Nicolas De Decker

La certaine idée de Nicolas De Decker | L’Arizona, ou le bon sens pour les nuls

Nicolas De Decker Journaliste au Vif

Retour sur les contradictions de chaque parti dans les négociations fédérales, ainsi que sur celles des médias.

L’Arizona, c’était la consécration du bon sens, ça serait la suprématie du pragmatisme, ça allait être la victoire des ingénieurs contre les poètes, ça sera la fin des folies de la gauche, het einde van de Vivaldi waanzin, tout ça, tout ça, enzovoort.

Le cadre de l’Arizona, qui serait un décor de théâtre si l’heure n’était pas à la froide rationalité, c’est qu’il faut faire des économies en Belgique, et donc qu’il s’agit d’être sérieux dans les réformes de bon sens qu’il faut mettre en œuvre.

C’est pour ça que les cinq présidents de parti s’étaient mis d’accord pour promettre des effets retour trois fois plus importants que ceux du tax shift de 2016, 19 milliards promis en 2024 contre six milliards annoncés en 2016 et jamais arrivés, et nous sommes priés de les croire, parce que faire trois fois plus de prévisions fausses que les fausses prévisions précédentes, ce n’est sûrement pas de la fantaisie. C’est juste du bon sens.

Et c’est la preuve que ce cadre, les acteurs de l’Arizona, on dirait les comédiens, ou même plutôt les amuseurs, les cabotins, les tartuffes, si la situation n’était pas si grave, le prennent très au sérieux. Ce gouvernement sera celui du bon sens sérieux, et ce n’est plus le moment de rigoler.

D’ailleurs, la NVA, qui a perdu des voix en Région flamande mais a décidé qu’elle avait gagné les élections en Belgique, c’est l’excellence du constat clinique, contre la médiocrité du bluff permanent, des coups politiques et des slogans vides de sens de ses adversaires.

Et le MR qui propose dix hausses d’impôts pour ne pas bloquer les négociations sur la taxe des plus-values, mais qui bloque les négociations parce qu’il est hors de question qu’il hausse les impôts, c’est du bon sens, contre les fantaisies des gauchistes, et quand il dit que la Belgique est le pays le plus taxé au monde alors que ce n’est pas vrai, c’est la politique des faits contre les fake news des jaloux.

Et Vooruit qui prétend que la taxe sur les plus-values permettra d’aider ses électeurs fonctionnaires, allocataires, petits salaires, enseignants, syndicalistes, infirmières, c’est du pragmatisme, contre l’aveuglement idéologique des beaux esprits.

Et le CD&V qui n’a jamais obtenu aussi peu de voix de toute son histoire, mais qui se vend en axe indispensable d’un gouvernement des vainqueurs, c’est un regard objectif et chiffré, contre les vendeurs de rêve qu’on appelle populistes.

Et Les Engagés, qui se réjouissent que la norme de croissance du budget des soins de santé sera de 3% en 2029, dans cinq ans, alors qu’ils en réclamaient 3,5% dès 2024, et qu’elle sera à beaucoup moins les quatre années précédentes, donc dès l’année à venir, c’est du concret, contre l’attachement absurde à des symboles de gauche ou de droite.

Et tous les médias, qui trouvent que ces réformes nécessaires marquent la fin de la folie et le retour de la rationalité, qui tous disent qu’ils ne sont pas de droite, ah non surtout pas!, comme si c’était honteux, qui acclament, comme leurs lecteurs le réclament, ces mesures, tout en affirmant qu’elles sont impopulaires, donc qu’elles seraient courageuses juste parce qu’elles plaisent à tous ceux qui les demandent, oui, c’est juste, vraiment, du bon sens.

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