassé les clivages et accepté des compromis pour Bruxelles, je prends acte aujourd’hui de la décision unilatérale du PS d’arrêter sa participation aux négociations. De mon côté, je n’abandonne pas Bruxelles. Encore moins en temps de tempête », a réagi David Leisterh.  Selon lui, depuis le 1er août et l’annonce d’un accord entre francophones, ceux-ci attendaient la formation d’une coalition du côté néerlandophone.

« Le 28 novembre, la formatrice flamande annonçait un accord et nous pensions arriver au bout du tunnel. Après 6 mois d’intenses tractations, elle a pris sur elle, avec son parti, et propose une coalition Groen-N-VA-VLD-Vooruit. Le VLD a accepté de se ‘sacrifier’ en prenant le poste de Commissaire. Le CD&V a toujours été très clair: pas de montée dans un gouvernement à l’attelage similaire au précédent (donc pas sans la N-VA) et avec un rôle d’exécutif », a rappelé le chef de file francophone des négociations. Selon M. Leisterh, la note « tant décriée » d’Elke Van den Brandt était une base de travail entre néerlandophones mais, comme expliqué par celle-ci, les textes soumis à la négociation auraient été écrits par le formateur.

La ministre flamande des Affaires bruxelloises et négociatrice de la N-VA pour la formation d’un gouvernement bruxellois, Cieltje Van Achter, s’est étonnée lundi du « manque de sens des responsabilités du PS ». »Il y a enfin un progrès du côté flamand – avec une coalition prête à négocier et à chercher des solutions pour Bruxelles », a-t-elle affirmé, déplorant la décision du PS de quitter les négociations pour la formation du gouvernement bruxellois. « Actuellement, le PS bloque Bruxelles, et ce pour des raisons de crispation qui vont dans toutes les directions », a poursuivi Mme Van Achter.

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