Elke Van den Brandt
La formatrice bruxelloise néerlandophone Elke Van den Brandt (Groen) a indiqué ne plus souhaiter négocier avec le MR. © NICOLAS MAETERLINCK/BELGA/AFP via Getty Images

La formatrice bruxelloise néerlandophone Elke Van den Brandt (Groen) tourne le dos au MR: « Si nous tendons la main, elle sera mordue »

Suite à un tweet de Georges-Louis Bouchez menaçant de mettre fin à Good Move, Groen annonce qu’il ne souhaite plus négocier avec le MR dans le cadre de la formation du gouvernement bruxellois.

La formatrice bruxelloise néerlandophone Elke Van den Brandt a indiqué vendredi qu’elle n’entendait plus négocier avec le MR sur les bases actuelles, à savoir sans la moindre prise en compte du projet des écologistes pour une ville verte et vivable pour lequel nombre de Bruxellois ont accordé leur suffrage.

Si les autres partis trouvent que les conditions sont réunies pour négocier de cette façon, nous ne l’empêcherons pas, a-t-elle dit aux côtés de la co-présidente de Groen Nadia Naji.  

Groen ne digère pas la « menace » de Georges-Louis Bouchez

Les deux cheffes de file s’en sont prises ouvertement au président du MR qu’elles ont qualifié de « pyromane ». En cause, après l’annonce d’un report de la nouvelle phase de restriction de la zone basse émission, un tweet du président du MR menaçant ouvertement de passer par la voie parlementaire pour une remise à plat du plan de mobilité Good Move, cher aux écologistes. 

« La semaine dernière, après trois mois de discussions difficiles et délicates, le MR, le PS et Les Engagés ont délibérément placé une bombe sous la formation du gouvernement bruxellois. Cette bombe a explosé aujourd’hui, faisant sauter la coopération avec les écologistes. Et cela, via un tweet politique. A Bruxelles, l’air est devenu plus sain et les déplacements plus sûrs ces dernières années. Nous avons introduit une zone 30 généralisée, le nombre d’accidents a été fortement reduit. Nous avons réduit le trafic de transit et amélioré la qualité de l’air. Nous avons aménagé des kilomètres et des kilomètres de pistes cyclables et investi dans les transports publics. Le MR veut maintenant casser cette nouvelle ville, trottoir par trottoir, quartier par quartier… Aujourd’hui ils le disent ouvertement. Ils voudraient que nous les soutenions dans cette démarche… C’est impensable », a commenté plus en détail, Elke Van den Brandt.

Celle-ci a dit avoir pris ses responsabilités au cours des derniers mois en travaillant dur, « de manière constructive, en étant attentifs aux difficultés des autres partis, même sans notre parti frère Ecolo, conscients que la gravité du moment nécessitait de sortir de notre zone de confort. Nous avons contribué à la recherche de solutions, en tenant compte des conditions et des vetos… », a-t-elle ajouté. 

Au passage, la cheffe de file a encore tenu à dire que là où elle espérait trouver en David Leisterh « un interlocuteur correct, ouvert à la concertation », elle « constate qu’il ne s’agit que de jeux électoraux. Toute tentative d’aborder une discussion de fond est refusée. Si nous tendons la main, elle est mordue. Hier, il s’agissait de la zone de basses émissions. Aujourd’hui, il s’agit de Good Move et de l’habitabilité de notre Bruxelles. Demain, il sera question de la zone 30 ou de la politique climatique… Nous ne laisserons pas faire », a-t-elle conclu.  

L’affichage de ce contenu a été bloqué pour respecter vos choix en matière de cookies. Cliquez ici pour régler vos préférences en matière de cookies et afficher le contenu.
Vous pouvez modifier vos choix à tout moment en cliquant sur « Paramètres des cookies » en bas du site.

Vendredi matin, le président du MR, Georges Louis Bouchez avait affirmé sur « X » qu’Elke Van den Brandt « ne peut tenir Bruxelles en otage ». « Les Bruxelloises et Bruxellois ont largement voté pour le report de la LEZ et le retour d’une véritable mobilité dans la région capitale. Si ce blocage perdure, le MR prendra d’autres initiatives parlementaires afin de mettre en œuvre les réformes choisies par les citoyens. En premier lieu, nous mettrons fin à Good Move au Parlement dans les prochaines semaines. L’immobilisme ne pourra jamais être notre choix », avait-il ajouté. 

