Vice-prime Minister and minister of Economy and Work David Clarinval pictured during a plenary session of the Chamber at the Federal Parliament in Brussels, Thursday 20 March 2025. BELGA PHOTO ERIC LALMAND

La limitation des allocations de chômage a du plomb dans l’aile, les gouvernement flamand et bruxellois demandent à l’Arizona de revoir sa copie

La ministre flamande de l’Emploi, Zuhal Demir (N-VA) sollicite une rencontre avec David Clarinval sur une suggestion de Vooruit et du CD&V.

C’était une des mesures phares du programme de gouvernement, mais l’Arizona va peut-être devoir revoir la copie de son projet de limitation des allocations de chômage dans le temps. Le CD&V et Vooruit souhaitent l’introduction d’une exception à la limitation des allocations de chômage dans le temps pour les personnes qui se forment à un métier en pénurie. La ministre flamande de l’Emploi Zuhal Demir (N-VA) s’entretiendra de cette proposition la semaine prochaine avec son collègue fédéral, David Clarinval (MR). Une conférence interministérielle sur l’Emploi est également demandée par la nationaliste.

Certaines voix mettent toutefois en garde en Flandre sur le fait que la formation à certains métiers en pénurie s’étale parfois sur trois ou quatre années. Les personnes concernées pourraient dès lors en théorie perdre leurs allocations de chômage. « Cela concerne notamment les personnes qui se forment pour devenir enseignant ou infirmier, soit des personnes dont nous avons absolument besoin sur notre marché du travail », s’est inquiété mercredi la députée Loes Vandromme (CD&V) au parlement flamand. « C’est pourquoi mon parti veut qu’une exception soit prévue pour les personnes qui suivent ces formations auprès du VDAB ». 

Les socialistes flamands sont aussi partisans d’une limitation des allocations de chômage dans le temps « mais cela ne peut nuire aux personnes qui veulent exercer un métier en pénurie », abonde Tina Van Havere (Vooruit). « Ce ne peut être un obstacle. Nous avons besoin de ces personnes ».

La ministre Zuhal Demir a dit mercredi partager cette préoccupation. « Nous avons en effet besoin de beaucoup de monde dans l’enseignement et les soins. Quatre mille chômeurs suivent une formation de trois ou quatre ans, dont la moitié pour exercer dans les secteurs de l’enseignement ou des soins. Nous devons tout faire pour rendre ces formations attractives ».

Le gouvernement bruxellois emboite le pas

Le gouvernement bruxellois demande également une concertation avec le gouvernement fédéral à propos des réformes du marché de l’emploi, a annoncé jeudi le ministre bruxellois de l’Emploi, Bernard Clerdfayt (DéFI). Celui-ci estime que ces réformes auront un impact considérable sur la Région-capitale et son service de l’emploi, Actiris. « Le gouvernement bruxellois réclame ainsi des compensations financières pour le transfert de charges vers le niveau régional, fait valoir M. Clerfayt, jeudi, dans un communiqué.  

Selon celui-ci, les mesures annoncées dans l’accord de majorité fédéral ne tiennent pas compte des spécificités du marché de l’emploi à Bruxelles, où près de 60 % des chercheurs d’emploi bruxellois sont peu qualifiés, alors que les postes vacants requièrent majoritairement des compétences spécifiques. Bruxelles compte 22.000 postes vacants, principalement dans les secteurs santé, construction, IT et comptabilité. Toutefois, sans formation adéquate en moyenne de plus de deux ans, ces emplois restent inaccessibles pour la majorité des chercheurs d’emploi bruxellois. 

Dans ce contexte, il est indispensable d‘introduire des assouplissements notamment afin de permettre aux chercheurs d’emploi de suivre une formation menant à un métier en pénurie ou ceux qui sont accompagnés dans la création d’une activité d’indépendant. Sans cela, l’application stricte des nouvelles règles risquerait de compromettre l’atteinte de l’objectif de 80% de taux d’emploi fixé, a souligné Bernard Clerfayt.

Par ailleurs, la limitation dans le temps des allocations de chômage entraînera une hausse du nombre de bénéficiaires du revenu d’intégration sociale (RIS) de près de 13.000 personnes suivant une étude de l’Observatoire de la Santé et du social. Cette situation accentuera la pression sur les CPAS et Actiris.

L’accord fédéral impose aussi l’inscription obligatoire des malades auprès des services régionaux de l’emploi. Ces nouvelles obligations entraînent également une augmentation significative du nombre de bénéficiaires à accompagner, mettant à rude épreuve les capacités actuelles d’Actiris.

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