Belgique extrême droite
L’extrême droite allemande, soutenue par Elon Musk, a nettement progressé dans les urnes. © Hendrik Schmidt/dpa

La Belgique francophone, plus que jamais «cernée» par l’extrême droite (infographie)

Benjamin Hermann
Benjamin Hermann Journaliste au Vif

L’extrême droite progresse un peu partout en Europe, comme en attestent les résultats des élections en Allemagne. Bruxelles et la Wallonie apparaissent de plus en plus comme un «îlot». La carte des résultats électoraux est éloquente.

L’extrême droite ne parvient pratiquement pas, dans la moitié sud de la Belgique, à convaincre dans les urnes. Cela ne signifie pas que ses idées et ses discours ne percolent pas dans l’opinion publique. Mais tant en Wallonie qu’en Région Bruxelles-Capitale, pas un seul candidat issu d’une formation d’extrême droite n’est parvenu à se faire élire à la Chambre des représentants, lors des élections fédérales de juin 2024. La qualificatif «d’îlot» relativement préservé semble donc justifié.

C’est d’autant plus le cas depuis la percée du parti d’extrême droite allemand, l’AfD, qui a dépassé les 20% de suffrages à l’occasion des élections fédérales du 23 février. Voilà que les Bruxellois et les Wallons sont entourés d’une Flandre où le Vlaams Belang est le deuxième parti, de Pays-Bas où le PVV de Geert Wilders fait partie du gouvernement, d’une France où le Rassemblement national et ses alliés sont arrivés en tête du scrutin de 2024 et d’une Allemagne, donc, où l’extrême droite restera écartée du pouvoir, mais pèsera au Bundestag. Parmi les pays et régions limitrophes, seul le Luxembourg fait exception, en définitive.

Les raisons qui expliquent cette inexistence parlementaire de l’extrême droite chez nous sont diverses. Parmi celles qui sont le plus souvent invoquées figurent naturellement les cordons sanitaires politique et médiatique formés autour de ces partis. L’incapacité de l’extrême droite à se structurer, se maintenir et se ranger derrière un leader charismatique peut constituer une autre explication. Les milieux associatifs (et syndicaux) luttant contre cette mouvance politique sont très actifs, sans oublier que d’autres partis parviennent sans doute à capter une part de l’électorat «antisystème» (le PTB par exemple) ou à la droite de la droite (le MR, dans une certaine mesure). Dernier point, mais non le moindre: il demeure bien compliqué pour une formation politique de capitaliser sur un récit identitaire, de se fonder sur un nationalisme wallon, francophone ou belge, selon les cas de figure.

Extreme droite europe – Infogram

Observer la situation dans les différents pays européens renforce cette impression d’exceptions wallonne et bruxelloise. Le Vif a en effet compilé les résultats des partis d’extrême droite ou de droite radicale issus des dernières élections législatives, dans l’ensemble des pays de l’Union européenne et de l’espace Schengen, en y ajoutant le Royaume-Uni. Ces pourcentages correspondent parfois à l’addition des résultats de plusieurs partis ayant décroché des élus.

Remarque importante: cette carte reprend les résultats de ces partis à l’échelle nationale, ce qui ne signifie pas que chaque sous-région du pays a voté de manière comparable. Les récentes élections en Allemagne, par exemple, ont débouché sur des résultats sensiblement différents selon les Länder (la partie orientale du pays ayant davantage voté pour l’AfD). Seule la Belgique a été subdivisée en régions, pour mettre visuellement en évidence la différence de résultats électoraux entre la Flandre d’un côté, Bruxelles et la Wallonie de l’autre.

Alice Weidel (AfD) et Viktor Orbán (Fidesz). © AFP

Ranger un parti dans la catégorie de l’extrême droite ou de la droite radicale revêt parfois une petite part d’arbitraire. Des aspirations nationalistes aux discours anti-immigration en passant par des postures populistes ou farouchement eurosceptiques, les partis ont leur sensibilités propres. Certains font partie des groupes parlementaires européens «Patriotes pour l’Europe» ou «L’Europe des nations souveraines» et peuvent sans difficulté être classés à l’extrême droite. D’autres font partie des Conservateurs et réformistes européens (ECR) et sont généralement classés à l’extrême droite (PiS en Pologne, Fratelli d’Italia), mais y côtoient des formations qui n’en font pas partie (typiquement la N-VA).

Enfin, les situations varient d’un pays à l’autre, selon que l’extrême droite y participe au pouvoir ou non. Le PVV est le premier parti de la coalition aux affaires au Pays-Bas, Georgia Meloni gouverne en Italie, comme Viktor Orbán en Hongrie. En Slovaquie, le chef populiste du gouvernement Robert Fico s’est associé au Parti national slovaque (SNS), tandis que le Parti des Finlandais (PS) est associé au pouvoir dans le pays nordique, à l’instar de l’Alliance nationale en Lettonie.

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