Un retrait de la formatrice néerlandophone impliquerait un retour à la case départ des discussions dans le groupe linguistique néerlandophone. Dans pareil cas, la deuxième formation en nombre de sièges est la Team Fouad Ahidar qui devrait dans un premier temps prendre le lead de contacts éventuels. Les libéraux et la N-VA ont déjà fait savoir dès le lendemain des élections qu’ils n’en voulaient pas.

La répartition des forces politiques de l’échiquier néerlandophone ne permet pas de se passer à la fois de Groen (4 sièges) et de la Team Fouad Ahidar (3 sièges), sauf à impliquer le Vlaams Belang (2 sièges). En effet, Vooruit, l’Open VLD, la N-VA (chacun 2 sièges) et le CD&V ne comptent ensemble que 7 sièges. Il en faut 9 pour avoir une majorité dans le groupe néerlandophone (17 sièges).

Fouad Ahidar veut constituer une « bloc majoritaire fort côté néerlandophone » avec Groen et Vooruit

Fouad Ahidar a indiqué avoir pris contact avec différents partis néerlandophones vendredi afin de leur proposer de jouer un rôle de médiateur dans la formation d’un gouvernement bruxellois. Son souhait est de former un bloc fort avec les écologistes de Groen et les socialistes de Vooruit, a-t-il indiqué en début de soirée. En ajoutant les quatre sièges de Groen et les deux sièges de Vooruit, les trois partis disposeraient d’une majorité de neuf sièges sur 17 côté néerlandophone.

M. Ahidar dit soutenir zone à basse émission (Low Emission Zone-LEZ), mais pense qu’il faut trouver une solution pour les Bruxellois qui devront acheter une nouvelle voiture à partir de 2025 en raison de la phase de restriction programmée actuellement. « Peut-être pourrions-nous faire une exception pour les Bruxellois et maintenir le renforcement pour ceux qui n’habitent pas dans la Région bruxelloise », a-t-il dit.

Pour Fouad Ahidar, Il faut un bloc majoritaire fort du côté néerlandophone de l’échiquier politique bruxellois contre ce qu’il qualifie d' »arrogance du MR et de son président Georges-Louis Bouchez ».  

Au Fédéral, le président du MR a également mené une opposition constante avec le gouvernement dont il faisait partie, a relevé M. Ahidar. « Nous devons faire comprendre clairement qu’il faut tenir compte des néerlandophones »,  a-t-il encore dit. 

Depuis les élections de juin dernier, les libéraux et la N-VA ont clairement fait savoir qu’ils ne voulaient pas négocier avec la Team Ahidar à Bruxelles. 

« La lutte pour une ville vivable ne se fait pas depuis le banc de touche », réagit Vooruit

La secrétaire d’Etat bruxelloise sortante Ans Persoons (Vooruit) a appelé à poursuivre les négociations bruxelloises dans la discrétion. A ses yeux, quitter les discussions et donc la table du futur gouvernement ne permet pas de lutter pour une « ville vivable ».

« Chacun doit prendre ses responsabilités en toute discrétion et former un gouvernement qui s’attaque aux problèmes des Bruxellois », a réagi Ans Persoons. « La lutte pour une ville vivable se fait à la table du gouvernement, pas depuis le banc de touche. »

Celle-ci reconnaît que les cartes ont été distribuées d’une manière compliquée le 9 juin, et que des « jeux politiques » sont pratiqués avec des « provocations inutiles » et une politique de l' »ego ». « Mais il faut aller de l’avant », a-t-elle dit

La N-VA appelle à « cesser l’escalade »

La cheffe de file de la N-VA à Bruxelles, Cieltje Van Achter, a quant à elle appelé à cesser l’escalade et à chercher des solutions.

« La formation bruxelloise était déjà préoccupante, mais aujourd’hui nous sommes dans une crise majeure » a réagi la N-VA Cieltje Van Achter. « L’escalade nous empêche de relever les énormes défis de Bruxelles et menace la position des néerlandophones » à Bruxelles, a-t-elle déploré. « La seule façon d’avancer est de former une majorité flamande. Ensemble, nous sommes de toute façon plus forts. J’appelle à arrêter l’escalade et, même si c’est difficile, à chercher des solutions. »

On relèvera par ailleurs que le Vlaams Belang (extrême droite) a dit voir dans la situation politique apparue vendredi à Bruxelles, l’opportunité d’y rompre le cordon sanitaire soit avec la Team Ahidar (ndlr: dont une partie de l’échiquier ne veut pas), soit à son égard en associant l’un ou l’autre aux discussions.

Contenu partenaire