Au 1er Mai à Liège, en 1998, Laurette Onkelinx était ex-ministre fédérale de la Santé tandis que Michel Daerden était ministre fédéral des Transports.
Au 1er Mai à Liège, en 1998, Laurette Onkelinx était ex-ministre fédérale de la Santé tandis que Michel Daerden était ministre fédéral des Transports.

Il n’y a plus de Liégeois au gouvernement: c’est (presque) une première depuis l’après-guerre

Benjamin Hermann
Benjamin Hermann Journaliste au Vif

Avec le départ de Sarah Schlitz, le gouvernement fédéral ne comporte plus aucun membre de la province de Liège. C’est quasiment une première depuis l’après-guerre. Malheureux Liégeois…

En marge de la formation des gouvernements et des déclarations de politique générale qui en découlent, c’est un petit calcul auquel s’adonnent les observateurs de la vie politique : qui est bien représenté et qui ne l’est pas, sur le plan des circonscriptions électorales ?

Au 1er octobre 2020, alors que le gouvernement De Croo prêtait serment, le constater ne se résumait pas qu’à un trivial réflexe principautaire ou sous-localiste: les Liégeois, au sens de la circonscription provinciale, y étaient peu nombreux. Ils n’étaient représentés que par une secrétaire d’Etat, Sarah Schlitz, donc.

Côté francophone, les Namurois ne pouvaient pas en dire autant, eux qui comptaient trois ministres : Pierre-Yves Dermagne (PS), Georges Gilkinet (Ecolo) et David Clarinval (MR). Le gouvernement comptait également trois ministres de Bruxelles ou de la périphérie, à savoir Karine Lalieux (PS), Zakia Khattabi (Ecolo) et Sophie Wilmès (MR), entretemps remplacée par Hadja Lahbib. Alexia Bertrand (Open VLD) y a aussi fait son entrée. Ludivine Dedonder (PS) et Thomas Dermine (PS) proviennent du Hainaut, de même que Marie-Colline Leroy (Ecolo) désormais. Mathieu Michel (MR), lui, est brabançon. La province de Luxembourg ne compte pas de ministre ou secrétaire d’Etat.

Si on s’en tient à l’échelon fédéral ou national, l’absence de toute personnalité liégeoise – au sens provincial toujours – constitue une rareté pour ce territoire de plus d’un million d’habitants.

En remontant jusqu’à l’après-guerre, après avoir épluché la composition des gouvernements belges, il apparaît qu’un seul d’entre eux ne comportait aucun Liégeois. Il s’agit de l’éphémère exécutif Tindemans III, qui a gouverné de plein exercice du 6 mars au 18 avril 1977, moyennant une coalition entre sociaux-chrétiens (PSC et CVP) et libéraux (PVV et PRLW).

A vrai dire, il n’avait pas été formé en bonne et due forme, comme le rappelle le Crisp dans son historique des gouvernements nationaux et fédéraux depuis 1944. En 1974, le Rassemblement wallon était entré dans le gouvernement, avant que deux de ses ministres ne soient démis de leurs fonctions par le roi, sur demande de Leo Tindemans. Cette coalition Tindemans II comptait initialement des Liégeois dans sa composition: Jean-Pierre Grafé (PSC), Jean Defraigne (PLP), François Perin (Rassemblement wallon) et Jean Gol (Rassemblement wallon).

Un remaniement ministériel survint, sans Liégeois à l’atterrissage, mais sans nouvelle déclaration gouvernementale ni vote de confiance. Une dissolution des chambres fut autorisée par le roi, sans démission du nouveau gouvernement, ce qui fut dénoncé par l’opposition comme « un agissement anticonstitutionnel », retrace le Crisp.

Un Liégeois à la Libération

Trois décennies plus tôt, le gouvernement de la Libération, conduit par Hubert Pierlot, comptait un membre extra-parlementaire de la région liégeoise dans ses rangs, à savoir Jules Delruelle, une figure de la Société métallurgique de Prayon. Hormis la courte interruption de 1977, chaque gouvernement a depuis lors intégré au moins un membre liégeois, parmi lesquels on retrouve quelques personnalités telles qu’Auguste Buisseret, Léon-Eli Troclet, Edmond Leburton, André Cools, Jean-Pierre Grafé, Jean Gol, Jean-Maurice Dehousse, Guy Mathot, Yvan Ylieff, Melchior Wathelet (père et fils), Laurette Onkelinx ou encore Didier Reynders, pour n’en citer que quelques-uns.

Les ministres de la circonscription liégeoise, à l’inverse de la situation actuelle, étaient particulièrement nombreux sous le gouvernement Martens VIII, de 1988 à 1991: Melchior Wathelet (PSC) à la Justice, Michel Hansenne (PSC) à la Fonction publique, Guy Coëme (PS) à la Défense nationale, Yvan Ylieff (PS) à l’Education nationale, Alain Van der Biest (PS) aux Pensions et Anne-Marie Lizin (PS), secrétaire d’Etat aux Affaires européennes.

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