Philippe Courard (PS) souhaite passer de la classe éco à l’éco prémium pour les missions parlementaires impliquant un vol d’une durée supérieure à six heures. © BELGA

«Le dos et les genoux en prennent un coup»: Philippe Courard (PS) souhaite le surclassement, de la classe éco à l’éco premium, pour les lointaines missions parlementaires

Nicolas De Decker
Nicolas De Decker Journaliste au Vif

Pour les longs vols en avion dans le cadre de l’Union Interparlementaire, députés et sénateurs ordinaires doivent voyager en classe éco. Philippe Courard (PS) souhaite que, comme pour les autres missions, l’accès à la classe éco premium soit garanti lorsque le vol dure plus de six heures.

L’Union interparlementaire (UIP) est une fort honorable institution, fondée en 1889 pour promouvoir «la paix par la diplomatie et le dialogue parlementaires», qui rassemble aujourd’hui 181 parlements membres, et quinze associés. Le Parlement belge en est, évidemment, un des membres constitutifs. Chaque année, deux assemblées statutaires de l’UIP se tiennent dans un des pays membres, la prochaine c’est à Tashkent, en Ouzbekistan, du 5 au 9 avril. Et l’UIP chapeaute des dizaines d’événements spécifiques tout au long de l’année et aux quatre coins du monde. Le groupe Belge à l’Union Interparlementaire se compose de tous ces sénateurs et députés que les questions internationales intéressent, notamment parce qu’ils participent à des sections bilatérales avec des pays en particulier.

En général, les groupes politiques à la Chambre et au Sénat y inscrivent collectivement leurs parlementaires, et ceux-ci, s’ils le souhaitent, sont invités à participer à l’assemblée générale du groupe belge, qui doit s’organiser au moins une fois par an. Un Bureau, composé de quatre sénateurs et de quatre députés, dirige le groupe belge à l’UIP.

La plus récente tenue annuelle de l’assemblée générale, le 11 février, à 12h45, dans la salle K du Sénat (ou par zoom pour ceux qui ne pouvaient pas y être) a vu l’émergence d’une revendication à l’intersection du droit du travail et de la santé publique. Une vingtaine de parlementaires étaient présents. Parmi eux, le député PS Philippe Courard, qui n’est pas membre du Bureau de l’UIP. Celui qui est aussi bourgmestre d’Hotton, en province de Luxembourg, a souhaité que les conditions de voyage en avion des membres ordinaires de l’UIP soient alignées sur celles des membres du Bureau, ainsi que sur celles des délégations auprès d’autres organisations interparlementaires (l’assemblée parlementaire de l’OTAN, celle de l’Union méditerranéenne, celle de l’OSCE, etc.). Il a donc proposé que tous les parlementaires actifs au sein de l’UIP soient surclassés, de la classe économique vers l’économique premium, pour tous les vols de plus de six heures. Il a également suggéré qu’une contribution personnelle des députés voyageurs (500 euros maximum par déplacement) à la caisse de l’association ne soit plus exigée.

«C’est rare, les gens qui paient pour travailler»

Lorsque les membres du bureau de l’UIP ou les membres ordinaires d’une autre délégation interparlementaire doivent, dans le cadre d’une mission, accomplir un vol de plus de six heures, ils peuvent, eux, profiter de ce surclassement. Les simples membres de l’assemblée générale de l’UIP doivent se limiter à la classe économique, la plus basique, quelle que soit la durée du vol. Et ils doivent également payer au groupe belge de l’UIP une participation personnelle. «Il y a un an ou deux, j’ai participé à une mission de l’UIP de trois jours au Pakistan. J’ai payé 300 euros de supplément de ma poche pour pouvoir m’asseoir devant une issue de secours, dans l’avion, et 500 euros de contribution à la caisse du groupe belge à l’UIP. Ca fait 800 euros pour trois jours de travail, je ne veux pas me plaindre, mais avouez que c’est rare, les gens qui paient pour travailler», se souvient Philippe Courard, 58 ans, pas loin d’un mètre nonante, un dos en souffrance, et des genoux qui font mal. «Le dos et les genoux en prennent un coup, mais on doit être opérationnel dès l’atterrissage, pas question de se reposer», avec un enthousiasme immarcescible pour la diplomatie parlementaire, «qui est hyper-importante, parce qu’on peut dire à nos homologues des choses qu’un ministre ou un diplomate, contraints par la nature de leur fonction, ne peuvent pas dire. Je ne réclame pas la classe business, ni la première classe, hein, juste l’éco premium pour les longs vols, et que les règles à l’UIP soient les mêmes qu’ailleurs».

«C’est d’autant plus absurde que l’UIP est la plus légitime de toutes les associations interparlementaires!», conclut-il. Le Bureau du groupe belge à l’UIP, où tout le monde ne s’est pas montré hostile à la proposition du député Courard, s’est saisi de la question. Il devra reconvoquer une assemblée générale s’il souhaite modifier les conditions de transhumance des simples membres.

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