Vincent Van Quickenborne
Vincent Van Quickenborne © Belga

Attentat à Bruxelles: le ministre Vincent Van Quickenborne démissionne à la suite d’une « erreur inacceptable »

Le ministre de la Justice, Vincent Van Quickenborne (Open Vld) a annoncé sa démission lors d’une conférence de presse ce soir, à la suite d’une « erreur inacceptable » liée à l’attentat survenu à Bruxelles lundi.

Vincent Van Quickenborne a convoqué une conférence de presse inattendue. Lors de celle-ci, il a expliqué que des erreurs graves avaient été commises au sein du ministère de la Justice dans le dossier d’Abdesalem Lassoued, l’auteur tunisien de l’attentat de Bruxelles lundi. « Nous avons continué à enquêter pour trouver une réponse sur comment cela a pu arriver. Nous avons découvert des informations cruciales à cet égard », a commencé Vincent Van Quickenborne.

Le ministre a expliqué qu’une demande d’extradition concernant Lassoued était parvenue le 15 août 2022 à la demande de la Tunisie. « Celle-ci a été transmise par le SPF Justice au parquet de Bruxelles.

30 demandes sur 31 traitées

En 2022, un total de 31 demandes d’extradition internationale ont été transmises à ce magistrat. Trente d’entre elles ont été traitées. Un dossier n’a pas été traité. Il s’agit du dossier du terroriste, a expliqué Vincent Van Quickenborne.

« C’est une faute individuelle, monumentale et inacceptable aux conséquences dramatiques« , a déclaré le ministre, qui a dit prendre sa responsabilité politique en présentant sa démission.

« L’indépendance d’un magistrat est le fondement de notre État de droit. J’ai toujours défendu ce principe et je continuerai à le défendre. En tant que ministre de la Justice, je ne peux en aucun cas intervenir dans les décisions d’un magistrat. Bien qu’il s’agisse d’une décision d’un magistrat indépendant, je tiens malgré tout à assumer la responsabilité politique de cette erreur inacceptable« , a déclaré le ministre démissionnaire. « Je tiens sincèrement à m’excuser au nom de la Justice auprès des victimes et de leurs proches. Je tiens aussi à m’excuser au nom de la Justice auprès du peuple suédois et de nos concitoyens belges. »

Johan Delmulle a de son côté parlé d’un « regrettable concours de circonstances ».

L’indication datant de 2016 par un service de police étranger au sujet d’une éventuelle radicalisation avait pourtant fait l’objet d’une enquête, a ajouté Vincent Van Quickenborne. « Ainsi que les différentes déclarations contenues dans la base de données de la police, y compris le PV, concernant des menaces de mort à l’encontre d’une personne dans un centre d’accueil pour demandeurs d’asile et le signalement qui s’en est suivi. »

L’attentat commis lundi soir a fait deux morts et un blessé, tous de nationalité suédoise. L’auteur avait ensuite revendiqué le caractère islamiste de son acte dans une vidéo. Il a été abattu mardi matin par la police. L’attaque s’était produite en marge du match de football Belgique-Suède.
Depuis lors, de nombreuses questions se posent quant à la présence en Belgique de l’auteur de l’attentat. Abdesalem L., était sous le coup d’une obligation de quitter le territoire (OQT) depuis 2021 après avoir été débouté de sa demande d’asile. Originaire de Tunisie, il est passé en Europe par l’Italie, la Norvège, la Suède et la Belgique.
L’homme séjournait à Schaerbeek avant de commettre son attaque contre les trois supporters suédois. Le tueur présumé avait « disparu des radars » des services de l’immigration après avoir été débouté de sa demande d’asile en octobre 2020, il n’était plus inscrit au registre national alors même qu’il vivait dans la commune bruxelloise avec son épouse et sa fille.
Plusieurs fois, des informations à son propos ont circulé, mais jamais il ne sera inscrit dans la banque de données de l’Ocam (Organe de Coordination pour l’Analyse de la Menace) reprenant les personnes radicalisées, faute d’éléments suffisants.

Vincent Van Quickenborne victime collatérale de l’attentat de Bruxelles (biographie)

Vincent Van Quickenborne (Open Vld), qui a annoncé sa démission vendredi soir, était vice-Premier et ministre en charge de la Justice et de la Mer du Nord dans le gouvernement dirigé par son coreligionnaire Alexander De Croo.

Durant ses trois années à la tête du département de la Justice, M. Van Quickenborne s’est notamment attaché à une importante réforme du droit pénal, ainsi qu’à modifier le droit pénal sexuel.

Au cours de l’année 2022, lui et sa famille furent tout un temps placé sous protection judiciaire dans un lieu tenu secret à la suite d’une tentative d’enlèvement commanditée par le milieu de la drogue.

A l’été 2023, son nom fait la une des médias à cause d’un incident relatif à une fête donnée à son domicile, sur fond de tension avec les syndicats de police.

Agé aujourd’hui de 50 ans, M. Van Quickenborne est licencié en droit de la KUL. Marié et père de trois enfants, il vit à Courtrai, où il fut avocat.

Il a une longue carrière politique derrière lui au sein du gouvernement fédéral. Il fit ainsi partie du gouvernement Verhofstadt II, en tant que secrétaire d’État à la Simplification administrative (2003-2007).

Il y dénoncera les lourdeurs « kafkaïennes » de l’administration, en créant le site kafka.be, où il récolte les propositions et plaintes des citoyens.

Devenu un poids lourd du parti libéral flamand, l’homme fut en réalité à l’origine l’une des figures de proue du mouvement ID21 initié par Bert Anciaux. Il fit son entrée, à ce titre, en politique nationale à l’occasion de son élection comme sénateur sous la bannière VU (Volksunie) – ID, en 1999.

Au sein de la Haute assemblée, il se fit remarquer par son engagement sur des dossiers très spécifiques, comme la loi sur le génocide, la question palestinienne, la rénovation du Berlaymont et la famille royale.

Via Spirit (social-libéral), il passe au VLD en même temps que d’autres élus. Il s’y fait remarquer aux congrès de parti. Avec Jean-Marie Dedecker, il propose ainsi d’intégrer au programme de la formation libérale flamande un passage sur l’aspect purement protocolaire de la fonction du souverain.

Outre sa première expérience dans le gouvernement Verhofsdtadt II, M. Van Quickenborne fut aussi ministre sous Yves Leterme et sous Herman Van Rompuy, en charge respectivement de l’Économie et de l’Innovation puis de l’Entreprise, tout en gardant la Simplification administrative.

Fin 2011, il devient vice-Premier et ministre des Pensions dans le gouvernement d’Elio Di Rupo. Il a alors initié une réforme des pensions, mais laisse rapidement la place à Alexander De Croo pour se recentrer sur sa ville de Courtrai, dont il devient bourgmestre en 2013. Il y met fin à 150 ans de pouvoir des démocrates chrétiens.

En 2018, il y relancera la même coalition, en s’alliant avec le sp.a et la N-VA.

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