Immigration: « Nous devons moins accueillir, mais mieux accueillir », plaident en choeur Depraetere et Bouchez
La politique migratoire belge est aujourd’hui inefficace, estiment conjointement la présidente de Vooruit et son homologue du MR. Si le constat d’échec est partagé, leurs pistes d’amélioration divergent.
Au fil des scrutins, l’immigration apparaît toujours comme l’une des préoccupations majeures des électeurs, surtout au nord du pays. Cette thématique cruciale, grand enjeu de la campagne de 2024, était au cœur du débat organisé par Le Vif et Knack jeudi soir, qui opposait le président du MR, Georges Louis-Bouchez, à la présidente de Vooruit, Melissa Depraetere.
Pour la socialiste flamande, la Belgique doit améliorer sa politique d’asile et de migration, en trois axes. La priorité est d’abord de réduire le nombre de personnes à accueillir. Cela passe par une meilleure coopération au développement dans les pays en guerre ou en difficulté. L’Union européenne doit également assurer une meilleure répartition entre les Etats membres, car la Belgique assume aujourd’hui plus que sa part, estime Melissa Depraetere. Enfin, il est capital de raccourcir les procédures d’asile. « Aujourd’hui, certains demandeurs d’asile attendent parfois sept ans avant de recevoir une réponse. C’est beaucoup trop long ! »
Une limitation de la coopération internationale?
Le président du MR, Georges-Louis Bouchez, estime lui aussi que la Belgique doit « moins accueillir, mais mieux accueillir ». Et de pointer les inefficiences du système, notamment en termes de retour : « Environ 120.000 personnes en Belgique ont reçu un ordre de quitter le territoire (OQT), qui n’est malheureusement pas respecté ». Pour le libéral, les pays qui refusent de « réadmettre » leurs ressortissants visés par un OQT devraient être sanctionnés. D’une part, les dignitaires de ces Etats ne devraient plus se voir délivrer de visas belges. Un point que le président du MR veut mettre à l’agenda de la présidence belge du Conseil européen. D’autre part, ces Etats en question ne devraient plus bénéficier de la coopération internationale. « Cette aide est censée leur permettre de mieux s’occuper de leurs citoyens, estime Georges-Louis Bouchez. Si, au final, ils viennent chez nous, la Belgique paie deux fois. »
Une proposition qui crispe Melissa Depraetere. « Monsieur Bouchez ne se soucie pas des populations des pays en développement, s’indigne-t-elle. En bloquant ces aides, nous frappons de plein fouet des personnes qui vivent déjà dans des conditions très difficiles. » La présidente de Vooruit se déclare plutôt en faveur de sanctions économiques, voire d’une limitation des visas envers les pays qui refusent de coopérer en matière de retours. « Mais la ministre des Affaires étrangères, Hadja Lahbib (MR), n’en fait malheureusement pas assez à ce sujet. »
Pour revoir le débat entre Georges-Louis Bouchez et Melissa Depraetere, cliquez ici
Un système à « deux vitesses »?
Une attaque à laquelle s’empresse de répondre le président du MR, qui défend le bilan de sa ministre. « Davantage de conventions de réadmissions ont été signées depuis la prise de fonction de Madame Lahbib que par le passé. » Et de rappeler que ces visas sont avant tout octroyés par les Affaires intérieures.
Enfin, Melissa Depraetere a rappelé la volonté de Vooruit de ne plus octroyer le revenu d’intégration aux primo-arrivants, mais de le remplacer par un « soutien à l’intégration » conditionné à leur participation effective à cette intégration (cours de néerlandais, recherche d’emploi…). Une proposition recalée par le président du MR, qui ne veut pas d’un système « à deux vitesses ». « Toute personne qui remplit les conditions pour être en Belgique doit pouvoir bénéficier des mêmes droits qu’un Belge ». Et de rappeler que qu’aucun demandeur d’asile ne peut être contraint de dormir à la rue. « Un système de pré-accueil, tel que mis en place sous la Suédoise, devrait à nouveau être implanté », a-t-il plaidé.
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