Le Vif

«Je n’aurais jamais imaginé devoir écrire ces lignes en 2025: je ne suis pas “la députée d’origine marocaine”»

Loubna Azghoud, députée MR au parlement bruxellois, dit recevoir des insultes et des menaces depuis la déclaration de Georges-Louis Bouchez sur «les gens qui ont des propriétés au Maroc et touchent des allocations.» Elle s’en explique.

Depuis plusieurs jours, je fais l’objet d’insultes, de menaces et de tentatives d’intimidation. Pourquoi? Parce que j’ai fait un choix politique libre, en décalage avec les étiquettes qu’on voudrait m’imposer. A l’heure où l’on prône l’ouverture et la diversité, il est frappant de constater à quel point certains souhaitent encore enfermer les individus dans des cases prédéfinies. Tout est parti d’une phrase formulée lors d’une interview: «Des gens ont des propriétés au Maroc et touchent des allocations.» Je comprends que ces mots aient pu heurter. Je le regrette. Mais il est essentiel de rappeler qu’il s’agissait de dénoncer des faits de fraude, et non de pointer une communauté

En Flandre, une enquête a révélé que certains allocataires sociaux possédaient effectivement des biens à l’étranger, que ce soit au Maroc, en Turquie, en Espagne ou ailleurs. Faut-il pour autant stigmatiser des diasporas entières Non. Mais devons-nous fermer les yeux sur des abus qui fragilisent notre sécurité sociale? Certainement pas. Le respect mutuel commence par le courage de nommer les problèmes, sans caricature ni tabou. 

Je refuse que le débat soit détourné par ceux qui instrumentalisent l’identité à des fins idéologiques. La richesse de l’immigration en Belgique ne peut être réduite à ces polémiques. Depuis plus de 60 ans, des milliers de familles issues de l’immigration contribuent à notre pays. Aujourd’hui, leurs enfants sont médecins, enseignants, entrepreneurs, députés. Ils sont Belges, pleinement. C’est cette réalité que certains refusent de voir, préférant entretenir des divisions artificielles.

«Je ne suis pas “la députée d’origine marocaine”. Je suis une citoyenne belge, féministe, avec des convictions libérales et universalistes.»

Lorsque des partis ouvrent leurs portes à toutes les sensibilités, lorsque des listes électorales reflètent enfin la diversité de la société, cela dérange. Mais c’est une avancée, un progrès. Je n’aurais jamais imaginé devoir écrire ces lignes en 2025. Pour moi, l’origine ne devrait jamais définir l’opinion. Pourtant, il semble que certains veulent encore assigner des parcours, des pensées, des votes à des prénoms ou des racines. Je ne suis pas «la députée d’origine marocaine». Je suis une citoyenne belge, féministe, avec des convictions libérales et universalistes.

Mon histoire personnelle, marquée par le travail et la dignité de mes parents immigrés dans les années 60, nourrit mon attachement aux valeurs de mérite, de solidarité et de responsabilité. Je suis fière de cet héritage. Mais je refuse qu’il soit utilisé pour m’enfermer et m’imposer ce que je devrais penser ou où je devrais m’engager. Mon combat est celui de tous ceux qui croient en une Belgique où les individus sont égaux en droits et en devoirs, libres de leurs actions et considérés en dehors de leurs origines. Je continuerai à défendre cette vision d’une société ouverte, juste et respectueuse de ses valeurs et de ses institutions. Libre.

Députée MR au parlement bruxellois

Le titre est de la rédaction.

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